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du 17 au 19 juin 2011 (semaine 24)
 

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19 juin 2011-
LA DÉCLARATION DE Mgr HON

Voici quelques-uns des passages les plus significatifs de l'interview accordée par Mgr Hon, qui doit désormais être considéré comme le principal stratège de la politique vaticane en ce qui concerne la Chine.

À propos de la menace d’ordination épiscopale illégitime à Hankow

Mgr Hon : D’après ce que je sais, les fidèles de Hankow ont réagi et, code de droit canonique en main, ils ont demandé au gouvernement et à l’Association patriotique de ne pas faire ce geste et d’éviter cette ordination.

Il semble que le candidat, le père Shen Guoan, ne veuille pas non plus céder. Je voudrais lui dire, de frère à frère : Je te fais confiance pour te comporter de manière correcte ; et il n’y a pas d’autre comportement correct que de refuser.

– À propos des conséquences des ordinations illégitimes

Mgr Hon : Pratiquer pendant une longue période la méthode de l’élection et de l’ordination autonome d’évêques sans l’approbation du pape détruit tôt ou tard l’Église et tôt ou tard les fidèles eux-mêmes n’iront plus chez ces évêques séparés du Saint-Siège.

– Pourquoi certains évêques et prêtres se soumettent

Mgr Hon : Parce que, s’ils ne le font pas, ils sont punis. Ils perdent les subventions de l’État pour le diocèse ; ils rencontrent des obstacles dans leur travail pastoral quotidien ; ils sont pénalisés dans leur carrière (par exemple ils ne sont pas promus à l’assemblée consultative du gouvernement) ; ils n’obtiennent pas d’autorisations de se rendre à l’étranger ou de voyager à l’intérieur de la Chine ; ils sont contraints de subir des cours de rééducation. Une autre punition grave est l’isolement forcé par rapport aux autres évêques, aux prêtres et aux fidèles.

Un exemple : Li Lianghui, évêque de Cangzhou, qui a refusé de participer à l’Assemblée des représentants catholiques au mois de décembre dernier, subit actuellement des séances de rééducation. Mais justement cet exemple montre qu’il est possible de refuser de se soumettre.

– Encore à propos de ceux qui se soumettent et de ceux qui, au contraire, résistent

Mgr Hon : Il y a des opportunistes qui acceptent le compromis et l’habillent de motivations élevées : ils disent qu’ils le font pour le bien de l’Église, parce que l’évangélisation est urgente, pour obtenir des aides de l’État... Mais ces avantages sont faux : quand l’Église est détachée de la pierre, de Pierre, l’Église s’affaiblit automatiquement. Lorsqu’un évêque se soumet, il accomplit de fait un acte public qui crée le scandale et qui est un contre-témoignage pour les fidèles, et il affaiblit l’histoire héroïque des évêques si nombreux qui ont résisté.

Naturellement les autorités chinoises savent choisir leurs candidats parmi ceux qui sont les plus fragiles et les plus disposés au compromis. Mais nous savons qu’aujourd’hui plusieurs de ces candidats à l'épiscopat résistent, qu’ils ne veulent pas être ordonnés sans toutes les garanties canoniques et sans l’approbation du pape. Il y a des candidats qui se sont obstinés et qui n’ont pas accepté d’être ordonnés par des évêques excommuniés ou avant que l’approbation du pape ne soit arrivée. Devant leur ferme résistance, le gouvernement n’a rien pu faire.

– À propos d’une issue pour les plus faibles

Mgr Hon : Dans la situation actuelle en Chine, cela vaut la peine de conseiller à ces évêques et à ces prêtres qui se sentent faibles ou incapables de résister aux pressions, de demander à être déchargés de leur service pastoral et d’avoir le courage de suspendre leur ministère.

– À propos des sacrements administrés par les évêques illégitimes

Mgr HON : La lettre adressée par le pape aux catholiques chinois en 2007 a permis jusqu’à maintenant de recevoir les sacrements même d’évêques illégitimes, pour le bien des fidèles et dans des circonstances exceptionnelles. Mais si cette situation doit devenir une constante, je crains qu’il ne faille revoir cette indication et expliquer aux fidèles, chinois et aussi étrangers, qu’il n’est pas possible de recevoir de ces évêques un sacrement. En effet, si l’on continuait à ne faire aucune différence, les fidèles ne comprendraient plus qui est fidèle au pape et qui ne l’est pas et l’on risquerait d’embrouiller la foi des gens simples.

– À propos des mesures à prendre vis-à-vis des évêques illégitimes

Mgr Hon : Après l’ordination illégitime de Chengde, le Saint-Siège a publié un communiqué de condamnation. Mais il n’a pas dit une chose : que le fait d’être évêque et le ministère pastoral sont deux choses distinctes. On devient évêque grâce à l’ordination sacramentelle, mais on devient pasteur d’une partie du peuple de Dieu grâce à l’approbation du pape. Cela signifie qu’un évêque illégitime a bien obtenu l’ordination et qu’il est donc évêque, mais qu’il n’a aucun droit de gouverner les fidèles parce qu’il n’a pas l’approbation du pape. Dans le cas de Chengde, l’ordination est valide même si elle est illicite, mais le nouvel ordonné n’a aucun pouvoir de direction sur son troupeau. Cela signifie que les fidèles de Chengde n’ont pas le devoir de lui obéir et que lui-même n’a pas le pouvoir d’ordonner des prêtres.

Je pense que, pour sortir de cette situation d’ambigüité, il est important de demander aux évêques qui ont été amenés à accomplir des gestes contraires au mandat du pape – ordinations, assemblées, etc. – de faire des gestes publics de pénitence.

– À propos du soutien apporté par des théologiens américains et européens à l’"autonomie" de l’Église chinoise

Mgr Hon : Il y a malheureusement, en Amérique et en Europe, une théologie qui est en train de pénétrer également dans l’Église chinoise. Cette théologie revendique précisément l’autonomie dans le choix des évêques et l’indépendance par rapport au Saint-Siège. C’est ainsi qu’il y a en Amérique et en Europe des gens qui poussent les évêques chinois à se comporter de cette manière. “Si vous réussissez – leur disent-ils – nous vous suivrons”.

Il y a peu de temps encore, ces problèmes d’indépendance et d’autonomie n’existaient qu’au niveau des rapports avec le gouvernement. Maintenant ils se posent également au niveau théologique.

– À propos des moyens de faire libérer les évêques emprisonnés

Mgr Hon : Lors de toutes les rencontres avec des représentants du gouvernement chinois, nous insistons continuellement pour que ces frères soient libérés. Mais le gouvernement ne nous donne pas satisfaction. Ces évêques sont âgés, malades, leur libération devrait aussi être un geste humanitaire. Mais malheureusement nous n’obtenons pas de réponse. Peut-être faudrait-il lancer des appels publics au lieu de le demander en tête à tête.
(source : Chiesa)

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