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2011-03-04 - Pakistan
LE MINISTRE DES MINORITÉS RELIGIEUSES ASSASSINÉ
Seul chrétien du gouvernement pakistanais, Shahbaz Bhatti, se rendait à son ministère dans la capitale Islamabad, quand des hommes armés ont tiré sur sa voiture et l'ont tué. Un meurtre qui soulève une indignation internationale.
Depuis l´affaire Asia Bib, Shahbaz Bhatti était menacé de mort par les extrémistes islamistes pour avoir réclamé une réforme des lois contre le blasphème. Les assaillants, au moins deux hommes à moto, ont pris la fuite après avoir tiré en rafale sur sa voiture, selon la police.
Le Pape a immédiatement fait connaître son émotion et sa prière à l'intention du Ministre chrétien assassiné.
Le
Secrétaire général de l'ONU, Ban-ki-moon, le préisdent Barack Obama,
les évêques pakistanais, la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, et de nombreuses autres personnalités ont dit toute leur réprobation devant un tel assassinat.
En janvier dernier, la "All Pakistan Minorities Alliance" (APMA), réseau qui rassemble les minorités religieuses au Pakistan et dont Shahbaz Bhatti a été fondateur et président, avait fait part de son inquiétude après avoir appris que des organisations terroristes préparaient un attentat pour l´éliminer.
La loi contre le blasphème suscite la polémique au Pakistan depuis novembre 2010, lorsqu´un tribunal a condamné à mort Asia Bibi, une mère de famille chrétienne, qui se disait persécutée pour des motifs de voisinage et non de religion.
Le ministre Bhatti avait déjà fait l´objet d´une "condamnation à mort" de la part de la puissante organisation terroriste Laskar-e-Toiba. "Priez pour moi et pour ma vie. Je ne peux, ni ne veux, revenir en arrière dans mon engagement. Je combattrai l´extrémisme et je me battrai jusqu´à la mort pour la défense des chrétiens", avait alors confié Shahbaz Bhatti.
Le
parti au pouvoir, le Pakistan Peoples Party (PPP) - qui avait choisi et appelé le ministre Bhatti à faire partie de l´exécutif - ne se rangeait pas ouvertement aux côtés du ministre et ne prennait pas sa défense à cause des pressions qu´il subit de la part des partis islamiques fondamentalistes."
Il s´agit du deuxième responsable public tué, cette année, pour s´être exprimé contre la loi sur le blasphème. Le 4 janvier, Salman Taseer, le gouverneur du Punjab, a été tué par l'un de ses gardes du corps.
L'assassin, qui avait invoqué le fait que M. Taseer défendait une chrétienne condamnée à mort après avoir été accusée par des villageoises d'avoir insulté Mahomet et parce qu'il s'était fait l'avocat d'un amendement de la loi contre le blasphème, est devenu un "héros" aux yeux d'une grande partie de la population de la République Islamique du Pakistan.
Depuis deux mois, les manifestations de soutien au policier et hostiles à toute modification de la loi se multipliaient dans le pays et le gouvernement, sous la pression de la rue, répète inlassablement qu'il n'a aucune intention de soutenir l'amendement présenté par certains parlementaires.
Le PPP laisse désormais trop de place aux fanatiques dans la société, estimant que sa survie politique dépend des concessions qu´il fera à la droite religieuse. Mais de cette manière, le parti perd son électorat traditionnel modéré, laïc, populaire et pluraliste".
Dès l'annonce de l'assassinat de Shabbaz Bhatti,
le P.Federico Lombardi, SJ, Directeur de la Salle-de-Presse du Saint-Siège a fait connaître la réprobation du Saint-Siège et la prière de Benoît XVI :
"
L'assassinat de M.Shabbaz Bhatti, Ministre pakistanais pour les minorités, est d'une extrême gravité. Cet acte de violence prouve la justesse des interventions successives du Saint-Père pour dénoncer les violences perpétrées contre les chrétiens et plus largement contre la liberté religieuse. La victime, qui était le premier catholique à occuper une telle fonction, avait été reçu par le Pape en septembre dernier et avait fait part de son engagement en faveur de la coexistence pacifique entre les communautés religieuses de son pays.
A la prière en suffrage de M.Bhatti, à la condamnation d'une violence inqualifiable, à la solidarité à l'encontre des chrétiens pakistanais frappés par la haine, s'ajoute un appel à une prise de conscience générale de ce qu'il est urgent de défendre la liberté religieuse comme les chrétiens persécutés". (source : VIS)
Les réactions dans le monde.
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