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10.11 - Russie : La pénible réunification de l'Eglise.

Séparée du patriarcat orthodoxe de Moscou depuis 1927, l'Eglise russe "hors frontières", ou "Eglise russe synodale", refuse toujours de revenir au sein de l'Eglise-mère, malgré l'appel du patriarche Alexis II.

L'Eglise russe hors-frontières s'est séparée du patriarcat de Moscou à l'époque soviétique parce qu'elle désapprouvait la coopération de l'Eglise de Moscou avec l'Etat soviétique. L'Eglise russe hors-frontières, avec approximativement 300 paroisses dans le monde, est beaucoup plus petite que l'Eglise orthodoxe russe. Elle est surtout présente aux Etats-Unis avec 9 évêques, en Allemagne et en Suisse, avec 4 évêques. Deux évêques résident en Russie et deux en Ukraine.

Chacune des deux Eglises, Moscou et "hors-frontières"se considère comme le successeur de l'Eglise russe d'avant la révolution.

Les deux Eglises ont entamé des contacts non officiels ces dix dernières années. Malgré cela, la division institutionnelle s'est creusée lorsque l'Eglise russe hors-frontières a établi ses propres paroisses en Russie et que le patriarcat de Moscou a fait saisir commes siennes deux propriétés de celle-ci en Terre Sainte dont un monastère. L'Eglise russe hors-frontières compte des supporters russes au sein du patriarcat de Moscou.

Elle n'est en communion avec aucune des autres Eglises orthodoxes, qu'elle accuse "d'hérésie oecuménique", d'autant que les partisans de la ligne dure de cette Eglise estiment que les autres Eglises orthodoxes ont renoncé à leur foi. Ces contacts avec des chrétiens non orthodoxes sont en effet vus comme hérésie par ces orthodoxes ultraconservateurs.

L'an dernier, l'Eglise russe hors-frontières avait mis sur pied une commission chargée d'examiner la question de l'unité avec Moscou et en demandant au patriarche Pavle de Serbie d'être le médiateur. Mais cette décision fut la cause d'un conflit au sein de l'Eglise entre ceux qui s'opposaient à tout contact avec le patriarcat de Moscou et ceux qui étaient disposés à envisager la possibilité d'unité. Certains observateurs ont même prédit une éventuelle division au sein de l'Eglise russe hors- frontières, une partie se rapprochant de Moscou et l'autre devenant une "secte" isolée.

Le Synode des évêques de l'Eglise russe hors-frontières, tenu à New York du 23 au 30 octobre, a remplacé le métropolite Vitaly, âgé de 91 ans, et primat de l"Eglise hors frontière depuis 1986, par l'archevêque Laurus (Skurla), plus jeune, plus modéré et partisan du rapprochement avec le patriarcat de Moscou.

A cette occasion et avant l'élection, le patriarche Alexis avait lancé un appel à l'unité orthodoxe russe, au nom du Saint Synode de l'Eglise orthodoxe russe. Ce "message fraternel" appelait les évêques à mettre de coté les divergences du passé. "Les raisons historiques qui ont provoqué notre division sont supprimées", soulignait le message, qui précisait que l'Eglise en Russie est aujourd'hui "complètement libre de l'ingérence du gouvernement et qu'elle a canonisé des centaines de martyrs de l'ère soviétique, entre autres la famille impériale".

La réponse a été un refus tant que ne seront pas résolues deux questions essentielles aux yeux des évêques "hors-frontières" :

- que le patriarcat de Moscou cesse d'être affilié avec des organisations oecuméniques internationales, entre autres avec le Conseil oecuménique des Eglises de Genève.

- que le patriarcat de Moscou condamne sa coopération passée avec le gouvernement soviétique - y compris avec la police secrète , le KGB, coopération appelée du nom de "sergianisme" d'après le nom du métropolite Sergy Stragorodsky, qui a signé la déclaration d'allégeance de 1927.

Pour plus d'informations : Service orthodoxe de presse

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