Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 3 au 6 avril 2011 (semaine 13)
 

-
6 avril 2011 - Chine
DES JUGEMENTS DIFFÉRENTS SUR CE QUE VIT L'ÉGLISE

À la fin de la semaine dernière, et presque à la même heure, deux hauts responsables de l’Église catholique, chinois l’un et l’autre, ont exprimé des jugements différents à propos des moments difficiles que traverse l’Église en Chine.

Le premier, le cardinal Zen Zekiun, est l'ancien évêque de Hong-Kong, un retraité qui reste très attentif à ce qui se passe sur le contnent. Le deuxième, également chinois, Mgr Hon Taifai est secrétaire de la congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui a compétence sur tous les territoires de mission, y compris la Chine et qui a été nommé le 23 décembre paar Benoît XVI.

Vendredi 1er avril, le cardinal Zen a fait paraître sur "Asia News", le site de l’agence de presse en ligne de l’Institut Pontifical des Missions Étrangères, le PIME, un acte d'accusation véhément contre le "triumvirat" qui voudrait reprendre avec la Chine l’Ostpolitik qui fut pratiquée au siècle dernier par le Vatican avec les régimes communistes. Une politique de "dialogue à tout prix" – écrit Zen – désastreuse à l’époque et encore plus désastreuse aujourd’hui, dont le seul résultat serait "d’enfoncer de plus en plus les catholiques chinois dans la boue de l’esclavage".

Le triumvirat mis en accusation par Zen se compose du cardinal Ivan Dias, préfet de la congrégation, d’un "minutante" de la même congrégation vaticane et du P. Jérôme Heyndrickx, célèbre sinologue qui serait leur stratège.

Ces trois personnes agiraient – d’après le cardinal Zen – à la fois contre la ligne dictée par Benoît XVI dans sa lettre de 2007 à l’Église de Chine et contre l'opinion de l’écrasante majorité de la commission créée par le Pape pour suivre la situation en Chine, commission dont Zen lui-même fait partie.

Mgr Hon Taifai ne partage pas tous les points de vue du cardinal Zen et s'en est exprimé ce même vendredi 1er avril dans une interview qu’il a accordée au très officiel quotidien de la conférence des évêques d’Italie, "Avvenire".

Il est le premier Chinois à exercer des fonctions de haut niveau à la Curie romaine. Le 23 décembre dernier, Benoît XVI l’a nommé secrétaire de la congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui a compétence sur tous les territoires de mission, y compris la Chine.

Originaire de Hong-Kong, âgé de 61 ans, jovial, celui qui a la confiance de Benoît XVI, se définit lui-même comme un "théologien peu diplomate". Et de fait, dans cette interview, la première qu’il ait accordée jusqu’à maintenant, Mgr Hon exprime des jugements très directs, sans esquiver quelle que question que ce soit.

Il y ajoute également, en les décrivant d'une manière simple, les points de vue opposés du cardinal Zen et du P. Heyndrickx. Et s'il ne cache pas qu’il est plus proche du premier, il dt tout de go qu'il n’est pas d’accord avec lui sur tous les points.

Le cardinal Zen déplore l´état "désastreux" dans lequel se trouve l´Eglise en Chine, "à cause de la dureté de la politique de Pékin", mais aussi en raison de la politique vaticane, trop semblable à ses yeux "à la désastreuse ´Ostpolitik´ du cardinal Casaroli", sans vouloir sous-entendre Benoît XVI.

Derrière cette politique, il voit un "triumvirat" : le cardinal Dias, le Préfet de "Propaganda Fide", ainsi qu'un de ses hommes de confiance et le Père belge, Jeroom Heyndrickx, un missionnaire de Scheut, spécialiste de l´Eglise en Chine, qui un de leurs conseillers, et qui pousse au compromis avec le régime chinois.

Tout en se félicitant que Rome ait, "à juste titre, le souci d´éviter des ordinations illégitimes", le nouveau secrétaire de la Congrégation pour l´évangélisation des peuples juge nécessaire un discernement plus attentif de la part du Saint-Siège dans le choix des candidats à l´épiscopat. Un discernement plutôt que des condamnations systématiques. Et ce d´autant plus que "le gouvernement chinois a des fonctionnaires très bien formés et habiles négociateurs".

"Avant tout, cependant, en conclut Mgr Hon Tai-Fai, il faudrait comprendre si le gouvernement a véritablement envie de trouver un accord avec le Saint-Siège, ou non".

Entre le 18 avril et le 15 novembre 2010, dix évêques ont été ordonnés en Chine avec l'approbation conjointe de Rome et de Pékin, dans les diocèses de Hohot, Haimen, Xiamen, Sanyuan, Taizhou, Yan'an, Taiyuan, Yuncheng, Nanchang, Zhoucun.

Mais, le 15 novembre, il y a aussi eu, dans le diocèse de Chengde, une ordination illicite, c’est-à-dire effectuée uniquement de par la volonté du gouvernement, sans l'approbation du Pape. Il faut remonter à 2006 pour trouver une autre ordination épiscopale illicite en Chine.

Le fait est que cette attitude peut devenir source d'ambiguités comme celle qui a conduit de nombreux évêques à participer à l´ordination de l´évêque de Chengde, le Père Joseph Guo Jincai, vice-secrétaire général de l´Association patriotique catholique de Chine, l´Eglise officielle. Le Vatican avait qualifié cette ordination ,faite sans son accord, d´"illicite" et de "nuisible". Or huit évêques en communion avec Rome ont participé à cette ordination illicite.

Peu de temps après, du 6 au 8 décembre, les autorités chinoises ont réuni à Pékin une assemblée nationale de représentants catholiques à laquelle ont participé 45 évêques dont beaucoup font partie de ceux qui ont obtenu l’approbation du Vatican. Il a été procédé à l’élection des dirigeants de la conférence des évêques et de ceux de l'association patriotique : deux organisations qui ne sont ni l'une ni l'autre reconnues par le Saint-Siège.

L'ordination illicite de Chengde ainsi que l'assemblée de Pékin ont été désapprouvées par le Saint-Siège dans deux communiqués, l’un du 24 novembre et l’autre du 17 décembre, tous deux très fermes de ton. Or le 30 mars dernier, un nouvel évêque, Paul Liang Jiansen, 46 ans, a été ordonné en Chine, à Jiangmen. Sa nomination a été "approuvée" par le Saint-Siège et simultanément "autorisée" par les autorités chinoises.

L'interview de l'archevêque Hon par Gianni Cardinale, parue dans le numéro du 1er avril d’"Avvenire", est éclairante de l'attitude romaine, autant par ses affirmations que par la pensée qui y est sous- jacente.

Nous la donnons dans le texte publié par Sandro Magister (source : Chiesa)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil