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du 4 au 7 janvier 2010 (semaine 01)
 

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2010-01-07 - Chine
MALGRÉ LE REFUS DE PUBLIER UN AVIS MORTUAIRE

Les autorités avaient interdit de publier un avis annonçant la mort de Mgr Leo Yao Liang, évêque coadjuteur "clandestin". Sous les bourrasques de neige, plusieurs milliers de catholiques ont assisté à ses funérailles.

Le
mercredi 6 janvier, en dépit des restrictions mises en place par la police, les catholiques se sont déplacés en nombre pour offrir un dernier hommage à Mgr Leo Yao Liang, évêque coadjuteur « clandestin » de Xiwanzi, diocèse situé dans le nord-ouest de la province du Hebei. A l’âge de 86 ans, tombé gravement malade à la mi-décembre 2009, Mgr Leo Yao est mort quinze jours plus tard, le 30 décembre. Il avait passé trente années de sa vie en détention.
 
Les obsèques se sont déroulées par le froid glacial qui caractérise l’hiver de cette région montagneuse du nord de la Chine et sous d’importantes chutes de neige. La cérémonie a eu lieu dans l’église principale de Xiwanzi, situé dans le district de Chongli, et le cortège funéraire a parcouru à pied la courte distance qui sépare l’église du cimetière catholique de la ville. En dépit du fait que les autorités avaient interdit aux catholiques extérieurs à Chongli de prendre part aux obsèques et malgré le froid et la neige qui rendaient les déplacements difficiles, la foule des catholiques a été nombreuse : quelque 2 500 fidèles ont pris part aux obsèques.

Signe des tensions persistantes entre les autorités de cette région et la communauté catholique « clandestine », sur les quinze prêtres du diocèse de Xiwanzi, seuls trois avaient été autorisés à célébrer l’office religieux et à conduire le cortège funéraire. Des quinze prêtres, ce sont les seuls à être enregistrés comme prêtre auprès du Bureau local des Affaires religieuses.

De la même façon, les autorités n’ayant jamais reconnu à Mgr Lao sa qualité d’évêque (elles ne voulaient le connaître que comme simple prêtre), ordre avait été donné que, lors des obsèques, ne soit pas fait mention de « Yao zhujiao » (‘Mgr Yao’ ou ‘Evêque Yao’) mais seulement de « Yao mu » (‘Pasteur).

Né en 1923, ordonné prêtre en 1948, Mgr Yao appartenait à cette génération du clergé chinois qui a vécu la prise du pouvoir par les communistes et la mise en place de leur politique de contrôle des religions. Dans les années 1950, il fait partie de ceux qui refusent de céder aux manœuvres du pouvoir pour créer une Eglise indépendante de l’Eglise universelle et, dès 1951, tout travail pastoral lui est interdit. Il doit gagner sa vie en cultivant des légumes et en vendant du bois de chauffage. Persistant dans son refus de joindre l’Association patriotique des catholiques chinois, créée en 1957, il est condamné l’année suivante à la prison à vie et à la rééducation par le travail. Il ne sera libéré qu’en 1984, date à partir de laquelle il reprend rapidement une activité pastorale.

En 2002 le P. Leo Yao Liang est ordonné évêque coadjuteur. Là aussi, la cérémonie se déroule dans la clandestinité et, rapidement, Mgr Hao étant affaibli par la maladie, Mgr Yao assume la direction effective du diocèse. Dans cette région où le catholicisme a été introduit il y a plus de trois siècles, où les missionnaires lazaristes puis scheutistes (CICM, Congrégation du Cœur Immaculé de Marie) ont été actifs, le travail ne manquait pas. Il y a peu, Mgr Yao avait lancé la reconstruction d’une vaste église de style gothique à Xiwanzi, pour remplacer un vieil édifice devenu trop petit.

Refusant toujours de céder aux pressions des autorités, Mgr Yao était régulièrement la cible de harcèlement policier ; en juillet 2006, il avait ainsi de nouveau été arrêté pour n’être relâché que trente mois plus tard, le 25 janvier 2009. (source : EDA)

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