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Du 1 au 4 décembre 2010 (semaine 47)
 

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2010-12-04 -
ÉVITER A TOUT PRIX DE QUITTER L'IRAK


A Paris, le patriarche syrien-catholique Ignace Youssef III venu rendre visite aux blessés suite à l’attaque de la cathédrale de Bagdad, a fortement demandé l'intervention des pays européens pour garantir la sécurité des chrétiens en Irak.

Le patriarche Youssef III Younan était l'un des deux présidents délégués du synode de Rome sur le Proche-Orient en octobre dernier.

" Après cette attaque contre les syriens-catholiques, les chrétiens d’Irak auraient souhaité que les instances religieuses de l’islam se lèvent non seulement pour condamner, ce que beaucoup ont fait, mais aussi pour prendre des mesures concrètes pour lutter contre l’extrémisme." a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qu'il a tenu au siège de l'épiscopat français.

" Les représentants doivent agir plus fermement, sachant que l’immense majorité des musulmans condamnent de tels actes de terreur. Sur le plan politique, les chrétiens d’Irak attendent que le gouvernement les soutienne davantage. La liberté religieuse n’est pas assurée en Irak, il est temps que la communauté internationale se mobilise pour aider les minorités.

" Le problème, c’est qu’il n’y a pas d’État pour imposer la sécurité et contrôler le discours religieux ; c’est le cas en Syrie ou en Jordanie par exemple, ce qui permet aux minorités de vivre en paix, dans le respect de leurs droits civiques. Depuis l’invasion du pays en 2003, c’est le chaos le plus total en Irak. Il ne faut pas oublier non plus que certains des terroristes, lors de cette attaque, n’étaient pas irakiens, ce qui montre que le problème est plus vaste.

" Quant au sort des réfugiés accueillis en France, notre discours vis-à-vis d’eux est très délicat. Les mots sont peu de chose devant la souffrance de ceux qui ont survécu et qui ont vu l’horreur en face. Doivent-ils rester ou rentrer ? Je ne peux pas choisir pour eux. Bien sûr, nous sommes reconnaissants au gouvernement français d’avoir réagi dans l’urgence en accueillant les blessés.

" Mais il ne faudrait pas non plus encourager l’exode des chrétiens d’Irak. Ce serait une manière de donner raison aux terroristes. La meilleure solution, pour les chrétiens menacés à Bagdad ou à Mossoul, est encore de rejoindre les zones plus sûres, comme le Kurdistan au nord. "Il faut tout faire pour éviter que les jeunes chrétiens s'expatrient", a-t-il insisté.

"Nous n'acceptons pas que les pays occidentaux encouragent les chrétiens à quitter leur pays parce que de l'autre côté, cela encourage aussi les terroristes à les faire partir; c'est en Irak qu'il faut les aider", a-t-il insisté, soulignant que pratiquement 95% des chrétiens qui fuient l'Irak n'y reviennent plus.

" En réalité, l’attentat contre les syriens-catholiques de Bagdad a ébranlé tous les chrétiens d’Irak. Des violences, notre communauté en a déjà connu. Mais celle-ci fut inouïe. Et elle a été suivie par plusieurs autres attaques mortelles contre des familles et des foyers de chrétiens. Si bien que beaucoup ne savent plus comment continuer à vivre. Leur confiance en l’avenir a été sérieusement entamée. Idéalement, en tant que responsables religieux, nous préférerions les voir rester chez eux, sur cette terre que leurs ancêtres ont contribué à civiliser."

L’Église dont il a la charge compte aujourd’hui 175 000 fidèles répartis en Syrie, au Liban et en Irak. Les chrétiens d'Irak sont les descendants des Mésopotamiens qui vivaient là avant l'ère chrétienne et avant la naissance de l'islam. Actuellement, ils représentent 2% de la population, soit environ 450.000 personnes dont deux tiers sont catholiques (syriaques, chaldéens et arméniens) et un tiers orthodoxes.

Dans les années 30, ils représentaient encore 20% de la population, beaucoup ont quitté le pays au moment de l'arrivée de Saddam Hussein et depuis l'intervention américaine leur nombre n'a cessé de diminuer. (source : CEF)


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