17.09 - Les dirigeants musulmans s'expriment
Nombreux sont les responsables religieux des
communautés musulmans qui ont condamné la violence des
attentats et qui insistent sur le fait que de tels actes ne peuvent
se justifier en s'appuyant sur le Coran.
Ces divergences apparaissent lorsqu'il s'agit de qualifier les actes
des kamikazes plus particulièrement en Palestine. De même
que l'on souligne qu'il s'agit d'attentats contre des innocents. Mais
aucune condamnation ne vient stigmatiser les procès contre les
membres ds organisations humanitaires en Afghanistan. Ce ne sont pas
des innocents qui passent en jugement mais des blasphémateurs
qui violent la loi islamique.
Il en est de même pour le silence vis-à-vis des attaques
contre les chrétiens du Soudan, des Moluques ou du Nord-Nigéria.
Les responsables religieux ne font aucune déclaration, car elle
irait, dans ce cas, contre les dispositions mêmes du Coran.
Mohammed Sayyed Tantawi, le grand Imam de l'Université al-Alzhar
du Caire, la plus prestigieuse instance religieuse du monde islamique
a commenté ainsi les attentats devant le journal italien "Avvenire"
: "L'assassinat d'hommes, de femmes et d'enfants est un acte horrible
et brutal que rien ne peut justifier dans les religions monothéistes
ni dans les mentalités de tout homme."
Abdul-Moti Bayoumi, du centre de recherches islamique d'al Azhar, estime
que le djihad ne peut être légal que s'il remplit certaines conditions.
Ainsi, un musulman ne doit pas provoquer l'agression; il ne doit combattre
que celui qui l'attaque; et les enfants, les femmes et les vieillards
doivent être épargnés. "
"Il n'y a pas de terrorisme dans le djihad ni de menace contre
les civils", souligne Abdul-Moti Bayoumi. Les attentats contre les Etats-Unis
sont dès lors injustifiés et sont considérés par l'islam comme "des
actes de terreur". Par contre, les attaques contre Israël sont jugées
acceptables parce que les Palestiniens ne possèdent pas d'armes de haute
technologie comme celles dont dispose l'Etat hébreu.
Il ajoute en effet, "s'il s'agissait d'une guerre "égale", il n'y
aurait personne pour mener des missions-suicide."
Le religieux égyptien Cheik Youssef al Qaradawi défend un point de vue
très similaire. S'il condamne les attentats contre les Etats-Unis, il
estime par contre que les décrets contre les attentats-suicide ont été
édictés par "des gens étrangers à la Charia (les lois islamiques) et
à la religion".
Cheik Ikrema Sabri, un haut responsable musulman de Jérusalem et proche
de Yasser Arafat, adopte une position similaire: oui aux attentats contre
Israël mais ailleurs non. "La question est réglée", déclare-t-il lors
d'un entretien. "Les musulmans croient au jour du Jugement dernier et
que mourir en martyr représente une récompense -aller au ciel. Un martyr
est vivant aux yeux de Dieu",
Le mufti d'Egypte, le cheick Nasr Farid Wassel, est aussi incisif, oui
contre des combattants, non contre des civils :" Nous condamnons
et déplorons ce qui s'est passé aux Etats-Unis contre
des civils et des innocents. L'Islam condamne tout type de terrorisme,
indépendamment des lieux où il s'exerce, il interdit tout
agression contre des civils non combattants parce que l'Islam est une
religion de paix et de sécurité pour tout être humain,
indépendamment de sa société, de sa race, de sa
religion, de sa langue et de sa couleur."
Le grand mufti d'Arabie saoudite, Cheik Abdulaziz al Cheik, s'oppose
fermement à cette interprétation. En avril, ce dernier avait déclaré
que les attentats "étaient strictement interdits par l'islam" et que
"celui qui se fait exploser au milieu de ses ennemis accomplit un acte
contraire aux enseignements islamiques".
D'Europe, le recteur de la Mosquée de Paris, le Dr Dalil Boubakeur,
que certains considèrent comme l'un des chefs spirituels des
musulmans en France, a affirmé que les actes trerroristes perpétrés
aux Etats-Unis "ne reflètent en rien la religion islamique.
Le terrorisme n'est pas un enseignement de l'Islam et les actions des
kamikazes ne font pas partie de notre culture."
En fait ces affirmations ne font pas l'unanimité entre les "ulemas"
musulmans. Les docteurs de la loi islamique sont divisés à
propos de la légitimité des actions kamikazes. En Egypte
même, ce sujet a provoque des oppositions marquées entre
le précédent Grand Iman d'Eal Azhar et le Mufti. Ce ne
sont point d'ailleurs les seuls points de divergences qui portent aussi
sur la licéité des intérêts bancaises, sur
l'infibulation, sur l'avortement.
Ces deux personnalités de l'Islam, comme bien d'autres leaders
religieux et politiques en Egypte, se séparent également
sur le fait de considérer comme martyrs les kamikazes palestiniens.
Dans une déclaration récemment transmise par la télévision
égyptienne, un ministre palestinien a déclaré que
"les attaques kamikazes sont un moyen légitime pour combattre
l'ennemi. Leur objectif est de servir Dieu, la foi et la patrie."
Pour plus d'informations : Agence
ACI
Retour
|