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2011-03-04 -
LE PAPE RENCONTRE LE PRÉSIDENT KURDE


En recevant le président de la région autonome kurde d'Irak, Massoud Barzani, lors d'une audience privée, Benoît XVI a évoqué la situation des chrétiens au Kurdistan et en Irak.

Massoud Barzani indique a présenté au Pape les défis que les chrétiens doivent affronter et a rappelé son engagement et celui de son gouvernement pour les soutenir devant les violences qu'ils subissent en Irak, rapporte l'agence catholique SIR. Il a aussi présenté la situation chiffrée des chrétiens qui habitent traditionnellement le Kurdistan et de ceux qui y ont trouvé récemment refuge.

De son côté, le Pape a exprimé à M. Barzani sa gratitude pour le soutien accordé à la communauté chrétienne et les efforts de son gouvernement pour promouvoir la coexistence pacifique et la tolérance religieuse en Irak.

Depuis 2003, plus de 10.000 familles chrétiennes ont émigré dans le Nord de l'Irak, devant la persécution systématique qui les a visées, précise l'agence SIR.

Un récent colloque tenu à Paris éclaire cette rencontre. Il était organiséle samedi 27 février par l’Institut kurde de Paris et a fait le bilan de l’accueil, depuis 2003, de ces 10.718 familles chrétiennes irakiennes dans cette province autonome, un accueil qui s’est encore accéléré depuis le sanglant attentat du 31 octobre 2010 à Bagdad : 2 000 familles seraient arrivées depuis.

M. Fouad Hussein, directeur de cabinet de Massoud Barzani, président de la région autonome kurde, a également fait appel à la générosité de la France et de l’Europe pour faire face au coût que représente cet accueil. " Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) aide les réfugiés irakiens hors d’Irak mais pas les déplacés à l’intérieur du pays", a-t-il déploré.

..." La France et l’Europe ont une tradition d’assistance humanitaire : sans elles, nous n’aurions peut-être pas survécu aux atrocités que nous avons subies dans les années 1980 et 1990. Nous espérons que vous trouverez le moyen de soulager notre fardeau."

Les autorités kurdes versent une aide financière aux nouveaux arrivants pour leur permettre de trouver un logement temporaire. Elles essaient également de trouver un travail aux hommes, et souhaiteraient « de nouveaux équipements pour pouvoir scolariser les enfants en arabe » (la seule langue que parlent la plupart en arrivant), les soigner…

Évêque chaldéen d’Amadia au Kurdistan, fervent défenseur de la province autonome, Mgr Raban Al Qas a confirmé que 370 villages chrétiens avaient déjà été construits, dotés chacun « d’une église ou d’une chapelle et d’une école ». « Il faut être reconnaissant au gouvernement du Kurdistan qui a mobilisé l’argent nécessaire, a-t-il insisté. Dans certains cas, lorsque les chrétiens sont revenus dans le village qu’ils avaient été contraints de quitter il y a quarante ans lors des exactions de Saddam Hussein, les autorités kurdes ont demandé aux habitants de leur rendre leurs maisons.

En filigrane percent d’ailleurs quelques-unes des questions que pose cette installation en masse de chrétiens au Kurdistan. Une « solution parmi d’autres », comme le note un spécialiste du dossier, mais qui n’emporte pas l’adhésion de l’ensemble des évêques irakiens.

Certains imaginent déjà les tensions que pourrait provoquer parmi la population kurde une implantation chrétienne durable, d’autant que les relations entre Kurdes et chrétiens sont loin d’avoir été toujours idylliques par le passé. " Certains Kurdes, arabes ou chrétiens, nous demandent parfois pourquoi cet accueil, certains doutent de nous, nous accusent de duplicité ", a reconnu Fouad Hussein, assurant qu’il ne fallait y voir que le résultat d’une histoire kurde elle-même douloureuse.

La piste d’un « district chrétien autonome » dans le nord de l’Irak, autour de Mossoul (à côté et peut-être en partie à l’intérieur de la province kurde), pose également question.

Certains chrétiens disent vouloir vivre comme des citoyens ordinaires partout en Irak. Pour d'autres une autonomie administrative devrait exister là où il y a une majorité de chrétiens. Mais ce serait alors, créer dans les autres provinces de l'Irak des citoyens de seconde zone , a estimé pour sa part le P. Nejib Mikaël, supérieur des dominicains de Bagdad. (source : VIS et Institut kurde)


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