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du 18 au 21 avril 2011 (semaine 16)
 

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21 avril 2011- France
PARDONNEZ-MOI, MAIS JE SUIS UNE PERSONNE

" Pardon, mais je suis une personne ! " C'est ainsi que dans une tribune publiée par "Le Figaro" le 12 avril , Mgr Pierre d'Ornellas, chargé de la bioéthique au sein de la Conférence des évêques de France, revient sur le projet de loi du Sénat.

A l'occasion du projet de loi du Sénat français, sur la bioéthique le 8 avril, l'archevêque de Rennes donne la parole à un embryon avec humour et vérité.

"Hier, un "sage" du Palais du Luxembourg m'a étiqueté d'un étrange nom : « bébé-thalys ». J'en suis tout remué ! Quel avenir me préparez-vous par vos noms ? Pour vous, qui suis-je ?

" En 1994 et 2004, j'étais le « grand absent » des lois de bioéthique qui, pourtant, statuaient sur les conditions de ma conception. Tout le monde me désirait. Aucun ne parlait de moi. Étais-je leur rêve ou un mythe ? Aujourd'hui, certains m'imaginent de tel sexe ou avec tel trait. D'autres me veulent « zéro défaut ».

" Votre diagnostic prénatal est en vue de me guérir 'in utero'. Pourquoi donc vouloir me dépister systématiquement ? Mon nom serait-il « bébé-problème » ? Dois-je être traqué ? Faites donc confiance au soignant qui aide ma mère, surtout s'il me croit vulnérable !

" Les grands, à New York, dans une belle Convention 1, ont estimé que mon « intérêt supérieur » devait être la « considération primordiale » de vos décisions d'adultes. C'était en 1989. Y pensez-vous ? Ils ont établi mon droit à connaître mes « parents ».

" Mais vous, vous vous êtes mis dans un grand embarras. Vous estimez que mes parents sont ceux qui me font grandir avec amour. C'est bien. Mais pourquoi, à votre gré, m'avoir assigné une origine génétique inconnue ? Certains de mes frères et sœurs en souffrent. D'autres sont satisfaits de cet anonymat.

" Puis-je faire une remarque de bon sens ? Vous avez en votre corps des cellules destinées à me donner la vie. Par égard pour moi, n'en faites pas n'importe quoi. Elles vous engagent à une responsabilité infiniment plus belle et grave que le don d'organes, de tissus ou de cellules.

" Savez-vous ? Je suis « moi » grâce à ma filiation. J'ai besoin de cette origine filiale. Ne la brouillez pas ! La trafiquer mène à des impasses, à des violences rentrées. D'ailleurs, pour choisir ma lignée génétique, m'avez-vous demandé mon avis ?

" De même, vous avez décidé sans moi de m'utiliser pour guérir. Pour vous justifier, vous me cherchez le meilleur nom. « Bébé-médicament » ! Ce nom choque car il me désigne comme objet pour guérir. Alors vous dites : « bébé du double espoir », « bébé-docteur », « bébé-sauveur ».

" Comme vous, j'ai l'espoir que ma sœur ou mon frère aîné guérira. Vos représentants ont enfin compris que mon cordon ombilical est une « ressource thérapeutique ». Dépêchez-vous d'en organiser très largement la collecte. Cela vous évitera de m'utiliser. D'ailleurs, vous saviez que je mérite le respect puisque vos lois statuent encore que le « bébé sauveur » n'est qu'"expérimental" Mais alors, pourquoi vos sages ont-ils voté la banalisation de mon utilisation pour guérir ? Instrumentaliser ma conception est si blessant pour moi ! Chercher la guérison suffit-il à faire de moi un moyen ?

" Sous prétexte que deux femmes prennent le Thalys pour se faire faire un bébé comme moi en Belgique, vos « sages » ont voté que cela se réalise en France. Suis-je donc un simple objet de fantasmes ? Et mon intérêt supérieur, qu'en font-ils ? Apparemment, ils le défendent puisqu'ils maintiennent le refus de la gestation pour autrui où moi, je subis un abandon, et ma « mère », une sorte d'esclavage.

" Mais ont-ils songé à mes droits, au moins celui d'avoir un père et une mère ? Ce qui, selon 90% des Français 2, est le mieux pour moi ! Pourquoi m'infliger une filiation incohérente ? En France, mes droits ne pèsent-ils donc plus rien face à ces désirs d'adultes, qui ne sont pas des droits ?

" Les noms que vous m'infligez ne reflètent-ils pas vos rêves d'adultes ? Ni sauveur ni docteur, ni objet ni moyen, je suis une « personne ». Tel est mon nom. Unique est mon visage. Je vous en prie, aimez-moi pour moi-même ! J'apprécie les cathos qui disent : « la personne est la seule créature que Dieu a voulue pour elle-même. » Leur regard profond rejoint nombre de vos penseurs qui reconnaissent que, bébé, j'ai le droit d'exister pour moi-même.

" Reste un nom, celui du plus petit d'entre les miens : « embryon humain », mon frère en humanité. Pourquoi donc vos « sages » manquent-ils de confiance en la science en autorisant sa destruction ? L'interdire est loin d'être hypocrite ! Au contraire, j'y vois votre cohérence. Elle me donne confiance en vous, les adultes, qui portez les choix de l'avenir.

" J'attends beaucoup de la science. Elle ira loin en respectant mon frère en humanité. Respectez aussi ma filiation, et accueillez-moi avec joie, en m'adoptant si besoin. Je n'y peux rien d'être petit, entièrement confié à votre responsabilité d'adultes. Pardon d'être une personne !" Mgr Pierre d'Ornellas. (source : VIS)


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