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Du 19 au 22 décembre 2010 (semaine 50)
 

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2010-12-22 - Grèce
L'ÉGLISE ORTHODOXE MODÈRE SES ANATHÈMES


L'Eglise orthodoxe grecque a modéré l'anathème qu'elle voulait jeter sur l'Union Européenne et le FMI. Elle s'est finalement bornée à distribuer aux portes des églises, plutôt que faire lire en chaire la virulente critique qu'elle avait prévue.

Rendu public le vendredi, 17 décembre, le texte met en cause, sans les nommer, l'Union européenne et le Fonds monétaire international, en jugeant que la Grèce "semble ne plus être libre", qu'elle se trouve comme "sous occupation". Le document a été envoyé dans toutes les églises et des exemplaires sont à la disposition des fidèles, à l’entrée.

Face à la volonté du gouvernement de lui faire payer des impôts sur son important patrimoine immobilier, l’Église commence à revendiquer un droit de regard sur les affaires publiques.

Quelques jours auparavnt, dans un sermon, le métropolite Velestinou Damaskinos s’est pris violemment aux mesures d’austérité mises en place dans le pays, à la demande du Fonds monétaire international et de l’Union européenne, en échange de l’aide financière apportée à la Grèce : " Vous avez estimé que le FMI était au-dessus du Christ, vous avez abandonné le Seigneur. Nous nous sommes fondés sur les promesses des grands de ce monde qui avaient d’autres desseins pour nous et nous en sommes arrivés là."

..." Cette crise n’est pas qu’économique, elle est surtout spirituelle, cessez de consommer à tout va, partagez et revenez vers le Christ c’est le seul salut possible, poursuivaitt le métropolite, en reprenant quelques passages du texte de quatre pages qui devait être publié le vendredi par le Saint Synode des évêques orthodoxes de Grèce.

" Nous sommes désormais sous occupation. Nous sommes sous l’emprise de ceux qui nous prêtent l’argent, mais ce n’est pas que l’argent qui nous manque. Nous avons bien survécu à la guerre, à l’occupation, et il y a eu des moments où les gens mouraient de faim dans la rue, mais nous l’avons surmonté parce que nous avions la foi, parce que nous étions unis. Celui qui avait un morceau de pain le partageait avec les autres. Aujourd’hui, c’est chacun pour soi et rien de plus. Il n’y a plus de solidarité, c’est cela le vrai problème."

Le texte du Saint Synode ne dit pas autre chose, mais sa portée est plus politique que spirituelle. " Toutes ces pathologies de notre société qui nous ont amenés là existaient depuis des décennies, pourquoi ceux qui estiment nécessaires maintenant ces mesures draconiennes, violemment imposées au peuple grec comme nécessaires, ne les ont pas prises avant", s’interroge le texte, en évoquant la "culture du clientélisme politique, afin de pouvoir rester au pouvoir."

Tous les partis sont mis au banc des accusés. La classe politique "n’a jamais été à la hauteur et n’a jamais voulu parler la langue de la vérité aux peuple." L’Église orthodoxe s’en prend aussi à la population, qui a consommé sans produire et qui a fonctionné "de façon irresponsable privilégiant la "dolce vita" et l’argent facile sans se préoccuper des répercussions sociales."

Certes le Saint Synode reconnaît aussi avoir une part de responsabilité dans cette crise. "Nous n’avons pas réagi assez vite aux comportements qui vous ont blessé", explique-t-il, en faisant allusion aux différents scandales financiers impliquant l’Église orthodoxe. Mais il montre aussi du doigt « ceux qui ont exploité au maximum cette situation » pour détruire la confiance entre les Grecs et leur Église.

Face à la volonté affichée du gouvernement socialiste de lui faire payer des impôts sur son important patrimoine immobilier, ce qu'elle ne faisait pas jusqu'alors, l’Église a recommencé ces derniers mois à revendiquer, comme dans les années 1990, un droit de regard sur les affaires publiques.

Il est à noter que pour retirer ce texte virulent le chef de l'Eglise orthodoxe grecque, l'archevêque Iéronimos, est intervenu pour que le texte ne soit pas lu en chaire. Il est crédité de bonnes relations avec le Premier ministre socialiste, Georges Papandréou, à l'inverse de l'aile droitière et conservatrice de la hiérarchie. (source : ANA)


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