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24.01 - Assise : Des témoignages et des réticences.

Les délégations religieuses, musulmanes, juives, bouddhistes, chrétiennes et autres entendaient, en participant à cette rencontre, rejeter " l'usage du nom de Dieu pour justifier violence et terrorisme". Elles furent toutes sincères, mais parfois avec ambiguïté.

Orès de 3.000 personnes invitées se trouvaient devant la basilique, dont les membres du corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège.

Jean Paul II a tout d'abord prononcé un mot d'accueil d'une voix forte et claire, nommant les uns après les autres les participants ou les religions qu'ils représentent. Les "témoignages" ont ensuite suivi. Un rabbin et un ouléma, l'un après l'autre, se sont exprimés sur leurs conceptions de la paix et condamner la violence au nom des religions.

C'est essentiellement un "état des lieux" des religions dans le monde qu'ont fait une dizaine de leaders religieux, dans la matinée. Ces "témoignages" étaient lus dans différentes langues. Pour le pape, cette rencontre a permis de "dissiper les ombres du soupçon et de l'incompréhension" qui pèsent sur les religions, et aux 250 dignitaires religieux d'analyser avec Jean Paul II leur rôle et leur responsabilité dans le monde actuel.

"Les religions ne prêchent pas l'offense et l'agression", a dit , l'ouléma Ali Elsamman, au nom de cheikh Mohammed Sayyed Tantawi, l'imam d'Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite. Ne parlant pas des événements du 11 septembre, il a cependant affirmé que "Al- Azhar et ses oulémasadhèrent avec conviction à l'appel à la paix avec un lien immédiat et inséparable de la justice".

Le rabbin Israël Singer , président du Congrès mondial juif , a pour sa part préféré improviser plutôt que de lire le discours préparé et publié par le Saint-Siège. La Bible, a-t-il déclaré, "est pleine d'injonctions adressées par Dieu aux juifs de combattre contre les ennemis, quand cela est nécessaire... Nous les juifs, dans notre tradition, le concept de guerre sainte n'a pas un rôle central. Mais nous ne sommes pas dupes, car trop souvent dans notre passé tragique et sanglant, nous avons dû nous défendre et combattre nos ennemis quand il le fallait", faisant un véritable cours sur la théologie de la guerre contre "le mal ultime".

... "Dans notre tradition, il y a un concept de guerre contre des groupes spécifiques. Ces batailles doivent se faire sans pitié et sans miséricorde". Mais, a-t-il ajouté, la guerre n'est pas notre culture, ni notre mission, ni notre objectif de juifs".

L'accolade entre le chef de l'Eglise orthodoxe, le patriarche Bartholomée Ier, et le pape, a été remarquée : "Les mauvaises passions créent la perturbation interne, et quand elles incitent la volonté à opérer pour être traduites en acte, elles provoquent la guerre externe", a-t-il relevé.

D'autres discours ont ensuite suivi, avec des représentants du bouddhisme, du protestantisme, de l'hindouisme et des religions africaines. Jean Paul II a conclu cette première cérémonie de la journée avec une heure et demie de retard sur le programme. Jean Paul II a conclu en rappelant que "prier ne signifie pas s'évader de l'histoire ni des problèmes qui s'y présentent".

Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, a rappelé récemment qu'il considére la journée de prière des religions à Assise comme un nouvel obstacle majeur à un rapprochement avec le Vatican. "Prier avec des hérétiques, des schismatiques, des rabbins, des mollahs, des sorciers et autres idolâtres est générateur de confusion parmi les catholiques", ont estimé des hommes politique italiens appartenant à la coalition de centre-droit, au pouvoir en Italie.

Plus que ces critiques, ce sont certaines absences qui ont été remarquées. L'archevêque de Cantorbéry, chef spirituel de l'Eglise anglicane, et le Dalaï Lama bouddhiste ont fait savoir qu'ils ne pouvaient se libérer pour l'occasion. Le patriarche orthodoxe russe de Moscou, Alexis II, n'est pas venu, il fallait s'y attendre, mais il n'a envoyé qu'un métropolite à la retraite, l'achevêque Pitirim, proche des milieux catholiques, mais conservateurs d'une orthodoxe stricte.

Absence compréhensive de la délégation de l'Eglise grecque, expliquée par le représentant de l'Eglise orthodoxe grecque auprès de l'Union Européenne, Mgr Athanasios, qui a affirmé à ce propos qu'elle n'était pas liée à une opposition de la hiérarchie grecque orthodoxe au Saint-Siège, mais plutôt "à la résistance des fidèles".

Absence "étonnante", celle du rabbin émérite de Rome, Elio Toaff, qui avait pourtant annoncé sa présence, et qui s'était jadis réjoui de la venue de Jean Paul II à la synagogue de Rome.

Par contre, du côté catholique les cardinaux présents et les représentants des conférences épiscopales, étaient significatives. 33 cardinaux dont le président émérite du Conseil pontifical Justice et Paix, le cardinal Roger Etchegaray, connu pour son attachement au dialogue interreligieux, les cardinaux Francis Arinze, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, et Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens.

Les représentants de quelques épiscopats jouant un rôle important dans le dialogue interreligieux - comme l'Algérie, l'Angola, les Philippines, l'Indonésie, le Pakistan, le Nigeria, le Rwanda et le Soudan - étaient là à Assise, pour témoigner de ce qui se réalise dans leurs régions.

Pour plus d'informations : Service de presse du Vatican

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