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du 2 au 5 septembre 2010 (semaine 35)
 

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2010-09-05 -
NEWMAN, LE SENS CONTEMPORAIN D'UNE BÉATIFICATION

Le 19 septembre prochain, lors de son voyage apostolique en Angleterre, le pape Benoît XVI béatifiera le cardinal Newman (1801-1890). Un événement important en raison de l'envergure du nouveau bienheureux et de l'actualité de son message.

Dans le dossier que lui consacre le mensuel catholique "La Nef", nous découvrons ce cardinal, si proche de son temps, si proche du Pape actuel que la béatification de Newman a un sens plus large que celui du cheminement de la Communion anglicane aux côtés de l'Église romaine.

Le Dr Rowan Williams, le primat de l'Église anglicane, a invité le Pape Benoît XVI à placer cette visite dans la lumière de l'enseignement de Newman: " Il est très significatif, dit-il, que le cardinal Newman soit au coeur de la visite du Pape au Royaume-Uni en 2010, parce que Newman n'est pas seulement une propriété de l'Église catholique romaine: c'est un des grands intellectuels du XIXème siècle, et j'ai encouragé le Saint-Père à penser à Newman en ce sens, comme une inspiration de ce qu'il dira à la société britannique ."

Pour lui, la signification de l'événement dépasse le cadre de la seule reconnaissance officielle de la sainteté d'un membre de l'Église catholique romaine.

Newman était avant le concile Vatican I peu favorable à la proclamation du nouveau dogme de l'infaillibilté. Il en suivit les débats et sa première réaction fut d'abord un soulagement: la version maximaliste défendue par les ultramontains n'avait pas été retenue. Certes, il y avait l'affirmation de l'Infaillibilité, mais l'énoncé était homogène avec ce qui avait été pratiqué auparavant.

Restait à savoir si le dogme serait reçu par les épiscopats du monde entier. Pour lui c'était chose importante car la réception apportait un critère de validité. Newman constata que tel était bien le cas, et c'est donc avec une parfaite obéissance qu'il donna son assentiment à la définition du Concile.

" Cette définition, écrira-t-il, est peut-être prophétique, qui sait si l'Église ne va pas bientôt avoir besoin d'un pouvoir central fort, capable de faire entendre la voix du Christ quand les épiscopats seront réduits au silence." Et d'ajouter: "De toute façon, tôt ou tard, l'Église convoquera un autre concile, pour clôturer celui-ci et rééquilibrer en faveur de l'Épiscopat ce qui lui a été enlevé par la définition."

Son attitude, en soi, est un exemple vivant d'herméneutique de continuité, faite de confiance foncière et de patience filiale. Si un concile est l'oeuvre de l'Esprit, il est aussi, avait appris Newman en étudiant l'histoire du concile de Nicée et de sa réception, un moment de crise due aux rééquilibrages opérés par son oeuvre.

Très attaché aux Pères de l'Église que l'on redécouvre à cette époque, il est frappé par leur apport qui fait déjà apparaître un développement doctrinal. Il comprend que si l'Église catholique ne peut s'identifier avec l'Église primitive, elle n'a fait qu'en développer les potentialités sans lui être nullement infidèle : " Les vérités les plus hautes et les plus admirables, dit-il, bien qu'elles aient été révélées au monde une fois pour toutes par des maîtres inspirés, ne sauraient être comprises d'emblée par ceux qui les reçoivent."

" Mais comme elles ont traversé des milieux humains, elles n'en ont demandé que plus de temps et une pénétration d'esprit plus profonde pour être parfaitement mises en lumière. C'est là ce qu'on peut appeler la théorie du développement de la doctrine."

La béatification de Newman, 45 ans après la clôture de Vatican II, est en elle-même une clé d'interprétation que Benoît XVI donne à l'Église pour recevoir le concile Vatican II d'une manière homogène, en lui-même et avec tous les autres conciles qui l'ont précédé. (source : La Nef)


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