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du 8 au 15 août 2010 (semaine 32)
 

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2010-08-15 - Chine
UN OPTIMISME PRUDENT ENTRE ROME ET PÉKIN


Au Vatican, on regarde avec un optimisme prudent les nominations épiscopales qui ont eu lieu avec la double approbation de Rome et de Pékin car de nouveaux durcissements de la part de la Chine sont toujours possibles.

Les diplomates romains savent qu’une solution de ce genre n’est sûrement pas la meilleure pour l’Église et pour la liberté religieuse en général, car en Chine, il n’existe aucun accord rédigé et on ne prévoit pas qu’il y en ait à brève échéance.

L' impression qui prédomine au Vatican est que les autorités chinoises ont aujourd’hui tendance à archiver définitivement la politique religieuse du passé, qui obligeait les catholiques chinois à rompre leurs relations avec Rome et à s’inscrire à une sorte d’Église "patriotique", avec des évêques nommés uniquement par le gouvernement.

Mais les diplomates du Vatican estiment que les raisons qui conduisent les autorités chinoises à un changement de ligne sont de nature pragmatique. Les fidèles n’écouteront jamais des pasteurs choisis et consacrés de manière autonome, sans l’approbation du Pape. Les derniers évêques nommés sans l’accord du Pape restent isolés et personne ne veut recevoir la communion de leurs mains pendant la messe", reconnait un vaticaniste, Ren Yanl.

" Le gouvernement a compris, ajoute-t-il, que, s’il veut que les évêques soient des pasteurs estimés et suivis par les fidèles et qu’ils ne soient pas perçus comme des fonctionnaires isolés et imposés de l’extérieur, il doit admettre - ce qu’il fait maintenant - que la nomination venant du pape et la pleine communion avec lui sont des éléments absolument indispensables.

" Cela veut dire que, dans les faits, l’idée d’imposer à l’Église une indépendance qui serait une séparation du pape et de l’Église universelle a été abandonnée. Le processus qui mène à une affirmation de plus en plus explicite de la communion des évêques chinois avec le Pape – et de tout ce que cela comporte – est irréversible. Sur cette voie il ne pourra y avoir de retour en arrière".

Toutefois l’opinion plus pessimiste d’autres hommes d’Église qui suivent de près l’évolution de la situation chinoise s’oppose au prudent optimisme des diplomates du Vatican.

Parmi eux, le cardinal Zen, qui est un salésien comme le cardinal Tarcisio Bertone - Secrétaire d’État et donc chef de la diplomatie vaticane - mais qui s’est trouvé à plusieurs reprises en désaccord avec lui.

Ces divergences sont à bien des égards les mêmes que celles qui divisent deux organes de presse internationaux très informés et très actifs sur la question chinoise : d’un côté la revue "30 Jours", proche de la diplomatie vaticane, de l’autre "Asia News", l'agence de presse dirigée par le P. Bernardo Cervellera, de l’Institut Pontifical des Missions Étrangères.

Le P. Cervellera a exposé les raisons qui inciteraient à douter que la Chine ait vraiment la volonté d’ouvrir un avenir de liberté aux catholiques de ce pays. Non seulement les évêques "clandestins" ne sont pas libres d’exercer leur ministère mais les évêques qui ont la double approbation de Rome et de Pékin ne le sont pas non plus. En fait les évêques doivent obéir à deux autorités, celle de l’Église et celle de l’État, mais cet État s’arroge le pouvoir de décision dans des domaines qui sont de la compétence exclusive de l’Église.

Une tension élevée existe entre les deux composantes du catholicisme chinois : les communautés "souterraines" et celles qui sont officiellement reconnues. La lettre écrite en 2007 par Benoît XVI aux catholiques se heurte à la volonté des autorités chinoises d’entretenir et d’exploiter à leur profit ces divisions. Et en effet cette lettre est toujours taboue dans le pays, où elle circule avec difficulté.

Ainsi, alors que le Vatican étudie les dernières manœuvres diplomatiques et pèse chaque mot, beaucoup de membres des communautés "souterraines" chinoises se plaignent d’être "oubliés" par l’Église de Rome. Par exemple, le Vatican élève rarement la voix pour demander la libération des catholiques chinois emprisonnés. Il y a deux évêques chinois "souterrains" qui ont disparu depuis plusieurs années : Mgr Jacques Su Zhimin, de Baoding, et Mgr Côme Shi Enxiang, de Yixian.

Le 7 juillet dernier, Mgr Jia Zhiguo, évêque "souterrain" de Zhengding, a été libéré après quinze mois de séquestration par la police. Le cardinal Ivan Dias, préfet de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, lui a envoyé un message écrit pour lui souhaiter “bon retour au service”.

Et le P. Cervellera de commenter : "Peut-être le cardinal Dias a-t-il pensé qu’il n’était pas encore temps d’ajouter le mot 'emprisonnement' ou 'isolement' pour faire comprendre au monde que cet évêque ne revenait pas de vacances, mais d’une période de suppression de ses droits". (source : Chiesa)


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