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du 12 au 18 juillet 2010 (semaine 28)
 

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2010-07-18 - Haïti
DES ESPÉRANCES QUI S'ÉLOIGNENT

"Aujourd'hui, où l'on commence à se détourner d'Haïti, nous rappelons que les sinistrés sont encore là et que les pauvres d'Haïti frappent encore a la porte des pays de l'opulence," rappelle Mgr Dumas, évêque du diocèse d'Anse-à-Veau.

Mgr Pierre André Dumas, évêque du diocèse méridional d'Anse-à-Veau et Miragoâne et directeur de l'organisation Caritas-Haïti, a fait parvenir à la MISNA, presque six mois après le fatidique séisme du 12 janvier dernier, un message angoissé.

"Le cri de ce peuple ne peut pas être confiné aux oubliettes de l'histoire. (…) On voit l'état d'insalubrité, d'incurie et de promiscuité dans lequel le peuple vit sous les tentes et dans les abris provisoires à l'approche de la saison cyclonique. Ils sont comme largués dans la nature sans père ni repère" : tel est l'un des passages les plus poignants d'une réflexion parvenue à l'agence missionnaire Misna.

"Les familles sont déstabilisées. Elle sont décapitalisées par l'événement et vivent au jour le jour sans prévision ni planification. Les conditions de vie sanitaires et hygiéniques sont horribles et a peine croyables. Il manque de leadership et de vision a long terme. Tout se résout dans la gestion des urgences et les refugiés craignent que le provisoire dans lequel ils s'installent ne devienne définitif".

Malgré l'élan d'une solidarité sans précédent, y compris de la part d'une "kyrielle de volontaires, de donateurs anonymes, de bienfaiteurs connus ou inconnus" évoqués avec gratitude par Mgr Dumas, de nombreux problèmes persistent dans la phase actuelle de réhabilitation et de reconstruction.

"Quant au nettoyage des gravas, on n' a pas encore mis le paquet. On avance à pas de tortue sans orientation ni objectifs clairement définis. Tout se fait de manière artisanale. On déverse le déblai partout et les rues sont souvent bloquées a cause de ce chaos."

" Nous sommes à la merci des compagnies privées qui demandent une fortune pour faire le boulot et le pire est que même les édifices étatiques logeant les ministères ou d'autres institutions de l'administration nationale souffrent également de l'attentisme des uns et du cynisme des autres", souligne-t-il.

"Le gouvernement se plaint de la lenteur dans le décaissement de l'aide internationale et il est soutenu par l'ONU en cela, poursuit l'évêque, mais au niveau des États amis d'Haïti, il y a une certaine hésitation à débourser depuis que le climat politique et sécuritaire du pays s'est détérioré avec le calendrier fixe sans consensus préalable avec la classe politique des prochaines joutes électorales dans le pays."

" Beaucoup d'analyses pensent qu'on devrait créer un climat de dialogue et de concertation pour arriver a la tenue d'élections honnêtes, transparentes, crédibles et démocratiques. En tout cas, les plus pauvres ne peuvent pas attendre d'avantage". (source : Misna)


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