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du 19 au 25 juillet 2010 (semaine 29)
 

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2010-07-25 -
LES FRACTURES ETHNIQUES ET RELIGIEUSES

Au Forum de Caux, en Suisse, un évêque togolais, a détaillé les ambitions et les limites de la commission Vérité, Justice et Réconciliation qu'il préside et qui est chargée de faire la lumière sur le passé tumultueux du Togo dans l'Ouest africain.

Le président de cette commission a évoqué la délicate tâche dévolue à la commission "Vérité, Justice et Réconciliation" en place depuis juin 2009 dans ce pays en proie aux dérives politiques à répétition depuis son indépendance, en 1960. "C'est une longue période pour l'investigation d'une telle instance", a précisé à "ProtestInfo" Mgr Nicodème Barrigah.

Il prenait part à un atelier dédié à la réconciliation nationale à Caux-sur-Montreux, organisé par l'ONG "Initiatives et Changement." Ce 3ème Forum pour la sécurité humaine a pris fin le 16 juillet

Comment concilier le besoin de justice pour les victimes d'une guerre civile ou d'une dictature et la restauration d'une dignité entre franges de la population? Et cela pour aboutir à une réconciliation nationale? C'est l'épineuse équation qu'a posée Mô Bleeker, conseillère du Département fédéral suisse des affaires étrangères (DFAE) pour la politique du passé et la justice transitionnelle dans plusieurs pays du monde.

"La réconciliation est un processus qui comprend le droit à la vérité, l'exigence de justice, la réparation des torts et la garantie de leur non-répétition", a dit cette spécialiste de l'Amérique du Sud où elle a voulu l'appliquer avec le programme de "Swisspeace", une fondation suisse pour la paix.

Le même processus a été étudié pour l'Irak par Nihad Al-Sammarraie, officier des affaires politiques pour l'ONU. "Les Chiites et les Sunnites sont des cousins", a-t-il fait remarquer, non sans imputer une bonne part de la pétaudière irakienne à la récupération politique des dissensions religieuses.

Si le cas de l'Irak confine à la résignation, "en tant qu'acteurs externes, nous devons toujours adopter une attitude humble à l'extrême: qui sommes-nous pour porter une appréciation? a lancé la conseillère du Département fédéral suisse des affaires étrangères, à son auditoire.

De son côté, Mgr Barrigah a montré un profil tout aussi modeste. Conscient de devoir sa fonction à son statut de religieux, garant de neutralité, il appréhende la complexité de la mission qui incombe à la commission de onze membres qu'il préside.

" La presse togolaise a d'emblée mis le doigt sur les lignes de fracture, notamment ethniques, qui pourraient miner notre travail à l'interne," a-t-il déclaré. Dans le pays, certaines voix ne donnent en effet pas cher de la réussite de la commission, dotée d'un budget de 4,6 millions de dollars sur un peu plus de deux ans. "Mais pour tourner une page, il faut d'abord la lire", a conclu l'évêque. (source : Protestinfo)


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