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Du 28 au 31 décembre 2010 (semaine 52)
 

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2010-12-31 -
L'ÉVOLUTION DE L'ÉGLISE ORTHODOXE EN SUISSE


Le nombre d'orthodoxes résidant en Suisse a doublé en vingt ans. Cette évolution importante passe pourtant inaperçue. Une étude inédite présentée début décembre à l'Université de Neuchâtel révèle leur grande capacité d'adaptation.

On estime à 154'000 le nombre d'orthodoxes vivant aujourd'hui sur le territoire helvétique. Ils viennent d'horizons très divers, et représentent la 4ème religion de Suisse. Selon les chiffres du recensement national de 2000, les orthodoxes établis en Suisse sont originaires à plus de 60% d'ex-Yougouslavie. Les autres communautés représentées proviennent principalement de Russie, de Roumanie et de Grèce. Environ un quart des orthodoxes détient le passeport suisse.

Dans le cadre du Programme national de recherche 58, la sociologue Maria Hämmerli a mené durant une année et demie des entretiens dans 14 des 42 paroisses orthodoxes du pays. Jamais une telle étude n'avait été réalisée en Suisse.

L'implantation de l'orthodoxie a échappé jusqu'ici à l'attention du grand public. La chercheuse explique ce phénomène par l'omniprésence des questions soulevées par l'islam ces dernières années. Mais aussi la proximité culturelle de l'orthodoxie avec les pays occidentaux et surtout la volonté des orthodoxes permettent de trouver des consensus bien que l'intégration ne soit pas toujours facile

En juillet 2008, le conseil communal de Marly (FR) refuse d'octroyer un terrain à la paroisse orthodoxe fribourgeoise qui projette de construire une église. Les autorités déclarent alors qu'il est plus judicieux d'y construire des surfaces commerciales. Michel Quenot, recteur de la paroisse, se souvient de cette déconvenue. « On nous a rejetés sous prétexte que nous allions faire du bruit et que le projet n'apportait pas de postes de travail. Nous étions très choqués. »

Malgré cela, la communauté ne fait pas recours. « Nous ne nous sommes pas battus car nous estimons que la venue d'une paroisse doit se faire naturellement », précise Michel Quenot. La communauté a finalement trouvé une solution à Fribourg dans un ancien monastère.

Pour Maria Hämmerli, cette affaire illustre bien la propension des orthodoxes à vouloir s'intégrer sans faire de vagues. « Ils recherchent le consensus avec les autorités, plutôt que de défendre des revendications. »

La sociologue cite d'autres exemples. « A Zurich, les orthodoxes ont accepté qu'on leur impose un projet architectural pourtant très éloigné de l'église qu'ils avaient prévu de construire. » Selon elle, c'est une particularité orthodoxe d’éviter les relations conflictuelles.

L'étude montre aussi que les préceptes et les pratiques orthodoxes font peu obstacle à l'intégration. « L’un des principes importants de l’orthodoxie est celui dit de l’économie. Il permet une application souple des règles religieuses lorsqu’une situation le justifie », assure Maria Hämmerli. Il n'existe pas d'obligations vestimentaires sauf pour l'habit monastique et celui des prêtres.

La chercheuse affirme encore qu'à ce niveau-là, les lois locales priment. Qu'en est-il de la pratique de la religion? « Le nombre de personnes présentes régulièrement aux liturgies dominicales est très faible par rapport au nombre d'orthodoxes déclarés », répond la sociologue. « Mais, ajoute-t-elle, les pratiques sont très variées et plus diffuses que dans le christianisme occidental. » Et de préciser que les églises sont bondées à Pâques et à Noël.

Même s'il s'agit d'une communauté assez discrète, elle exerce des influences à certains niveaux. « Les effets de l'orthodoxie se font sentir à un niveau micro-social ou individuel, lorsque des personnes se convertissent par exemple. »

La principale incidence se produit dans certaines paroisses catholiques et protestantes. « Cela se traduit par la présence d'icônes et la reprise de certains textes patristiques », explique l'auteur de l'étude.

Le prochain défi pour les orthodoxes de Suisse est de trouver un moyen de se faire entendre au travers d'un représentant unique. « Ils sont conscients qu'ils doivent dépasser leur pluralisme ethnique », lance Maria Hämmerli. Ce qui a été réalisé en France par le Conseil des Églises orthodoxes (roumaine, russe, grecque, etc ...) , l'AGOK (Arbeitsgemeinschaft Orhodoxer Kirchen in der Schweiz) tente depuis 2006 de donner une voix commune aux différentes paroisses.

Mais Maria Hämmerli avoue que cet organe peine à réunir les nombreuses communautés représentées. Elle mentionne encore la création d’une assemblée des évêques de Suisse depuis mars 2010. Une structure trop récente pour qu’on puisse en mesurer l’impact, relève notre interlocutrice. Le dialogue avec les autres Églises semble lui aussi harmonieux.

Simon Weber, porte-parole de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, est d'avis que les orthodoxes ne sont pas isolés. « Ils sont membres à part entière du "Conseil suisse des religions". Les relations que nous entretenons avec eux sont courtoises. » (information : Orthodoxie)


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