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du 1 au 3 janvier 2010 (semaine 53)
 

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2010-01-03 - Algérie

LES PENTECÔTISTES, VICTIMES DE NOUVEAUX INCIDENTS

Comme pour les années précédentes, tout s’était pourtant très bien passé la veille pour la fête. Mais au lendemain de Noël, d
es incidents ont opposé les habitants de la cité Bekkar à la communauté pentecôtiste de Tizi Ouzou.

Les locaux de l’église de Tafat sont limitrophes du quartier Bekkar dans l’ancienne ville de Tizi Ouzou. Mais à l’écart de la cité.

" Ils étaient une trentaine au début, puis une vingtaine d’autres les ont rejoints. Des jeunes et des moins jeunes aussi. Ils étaient menaçants. Ils ont barré l’accès à notre église. La police s’est interposée. Mais les policiers étaient complaisants avec eux alors que certains parlaient de nous égorger si nous restions ici. Leur invitation à se disperser était une supplication."

Le récit de Mustapha Krirèche est paisible. Il est le pasteur de la communauté pentecôtiste Tafat (« lumière », en kabyle) créée en 2003, une des trente Églises affiliées à l’Église protestante d’Algérie. Pour lui, le mythe d’une Kabylie « plus tolérante que le reste du pays » est tombé.

« C’est arrivé le 26 décembre. Tout s’était pourtant très bien passé la veille pour la fête de Noël. Comme les années passées. » Les locaux de l’église de Tafat sont limitrophes du quartier Bekkar dans l’ancienne ville de Tizi Ouzou. Mais à l’écart de la cité.

Les habitants de la cité Bekkar, qui ont décidé de faire obstacle à la pratique du culte, ont cherché à se justifier dans la presse algérienne : "Ce qui se passe là-bas est une honte et une offense pour les musulmans. Cette église est mitoyenne d’un collège. Ils peuvent proposer de l’argent ou des téléphones portables aux élèves pour gagner leur sympathie et les enrôler. On ne les laissera pas exercer leur culte, même avec une autorisation », affirmait à El Watan un des jeunes riverains. Un autre plus âgé réclame « qu’ils partent ailleurs. Ils causent des préjudices aux habitants avec leurs pratiques et leur mixité."

" Nous avons été cambriolés dans la nuit du lundi 28 décembre. Désormais, nous assurons la garde sur place. Nous voulons préserver notre lieu de culte. S’il devait être interdit, ce ne serait de toute façon pas à des citoyens de le faire, mais aux autorités", explique le pasteur Krirèche, qui ne se sent pas protégé par les autorités.

L’affaire de Tizi Ouzou porte à nouveau au-devant de la scène la question de la pratique des cultes non musulmans en Algérie. En 2007-2008, une campagne de presse soutenue – notamment dans la presse arabophone – avait fait de l’avancée du prosélytisme évangélique en Algérie un sujet très vendeur. L’incident de Tizi Ouzou a été traité globalement comme un fait divers, à l’exception de deux ou trois journaux outrés par « l’acte d’intolérance ». « Nous ne sommes pas contre la construction des églises », a affirmé de son côté le porte-parole du ministère des affaires religieuses, interpellé au sujet de la précarité des lieux de culte des nouvelles communautés pentecôtistes chrétiennes.

Le mythe d’une Kabylie « plus tolérante et plus démocratique que le reste du pays » est tombé. (source : FEP)

noel
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