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26.11 - Peut-on clôner l'embryon humain ?

Une société américaine a annoncé avoir cloné avec succès un embryon humain. Advanced Cell Technology Inc. précise qu'il ne s'agit pas de créer un être humain mais d'obtenir des cellules souches. Le Vatican a exprimé sa vive préoccupation.

Le Vatican a rappelé sa condamnation de ce type d'expérimentation et de tout clonage humain. Cette première réaction du Vatican a été exprimée par Mgr Tarcisio Bertone, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi : "Nous ne savons pas encore exactement de quel type de processus il s'agit et s'il peut être défini comme un véritable clonage humain", a déclaré Mgr Bertone. "Une série de vérifications scientifiques sont encore nécessaires", a-t-il ajouté.

Advanced Cell Technology Inc., dont le siège se trouve dans le Massachussets, a précisé avoir utilisé pour la première fois les techniques du clonage pour développer un petit nombre de cellules. Celles-ci pourraient ensuite être utilisées comme une source de cellules souches. Les chercheurs s'expliquent dans un article à paraître dans la revue "Scientific American".

Ils rapportent être parvenus à réaliser le transfert du noyau (ou nucléus) d'une cellule dans un ovule (ou ovocyte) préalablement énucléé d'une femme, produisant ensuite des embryons. Parmi ceux-ci, certains ont atteint le stade de six cellules. Advanced Cell a souligné que ses recherches avaient un objectif purement thérapeutique et non reproductif. "Notre intention n'est pas de créer des êtres humains clonés", a souligné un autre responsable de la société, "mais plutôt de mettre au point des thérapies permettant de traiter de nombreuses maladies."

En France, le généticien Axel Kahn a observé que la société américaine Advanced Cell Technology était "coutumière du fait". "Elle avait déjà annoncé il y a environ un an et demi qu'elle avait cloné un hybride, une chimère entre une vache et un embryon humain par un transfert de noyau d'une cellule humaine dans un ovule de vache", a-t-il expliqué sur RTL. "Et puis, il s'était révélé que c'était un amas à peu près indifférencié de cellules, elle n'était pas parvenu à reproduire cela".

Le 25 juin dernier sous le titre: "L´embryon humain n´est pas une chose" le Comité éthique permanent de l'épiscopat français avait publié une note très circonstanciée et scientifique appyée sur des expertises médicales ."Toute science est un fait social et renvoie à une appréciation éthique puisqu´elle concerne l´homme et son action. Cela est spécialement vrai aujourd´hui des recherches sur les embryons humains."

Dans une déclaration en date du 25 août 2000 (PAV, cf. http:www.academiavita.org) sur "la production et l´usage scientifique et thérapeutique des cellules souches embryonnaires humaines", en date du 25 août 2000."l´Académie pontificale pour la vie" analysait les questions scientifiques et éthiques, motivant son refus de tout clonage et encourageait la recherche sur les cellules souches obtenues par d´autres méthodes (adultes, placenta, cordon ombilical, etc).

Plusieurs Etats américains, dont la Californie ont interdit toute expérience en ces domaines. Après la proposition de certains experts américains de faire acepter la pratique du clonage humain sous la notion de procréation assistée, les Nations Unies ont réuni à New York la "Convention internationale contre le clonage des êtres humains" ("International Convention against the reproductive cloning of human beings").

Le lundi 19 novembre, l'observateur permanent du Saint-Siège à l´ONU, Mgr Renato Martino, était intervenu devant la VIe commission de l´ONU. Ce comité a pour objectif, rappelle-t-il , d´atteindre un accord pour la création d´un instrument normatif, "valable dans le monde entier". Il insistait alors sur la paternité et la maternité. "Si l´on ouvre la possibilité d´une génération d´êtres humains avec un héritage génétique appauvri, comparé à ceux qui jouissent d´un héritage génétique paternel et maternel, ceux qui sont nés du résultat du clonage commenceront leur vie comme des "anormaux" en termes de relation à des parents et à une famille à travers un acte de pré-détermination qui est à la fois délibéré et arbitraire par rapport à leur corporéité".

De son côté la commission législative de l´ONU a approuvé le 20 novembre dernier une résolution présentée par la France et l´Allemagne en vue de l´adoption d´un Traité international qui bannisse tout clonage d´êtres humains. Un comité de préparation se réunira dans ce but, et les observateurs internationaux estiment que le Traité remportera sans difficulté l´approbation de la majorité des 189 pays représentés à l´assemblée générale.

Pour plus d'informations et pour les textes originaux :
Conférence des évêques de France et Académie Pontificale pour la Vie.

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