Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 25 au 28 mai 2011 (semaine 21)
 

-
28 mai 2011- Chine
ENRACINER DANS LEUR PROPRE CULTURE

Depuis quelque temps l
es structures occidentales de l'Église romaine sont mises en cause quant à leur approche des réalités du continent asiatique, tout particulièrement au Japon, et même dans certaines régions de l'Inde et en Chine.

Les évêques japonais ont peu apprécié la manière d'agir des "dicastères" à propos des décisions concernant le "Chemin Néo-catéchuménal" ; les Église catholiques orientales en Inde sont réticentes quant à une certaine latinisation canonique souhaitée par certains services romains ; le statut des Églises locales en Chine face au gouvernement n'est pas jugé d'une manière semblable à Rome et dans les provinces chinoises. Lea nomination récente de Mgr Hon Taifai à la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, est significative de l'attention que Benoît XVI porte à cette situation.

L'Extrême-Orient va jouer un rôle considérable dans le prochain millénaire. La faiblesse de l'implantation chrétienne dans ces pays n'en est que plus frappante. A part les Philippines, où ils représentent 80 % de la population, les catholiques sont partout une minorité. Au Japon, ils ne sont que 400.000 et partout ailleurs, sauf au Vietnam et au Sri Lanka, ils ne constituent jamais plus de 3 % de la population. "C'est à la fois une inquiétude et une promesse", écrivait il y a quelque temps le P. Henri Madelin, religieux jésuite.

Les Eglises, en effet, grandissent dans des pays où la jeunesse est nombreuse et où le besoin de changement se fait sentir de tous côtés. Raison de plus pour revivifier la mission qui ne date pas d'aujourd'hui, comme en témoigne l'épopée des grands précurseurs, Alexandre de Rhodes pour le Vietnam, Robert de Nobili pour l'Inde et Ricci pour la Chine.

Xu Guangqi présente un autre aspect de l'inculturation évangélique dans la Chine de l'empire Ming. Le "docteur Paolo était non seulement un lettré respecté, mais il était un fonctionnaire de haut rang. Il était chinois. Né en 1562 dans la banlieue de Shanghai et décédé en 1633 à Pékin, il devint ministre. Admis à l'administration de la cour impériale pendant les dernières décennies de la dynastie des Ming, il rencontre le Père Matteo Ricci qui le convertit au catholicisme, le baptise sous le nom de Paul Xu Guangqi et lui enseigne les sciences occidentales.

Comme pour le P. Matteo Ricci, le Pape Bnoît XVI est favorable à ce qu'ils soient reconnus "bienheureux".

A l'ombre de ces inventeurs du mariage entre cultures et foi chrétienne, beaucoup d'autres défricheurs ont accompli des prouesses étonnantes dans l'expansion missionnaire. Cette histoire n'est pas finie.

Pour faire retentir l'Evangile chez eux, les catholiques des pays asiatiques ont à enraciner la foi dans leurs propres moeurs et à se confronter théologiquement avec d'autres religions millénaires, nées en Asie, et qui regardent le christianisme avec circonspection, comme l'hindouisme, le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme pour ne citer que les plus marquantes. Ce travail de confrontation est impératif. Il réclame des ouvriers courageux.

L'Eglise catholique, « en tant que communion, a dit un évêque indonésien, ne doit pas devenir une communion fermée ». Elle doit tenir à distance certains aspects de la centralisation romaine ou d'une orthodoxie qui ne serait que le reflet de la tradition occidentale.

Mais si l'« inculturation » de la foi chrétienne appelle une ouverture aux données culturelles de chaque pays et un hommage à ses ressources propres, c'est sans jamais perdre de vue le souffle de l'Evangile et la lumière critique qu'il porte sur toute culture, quelle qu'elle soit. Cela suppose d'avoir les coudées franches au plan de la réflexion, de la formation, de l'expression dans la liturgie.

Il convient que les Eglises d'Extrême-Orient perdent « leur aspect de copie carbone des Eglises des sociétés occidentales.

Indispensable, l'inculturation est, en même temps, secouée par les processus de mondialisation. L'Asie dans son ensemble vit une crise de ses modèles de développement. Les valeurs asiatiques sont précieuses mais elles n'appartiennent pas à une autre planète que celle des droits de l'homme tels que les conçoivent les Occidentaux _ même pour un pays fier comme la Chine. Pratique de la démocratie à la base, liberté de réunion, secret de la correspondance, respect de la vie privée, droit d'association ne sont pas des valeurs négligeables.

Elles sont universelles et donnent sens à toutes sortes d'expériences dans des cultures différentes. Les chrétiens d'Asie doivent se familiariser avec cette nouvelle culture mondiale tout en contribuant au développement original de leur propre pays. Ils doivent se considérer comme des membres à part entière de la communauté nationale et non comme des survivances d'un lointain passé. Les défis de leur pays sont les leurs. Ils doivent chercher à y répondre selon une perspective chrétienne. Comme le dit le théologien indien, Michael Amaladoss, les chrétiens doivent essayer de collaborer avec d'autres croyants et avec tous les hommes d'ouverture afin « de donner chair » aux valeurs subversives du royaume de Dieu. (source : Asianews)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil