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du 15 au 19 janvier 2010 (semaine 03)
 

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2010-01-19 - Mossoul
CES VIOLENCES QUI FONT DISPARAITRE LES CHRÉTIENS

Victimes d´un exode qui s´est accéléré de façon dramatique depuis l´invasion américaine de 2003, qui a entraîné une vague de violences sectaires ciblant religieux, prêtres et évêques, les chrétiens d´Irak sont décimés.

La survie de cette communauté apostolique, évangélisée dès le premier siècle, selon la tradition, par saint Thomas et ses disciples Mar Mari et Mar Addai, est désormais menacée.

Après deux millénaires de présence en Mésopotamie, entre Tigre et Euphrate, les chrétiens assyro-chaldéens et syriaques risquent bien de disparaître de cette terre où, d´après la Bible, est né Abraham, le père des trois religions monothéistes.

Alors que les voitures piégées ont causé, indistinctement, la mort de centaines de civils ces derniers mois en Irak, les attaques contre les églises et le personnel religieux, comme celles en novembre dernier contre l´église Saint-Ephrem, dans le quartier al-Jadida de Mossoul, et contre la maison mère des soeurs Dominicaines de Sainte-Catherine, lancent un message clair à la minorité chrétienne d´Irak: vous n´avez plus rien à faire dans ce pays !

" Nous n´avons plus aucune sécurité, que ce soit à Bagdad, à Mossoul ou encore ailleurs en Irak. 60% des chrétiens irakiens ont déjà quitté le pays", déclare Mgr Louis Sako, archevêque chaldéen de Kirkouk.

C´est vrai, admet-il dans un français parfait, les chrétiens irakiens, qui étaient relativement nombreux dans les classes moyennes urbaines, jouissaient d´une certaine "sécurité" sous le régime autoritaire du parti Baath. "Ils devaient évidemment maintenir un profil bas et ne pas se mêler de politique ! Mais durant les 35 ans de son régime, Saddam Hussein avait fini par transformer le pays en caserne remplie d´armes et de soldats: un million de morts, un million d´émigrés et plus de culture..."

La marginalisation des chrétiens est une véritable tragédie. Nombre de chrétiens sont effrayés car ils ne se sentent plus en sécurité dans leur pays. 800 d´entre eux ont été tués ces dernières années, bien plus de la moitié des familles chrétiennes sont dispersées dans le pays et à l´étranger. "Mais leur fuite est une perte pour le monde musulman, car si les chrétiens quittent l´Irak, c´est la fin de leur contribution à la société, où ils apportent leur ouverture d´esprit, leur haut niveau de d´éducation et leurs compétences professionnelles".

Il se refuse à voir les chrétiens d´Irak quitter définitivement le pays après deux millénaires de présence. Mais pas question pour Mgr Sako, de les sauver en les enfermant dans le "ghetto" représenté par le projet d´un Etat chrétien autonome dans la Plaine de Ninive, qui serait une "zone tampon" entre le Kurdistan et les Arabes sunnites de la zone de Mossoul.

" Ceux qui défendent cette idée vivent pour la plupart en dehors de l´Irak et ne connaissent pas vraiment la situation intérieure du pays. L´idée d´une zone assyrienne autonome prônée par certains politiciens, risque seulement de péjorer la situation des chrétiens".

" De nombreux prêtres, évêques et politiciens en Irak qui sont opposés à ce projet. Comme chrétiens, nous sommes une partie essentielle de l´histoire de l´Irak et de la culture de ce pays. Tout au long de l´histoire, nous avons résisté aux menaces et aux persécutions, et nous avons trouvé les moyens de vivre dans ce pays en portant témoignage de l´Evangile. Notre Eglise est une Eglise de martyrs, c´est notre charisme!"

Mgr Sako estime que le problème n´est pas la cohabitation avec l´islam, mais le fondamentalisme qui exclut les autres, qui les anéantit pour des raisons religieuses ou ethniques. "Créer des ´cantons´ fermés pour chacune des communautés serait une catastrophe pour tout le monde!" La présence chrétienne est une chance pour les yézidis et les mandéens, mais aussi pour les minorités musulmanes modérés, tous également victime des extrémismes. (source : AED)


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