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Du 1 au 4 décembre 2010 (semaine 47)
 

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2010-12-04 - USA
RÉFLEXIONS SUR LE CATHOLICISME AMÉRICAIN


On en parle peu en Europe et en France de la situation du catholicisme aux États-Unis, où la situation est contrastée, avec la progression des catholiques d'origine hispanique et la présence active des mouvements religieux les plus divers.

Jean Duchesne, spécialiste des questions anglo-saxones, commente ainsi cette situation. D'un côté, malgré les scandales (prêtres pédophiles, etc.), le catholicisme continue de progresser. D'après l'édition 2010 de l'Annuaire des Eglises en Amérique du Nord, qui vient de paraître, le nombre des fidèles a augmenté de 1,5% en 2009. Ce qui donne 68 millions de catholiques aux Etats-Unis, soit 23% de la population - de très loin la « dénomination » la plus nombreuse. Seuls les Mormons ont fait mieux l'an dernier (+ 1,7%).

Viennent ensuite les Pentecôtistes (+ 1,3%). Les Eglises protestantes classiques et « libérales » (épiscopaliens, méthodistes, luthériens, presbytériens) voient leurs effectifs continuer de s'éroder inexorablement. Les chiffres sont connus assez précisément, parce que les paroisses ou communautés tiennent traditionnellement des registres de familles et de personnes dûment inscrites.

D'un autre côté, l'anticléricalisme (ou plus exactement : l'antichristianisme et même l'anticatholicisme) n'a jamais été aussi virulent. Dernier exemple il y a quelques jours : le diocèse de Washington a dû fermer ses crèches ! Motif : ses services sociaux refusent de reconnaître le mariage homosexuel, légalisé par le conseil municipal.

Ce refus d'une législation locale particulièrement contraignante invalide tout contrat avec l'administration de la ville et interdit toute aide (subventions, avantages fiscaux et en nature, collaboration avec les services sociaux) : le maintien des établissements d'accueil des enfants en bas âge devient impossible sur le seul budget du diocèse.

Les tensions et polémiques sont vives sur les questions du mariage « gay » et aussi de l'avortement (que le fameux arrêt de la Cour suprême en 1973 rend possible pratiquement jusqu'à la veille de l'accouchement). Ce qui se manifeste là est le renforcement d'une « gauche » intellectuelle et artistique, culturellement « européanisée », auprès de laquelle les anticléricaux d'il y a cent ans en France feraient figure d'enfants de chœur à peine chahuteurs. Les agressions contre toute pratique religieuse se multiplient dans les talk shows : le vice-président, Joe Biden, qui est catholique, a été tourné en dérision pour n'avoir pas immédiatement effacé sur son front la trace des cendres qu'il avait reçues.

L'élection de Barack Obama a galvanisé une certaine « élite » libérale. La faiblesse actuelle du président sur les plans économiques et diplomatiques exaspère la volonté de marquer au moins des points dans le domaine de la libéralisation des mœurs, sur le terrain judiciaire et législatif, avec de multiples instances locales à plusieurs niveaux (municipal, de comté, d'État) dans une nation fédérale et largement décentralisée.

Cet activisme suscite l'opposition farouche d'une « base » populaire et conservatrice, qui est loin d'être exclusivement ni même principalement catholique. L'épiscopat doit donc naviguer entre des adversaires antireligieux et des alliés qui ne partagent pas son souci de justice sociale. (source : JD-IJML)


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