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du 24 au 27 janvier 2010 (semaine 04)
 

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2010-01-27 -
LE TEMPS DES MEDIAS ET CELUI DE L'ÉGLISE


Les 21 et 22 janvier, quelque 200 éditeurs, journalistes, chargés d´information et chercheurs en communication venus de toute la France ont les diverses «crises» ou «affaires»qui ont marqué la vie de l´Eglise catholique en 2009.

Ils ont constaté que si le «temps de l´Eglise» n´est pas le «temps des médias», il faudrait tout de même chercher à les rapprocher.

Issus de la presse nationale, régionale et paroissiale, dont le lectorat, les lignes éditoriales et la fréquence de parution sont très divers, les participants ont eu tout loisir de réfléchir au traitement de l´actualité dans des affaires délicates où les prises de position de la hiérarchie de l´Eglise (ou, selon les circonstances, leur silence, ou leurs réactions tardives) ont pu susciter des débats très vifs dans le milieu des croyants, voire dans la société entière.

En effet, les diverses «crises» et «affaires» qui ont secoué la barque du catholicisme au niveau mondial ont libéré la parole, a souligné au cours d´une table ronde Dominique Quinio, directrice du quotidien français «La Croix». Cela s´est fait «parfois avec violence», des paroles très dures ont été échangées, on a assisté parfois même à des ‘excommunications réciproques´.

Si les voix sont multiples, il n'y a qu'une seule «vérité». Il est des problèmes de fond latents, un certain divorce entre les medias, les concitoyens à la base et la magistère de l´Eglise.

Dominique Quinio a exprimé sa déception face à une certaine généralisation dans la critique des médias, comme celle exprimée par le cardinal André Vingt-Trois lors de la dernière assemblée plénière de printemps des évêques de France à Lourdes. Elle a regretté que cela se résumait à l´accusation des médias «un peu facile, même s´il y a eu des dérapages».

" Certes, admet-elle, ce ne sont pas les opinions qui vont faire «la vérité», mais le peuple qui s´exprime peut tout de même apporter à l´institution, au magistère de l'Église, des manières de mieux communiquer. Le débat ne doit pas faire peur, ce n´est pas du relativisme !"

Rédacteur en chef de l´hebdomadaire «Famille Chrétienne», Samuel Pruvot a plaidé pour la «biodiversité» des médias catholiques: «Si on était toujours d´accord, ce ne serait pas bien... » Il faut du pluralisme, a-t-il souligné, avant de relever qu´il ne suffit toutefois pas d´être différents pour qu´il y ait de la qualité. Lui est d´avis qu´il existe une vérité symphonique: «Il faut La Croix, Le Figaro, La Vie, Famille Chrétienne, et sans Témoignage Chrétien, il manquerait parfois d´épices, nous sommes interdépendants les uns des autres !»

S´il y a une fausse note dans la symphonie, «alors il faut sortir du concert !» Samuel Pruvot est clair: il faut garder une attitude filiale envers le Pape et l´Eglise. «L´Eglise n´est pas une institution, c´est ma mère !»

Sur un ton plus critique, Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de «La Vie», pense qu´il faut parfois avoir le courage de risquer une parole qui vient du coeur et pas seulement réfléchir. Il estime qu´il y a des moments où il faut parler, quitte à créer de la dissonance dans la symphonie. «Quand le pape dit quelque chose, on est en droit de dire que l´on n´est pas d´accord sans que l´on risque d´être qualifiés de ne pas être catholiques ! »

Au «Pèlerin», a enchaîné Anne Ponce, directrice de la rédaction de l´hebdomadaire, la béatification du pape Pie XII a provoqué de nombreuses lettres de lecteurs ne comprenant pas la pertinence de ce geste de Benoît XVI. D´un autre côté, «nos publications ne sont pas qu´un catalogue d´opinions, le public attend que nous ayons une parole, que nous prenions aussi position».

Dans son intervention, le sociologue Nicolas de Brémond d´Ars, a de son côté relevé qu´avec la ‘surmédiatisation´ du pontificat de Jean Paul II, on a créé une difficulté supplémentaire dans le champ de la communication, en écrasant les corps intermédiaires dans l´Eglise. En supprimant les relais locaux, évêques et autres, on est passé directement du pape aux lecteurs, sans médiation. Il n´y a alors plus personne pour décoder le message en fonction du contexte local, avec les conséquences que l´on connaît.

Président du Centre National de Presse Catholique (CNPC), Jean-Claude Petit, journaliste et écrivain, a quant à lui constaté que « le temps de l´Eglise n´est pas celui des médias », ce qui rend plus difficile le travail des médias catholiques.

Evêque de Gap et d´Embrun, dans les Hautes-Alpes, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, est intervenu sur le thème : "Les journalistes font-ils ou suivent-ils les opinions publiques ?". Président du Conseil pour la Communication de la Conférence des Evêques de France et de la Commission des Evêques d´Europe pour les Médias, Mgr di Falco a souhaité, suite à divers «couacs» dans la communication du Saint-Siège, que les proches collaborateurs du pape le renseignent au plus près «sur l´état de l´opinion publique dans nos pays» dans les affaires délicates comme celle de la béatification de Pie XII. (source : Apic)

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