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du 15 au 17 juin 2010 (semaine 24)
 

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2010-06-17 - Philippines
LUTTEZ CONTRE LA CORRUPTION ET POUR LES RÉFORMES


Après avoir veillé à respecter une certaine réserve durant la campagne électorale, les évêques n’hésitent plus à prendre position sur des sujets politiques. "Nous coopérerons avec ses idéaux, mais sans compromettre nos convictions."

Ils approuvent la priorité donnée par Noynoy Aquino à la lutte contre la corruption et appellent le président à réformer le pays. Le jour où le Congrès a officiellement confirmé l’élection de Noynoy Aquino à la présidence des Philippines, le président de la Conférence épiscopale, Mgr Nereo Odchimar, a déclaré : « Nous coopérerons avec ses idéaux, mais sans compromettre nos convictions, particulièrement dans les domaines de la foi et de la morale. »

Elu le 10 mai dernier avec 15,2 millions de voix (42 % des suffrages), Benigno ‘Noynoy’ Aquino III, 50 ans, a été proclamé le 10 juin dernier 15ème président de la République des Philippines. Lui et le vice-président, Jejomar Binay, prendront leurs fonctions le 30 juin prochain. Dans un pays où près d’un habitant sur trois vit avec moins d’un dollar par jour, Noynoy Aquino a fait de la lutte contre la corruption et la pauvreté les priorités de son mandat.

Le 10 juin, l’ancien président de la Conférence des évêques des Philippines, Mgr Angel Lagdameo, a insisté : " Nous espérons qu’ils [Aquino et Binay] seront fidèles à leurs promesses de campagne, notamment dans la lutte contre la corruption et la pauvreté."

L’évêque a immédiatement ajouté : " Nous espérons qu’ils seront en mesure de nommer des responsables honnêtes qui ne chercheront pas simplement à toucher des pots-de-vin", allusion à peine voilée au fait que, si le nouveau président est bel et bien populaire, ses réalisations en politique sont, à ce jour, ténues et ses liens avec l’oligarchie qui contrôle l’économie philippine avérés.

Le 14 juin, le cardinal Gaudencio Rosales, archevêque de Manille, ajoutait : "A l’heure où nous célébrons notre indépendance, prions que nous parvenions à la vraie liberté, exempts de tout esprit de division. (…). J’espère que la nouvelle équipe à la tête du pays saura reconnaître ce qu’elle doit au peuple, non pour le bien de tel ou tel parti (politique), de telle ou telle religion, ou même de l’Etat, mais pour le bien de la nation."

Sans attendre, des évêques ont appelé le président à prendre des mesures concrètes. Le 8 juin, c’était la branche pour l’action sociale de la Conférence épiscopale des Philippines qui prenait position en appelant Noynoy Aquino à imposer un moratoire sur la mise en œuvre de nouvelles exploitations minières gérées par des compagnies étrangères et peu soucieuses de protection de l’environnement ou du bien-être des communautés affectées par les opérations minières. Dans tout le pays, plus de 500 000 hectares de terre ont ainsi été concédés par les autorités à des compagnies privées.

Enfin, sur le point très sensible de la réforme agraire, un dossier récurrent de la vie politique philippine, Mgr Broderick Pabillo a, le 8 juin, interpellé Noynoy Aquino afin qu’il nomme un ministre de la Réforme agraire dont la feuille de route sera « la justice sociale ». " Aquino devra choisir un ministre qui connaît et comprend la loi (sur la réforme agraire) et qui se montre prêt à l’appliquer réellement afin de favoriser la justice sociale" a déclaré l'évêque auxiliare de Manille, l'un des évêques parmi les plus engagés auprès du monde paysan en faveur d’une véritable réforme agraire. (source : EDA)


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