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Du 15 au 18 décembre 2010 (semaine 50)
 

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2010-12-18 - Japon
LES ÉVÊQUES DISENT AU PAPE LEUR PENSÉE SUR LE NÉO-CATÉCHUMÉNAT


Le 13 décembre dernier, quatre évêques japonais ont rencontré le pape Benoît XVI à Rome. L’audience, qui a duré près de deux heures, a été l’occasion d’un échange au sujet de la présence du Chemin néo-catéchuménal au Japon.

Parmi les questions abordés, il y eut celle du grand séminaire de Takamatsu confié à la communauté missionnaire d’origine espagnole.

Selon Mgr Leo Ikenaga Jun, archevêque d’Osaka et président de la Conférence des évêques catholiques du Japon, la rencontre, qui n’était pas inscrite à l’agenda du Pape, avait été demandée par Benoît XVI lui-même.

Outre Mgr Ikenaga Jun et trois prélats japonais, le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone et « plusieurs autres cardinaux » y ont pris part. A l’agence CNS, l’archevêque d’Osaka a confié ne pas souhaiter commenter la teneur de cette rencontre au sommet, mais il a précisé que les évêques japonais devraient avoir dans un avenir proche de nouvelles discussions avec le Vatican et Kiko Arguello, l’un de deux co-fondateurs du Chemin néo-catéchuménal.

L’épiscopat japonais doit « proposer un plan sur la manière de procéder », a ajouté l’archevêque. Selon les informations disponibles, le cœur des échanges entre le Pape, les principaux responsables de la Curie et l’épiscopat japonais a porté sur la situation du Chemin néo-catéchuménal au Japon, plus d’un an après la fermeture du séminaire Redemptoris Mater, animé par la communauté missionnaire espagnole.

En 1990, le Chemin néo-catéchuménal ouvrait un grand séminaire Redemptoris Mater, et accueillait alors principalement des séminaristes étrangers, venus d’Espagne, des Philippines, d’Amérique latine et d’autres pays, appelés, une fois ordonnés prêtres, à servir soit dans des diocèses au Japon, soit à l’étranger.

Rapidement, des critiques sont apparues sur la manière de fonctionner du séminaire et le coût que représentait une telle structure pour un diocèse qui ne compte que 5.400 fidèles. La communauté catholique locale s’est trouvée divisée en « pour » et « contre » la présence du mouvement, les choses s’envenimant au point que Mgr Fukahori, poursuivi devant les tribunaux civils par deux de ses diocésains, a été condamné pour diffamation.

En décembre 2007, lors de leur visite ad limina, les évêques japonais ont évoqué le problème avec la Congrégation pour l’évangélisation des peuples et le Pape. Dans son adresse à Benoît XVI, Mgr Okada avait déclaré : " Un autre point d’attention concerne le Chemin néo-catéchuménal et le Séminaire diocésain international de Takamatsu, connu sous le nom de Redemptoris Mater. Nous avons là un problème grave.

" Au sein de la petite communauté que représente l’Eglise catholique au Japon, les activités des membres du Chemin, puissantes et assimilables à celles d’une secte, sont un facteur de division et de conflit. Elles sont la cause de souffrances profondes et douloureuses au sein de l’Eglise. Nous faisons tout notre possible pour résoudre ce problème mais nous estimons que, si une solution doit être trouvée, la considération de Votre Sainteté pour l’Eglise au Japon sera de la plus haute importance et ardemment désirée."

Une mission d’enquête fut dépêchée par le Saint-Siège et, après deux nouveaux voyages d’évêques japonais à Rome durant les premiers mois de l’année 2008, le cardinal Bertone publia une lettre annonçant la fermeture du séminaire et le transfert de la plupart de ses étudiants et professeurs au séminaire Redemptoris Mater de Rome.

L'audience de lundi dernier a permis aux évêques japonais de dire, une fois encore, la réalité de ce que cause dans l'Église au Japon la présence du Chemin néocatéchuménal, fondé par Kiko Argüello. Une partie de l'épiscopat l'accuse de ne promouvoir les vocations sacerdotales qu'exclusivement vers le Chemin néocatéchuménal, comme s'il s'agissait d'une Église parallèle, et donc "de saper l'unité même du corps ecclésial."

Mais pour le Saint-Siège - c'est la ligne qui a tenu le Pape lors de la réunion de lundi - ce n'est pas le temps des batailles. "Nous devons trouver des moyens de rencontre entre les deux parties, et si le fait demeure la solution ne réside pas dans l'expulsion du pays, du Chemin néocatéchuménal."

Un vaticanisme, Paolo Rodari, rappelle qu'il jouit d'un appui solide au sein de la curie romaine, en particulier celui du cardinal Cordes et du cardinal Stanislaw Rylko, aujourd'hui président du Conseil Pontifical pour les Laïcs.

L'Eglise catholique au Japon ne vit pas dans les extrêmes, et elle a pour règle d'obéir à Rome et de ne pas chercher les feux de la rampe. La véhémence du Chemin néocatéchuménal dérange au point que le président de la Conférence des évêques, Mgr Peter Takeo Okada, une personnalité douce et réservée, avait donc demandé et obtenu de Rome en 2008, la fermeture du Séminaire "Redemptoris Mater" du diocèse de Takamatsu, faisant valoir que les membres du Chemin néocatéchuménal se comportaient comme s'il s'agissait d'une «secte».

La ligne du Vatican est toujours le même: améliorer la compréhension et la position des évêques locaux sans sans que soient causés des dommages irréparables et dans le même temps de ne pas éteindre le feu des nouveaux mouvements ecclésiaux, souligne Paolo Rodari. (source : Service de presse du Vatican et P.R)


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