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du 14 au 17 avril 2011 (semaine 15)
 

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2011-04-17 -
LES LIMITES DU DIALOGUE OECUMÉNIQUE


Dans un entretien paru le 7 avril dans la « Rossiyskaïa gazeta », le métropolite Hilarion de Volokolamsk a rappelé les limites aux dialogues interconfessionnels et interreligieux, commentant certains faits récents, y compris avec l'Église romaine.

" Ainsi la prise de position du Patriarche Kirill , lors du concile épiscopal de l'Eglise russe à Moscou, le 2 février 2011. Le Patriarche a souligné que "la discussion sera difficile et de longue haleine". Mais, le président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou souligne les affirmations du Patriarche : "Sur de nombreuses questions, les positions sont communes."

" Sa Sainteté commence par parler des positions communes aux deux Églises, pour dénoncer in fine le prosélytisme grecque-catholique en Ukraine. Et il est clair que les dernières déclarations du jeune primat nouvellement élu de l'Église grecque-catholique d'Ukraine demandant le statut patriarcal renforcent et justifient ces accusations.

" Le silence de Rome sur ce sujet apparait alors comme surprenant … ou significatif: ne s'agit-il pas d'un double jeu qui justifie les imprécations et anthèmes des ennemis du dialogue œcuménique?.

En réponse à la question du journaliste, le métropolite Hila rion : " Comment deux Églises peuvent-elles se positionner comme alliées sans nuire à leur intégrité ?", le métropolite Hilarion réponde :

" J’en appelle à ce qui est en fait exactement le contraire de l’uniatisme, ce moyen de rapprochement fondé sur des compromis doctrinaux.

"J’invite à apprendre à agir en tant qu’alliés, sans le moindre compromis dans le domaine de la doctrine, sans aucune tentative de niveler artificiellement les divergences qui existent entre nous dans le domaine de la dogmatique, de la doctrine de l’Église et de la primauté à l’intérieur de l’Église universelle, sans prétendre à résoudre les problèmes qui existent entre nous, sans être une seule Église, sans que nous avions une administration commune, sans communion eucharistique et en conservant les différences qui font notre différence.

" C’est particulièrement important à la lumière des défis communs qui se posent aux catholiques et aux orthodoxes. Il s’agit avant tout du défi de la sécularisation qui est tout autant l’ennemi des catholiques que des orthodoxes, du défi des courants agressifs de l’islam, du défi de la dépravation morale, de la désagrégation de la famille, du rejet de l’ordre familial traditionnel chez beaucoup de membres des pays traditionnellement chrétiens, du libéralisme dans le domaine de la théologie et de la morale qui ronge le christianisme de l’intérieur.

" Nous pouvons répondre ensemble à ces défis et à d’autres. Nous n’avons pas besoin de compromis doctrinaux, nous avons besoin de collaborer et de coopérer.

... " Les thèmes et la volonté de conservation sont très forts, devant les chocs culturels commedevant les innovations technologiques. Cet état d’esprit conservateur apparaît également lorsqu’il s’agit de relations interconfessionnelles, d’œcuménisme.

" Je pense que l’alliance d’un sain conservatisme et d’une ouverture aux défis de la modernité doit être inhérente à l’Église orthodoxe à toutes les étapes de son existence historique. Il n’y a aucune contradiction, par exemple, entre la conservation de la pureté de l’Orthodoxie et les contacts avec les chrétiens hétérodoxes sous une forme ne contredisant pas la Tradition de l’Église.

..." Il y a œcuménisme et œcuménisme. Il y a des formes malsaines d’œcuménisme : on gomme les frontières entre confessions, les relations inter-chrétiennes consistant à rechercher des compromis dogmatiques. L’Église orthodoxe n’acceptera pas ces compromis. Mais s’il s’agit de dialoguer avec les chrétiens hétérodoxes afin de mieux définir les différences qui existent entre nous et d’élaborer un mode de relations en dépit de ces différences, je pense que nous ne pouvons qu’approuver ce type d’échanges inter-chrétiens. Et ils ne portent en tous cas nullement atteinte à la pureté de l’Orthodoxie.

..." Quant aux relations avec les autres confessions chrétiennes, leur format et leur thématique varie souvent en fonction de la proximité de la doctrine et de la pratique d’une confession donnée avec les nôtres. Les plus proches de nous sur le plan doctrinal sont l’Église catholique romaine et les Églises orientales dites préchalcédoniennes, des Églises qui ne sont pas en communion eucharistique avec nous, mais ont conservé une doctrine de l’Église et des sacrements semblable à la nôtre. Les différentes dénominations protestantes sont beaucoup plus éloignées de nous.

" En dehors des différences doctrinales, une autre sphère de divergences radicales est apparue ces dernières décennies, en particulier avec plusieurs communautés et confessions protestantes qui se sont engagées ces dernières années sur la voie de la révision de la doctrine morale chrétienne afin de l’adapter au plus près aux normes séculières modernes.

" Il existe déjà des communautés protestantes qui reconnaissent les mariages homosexuels. Il y en a même qui ont composé des rites spéciaux pour ce type d’union. Dans certaines communautés protestantes, des homosexuels affichés sont ordonnés au plus haut niveau hiérarchique. Nous ne pouvons accepter ce genre d’innovations, et, dans certains cas, nous rompons les relations, cessons toute espèce de contact avec ces organisations, dans la mesure où leurs positions sont absolument irréconciliables avec les nôtres." (source : Orthodoxie)


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