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du 16 au 21 août 2010 (semaine 33)
 

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2010-08-21 - Turquie
LE MINISTÈRE DE LA CULTURE Y AUTORISE UNE LITURGIE

Le gouvernement turc a autorisé la célébration d’une Divine Liturgie le 15 août, qui est pour les orthodoxes la fête de la Dormition de la Sainte Mère de Dieu, en un lieu qui est un symbole de la foi des chrétiens d'Orient.

C'est au monastère de Sümela ou de la Vierge de la Montagne Noire que sera célébrée, pour une fois et la première fois depuis 88 ans. Il est doublement symbolique dans son épanouissement et dans sa violente éradication.

Cette concession a été accueillie avec surprise par la communauté orthodoxe, non seulement en Turquie où les gréco-byzantins du patriarcat de Constantinople ne sont plus que quelques milliers, mais aussi à l’étranger, en particulier en Grèce et en Russie.

Mais c’est une concession qui reste limitée à quelques heures. La Liturgie ne pourra être célébrée qu’une seule fois, d'alleurs à l’extérieur du monastère, devant ses ruines, parce qu'après avoir résisté quinze siècles aux tempêtes de l’Histoire et être resté en vie même pendant la domination ottomane, le monastère de Sümela a été vidé et réduit en ruines en 1923, lorsque les moines grecs furent chassés par l'actuel État turc.

Depuis lors il n’a plus été possible d’y célébrer. Le monastère, dont une petite partie a été restaurée, est devenu un but d’excursions touristiques à partir de la ville voisine de Trabzon (Trébizonde), sur la Mer Noire, où un jeune musulman a tué, le 5 février 2006, le prêtre catholique Andrea Santoro.

Pour le 19 août, le gouvernement turc a fait une concession aussi restrictive et analogue aux Arméniens. Il a autorisé la célébration d’une messe dans l’église de la Sainte-Croix d’Akhtamar, sur une île du lac de Van, restaurée en 2007. Mais elle a été transformée en musée et jusqu’à présent il n’a jamais été possible d’y célébrer la messe.

Les autorités turques ont opposé un refus au patriarche arménien qui demandait à placer une croix au sommet de l’église restaurée : l’église devait rester sans croix, sans cloche, sans symboles religieux, sans pasteurs et sans fidèles. En revanche des portraits de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de l’état turc moderne, étaient largement exposés lors de la cérémonie de fin des travaux de restauration.

Plusieurs milliers de fidèles, dont beaucoup sont venus de l’étranger, participer aux Divines Liturgies de Sümela et d’Akhtamar les 15 et 19 août : un chiffre inhabituel pour la Turquie, berceau du premier christianisme propagé par Paul et florissante terre chrétienne pendant des siècles, mais où, aujourd’hui, les Églises, pour le peu qu’il en reste, ne bénéficient même pas de la reconnaissance juridique.

Par ailleurs, le 5 août dernier, deux églises remontant aux IVe et VèmIe siècles ont été rouvertes au culte, dans le village de Yemisli, dans la région de Mardin, au sud-est de l'Anatolie. Elles ont été restaurées par 72 familles de la communauté syro-orthodoxe, qui compte quelque 5.000 fidèles en Turquie.

Toutes ces concessions accordées en ce mois d’août par le gouvernement d’Ankara sont interprétées comme une manœuvre sur l’échiquier de la problématique entrée de la Turquie dans l'Union Européenne, entrée impossible en l’absence de standards minimum en matière de liberté religieuse.

Le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a salué la réouverture au culte même pour une seule fois, par une messe historique, au monastère orthodoxe de Sümela. " C'est un événement historique et important" qui atteste "d'un esprit de coopération et de paix entre notre peuple et celui du pays voisin", a-t-il déclaré.

Les médias grecs ouvraient le dimanche 15 août leurs bulletins d'information sur la liturgie à Sümela, célébrée par le patriarche oecuménique orthodoxe Bartholomée 1er, qui siège à Istanbul.

Alors chassés de la région, à l'issue d'une guerre gréco-turque et de ce qu'Athènes qualifie unilatéralement de "génocide", les orthodoxes grecs de cette région avaient dus se réfugier en Grèce et Russie. (source : Orthodoxie)


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