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du 24 au 28 juin 2011 (semaine 25)
 

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28 juin 2011-
LE PAPE CHOISIT "SON" ÉVÊQUE POUR LE DIOCÈSE DE MILAN

Pour le diocèse le plus grand et le plus prestigieux du monde, le Pape avait un nom en tête, un seul nom. Et il s'est montré inflexible contre toutes les oppositions et même sans tenir compte de l’avis de son secrétaire d’État.

La nomination de l'actuel patriarche de Venise, le cardinal Angelo Scola, comme archevêque de Milan, son diocèse natal est sans doute significative d'autant qu'il a été formé à l'école de deux grands maîtres: Giussani et Ratzinger.

Si sa nomination avait dépendu d’une décision collégiale, prise par le haut clergé et les principaux responsables du laïcat milanais, jamais elle ne serait passée, notre le vaticaniste Sandro Magister.

" Et moins encore si Benoît XVI avait tenu compte de l’avis de son secrétaire d’État, le cardinal Tarcisio Bertone. Mais le doux Joseph Ratzinger s’est montré inflexible sur ce point. Pour le diocèse le plus grand et le plus prestigieux du monde, le pape avait un nom en tête, un seul nom. Et il a tenu bon contre toutes les oppositions."

" Benoît XVI, ajoute Sandro Magister, ne passera pas à l’histoire comme un grand homme de gouvernement. Il a laissé la Curie vaticane telle qu’il l’avait trouvée, c’est-à-dire dans le désordre où elle était déjà tombée avec son prédécesseur Karol Wojtyla, trop mondialiste pour s’occuper des affaires internes."

" En ce qui concerne les plus hautes charges de la curie, le Pape Ratzinger s’est limité, en six ans, à un tout petit nombre de nominations, pas toutes satisfaisantes, portant sur des hommes qu’il connaissait personnellement. La première, celle de Bertone comme secrétaire d’État, s’est révélée rapidement une source de difficultés plutôt que d’avantages pour le pape."

Mais la plus récente, celle du cardinal canadien Marc Ouellet à la tête de la Congrégation qui évalue et propose au pape la nomination de tous les nouveaux évêques, promet de lui apporter davantage de consolation. En ce qui concerne l’envoi de Scola à Milan, l’entente entre Ouellet et Ratzinger a été parfaite.

Et il devait en être ainsi. L’entente entre ces trois hommes existe depuis longtemps, elle a été forgée dans des combats qu’ils ont menés ensemble. La revue théologique internationale "Communio", fondée en 1972 par Ratzinger, Hans Urs von Balthasar et Henri de Lubac comme contrepoids conservateur au succès de la revue progressiste "Concilium", a eu précisément en Scola et Ouellet des adeptes de la première heure et elle s’est développée tout autant à Paris qu'à Fribourg en Suisse, à la faculté de théologie où Scola était étudiant.

En 1970, Scola est ordonné prêtre non pas à Milan, le diocèse où il était né, mais à Teramo dont l’évêque, Abele Conigli, l’avait accueilli lorsque les séminaires milanais auxquels Scola s’était adressé trois ans plus tôt, après avoir obtenu une maîtrise de philosophie à l'Université Catholique, l'eurent rejeté parce qu’il militait au sein de "Communion et libération," mouvement qui inspirait de fortes réserves à Giovanni Colombo, archevêque de Milan à cette époque.

Le jeune Scola était l’un des disciples les plus en vue du fondateur de Communion et libération, don Luigi Giussani. Avec l’avènement, en 1978, de Jean-Paul II, la route fut aplanie pour don Giussani et pour son mouvement. Scola commença à enseigner la théologie à Fribourg. Puis, à partir de 1982, à l’Université Pontificale du Latran, à Rome. En 1986 il devint consulteur de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dont le préfet était le cardinal Ratzinger.

En 1995, il est à Rome, en tant que recteur de l’Université du Latran, où il préside un "Institut Pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille" ayant des filiales dans le monde entier. En 2002 il est nommé patriarche de Venise et, l'année suivante, il est créé cardinal.

" Son maître Ratzinger, même en tant que pape, continue à le prendre en considération. Lorsque, ce qui arrive rarement, Benoît XVI consulte des cardinaux à propos des grandes questions qui se posent à l’Église, Scola fait partie de ceux-ci."

Scola fonde à Venise, sous le nom de saint Marc, patron de la ville, un "Studium generale". Celui-ci comporte tous les degrés du savoir, depuis l’enfance jusqu’à l'université, et accueille des étudiants provenant de nombreux pays pour des cours portant sur plusieurs disciplines, avec la théologie qui les embrasse toutes, et il possède sa propre maison d’édition.

Il crée, sous le nom d’"Oasis", une revue et un centre culturel international qui constitue un pont vers l'Orient, depuis l'Europe de l'Est et l’Afrique du Nord jusqu’au Pakistan, et qui travaille en plusieurs langues, y compris l'arabe et l'ourdou, en portant une attention particulière à l'islam et aux chrétientés présentes dans ces pays, des colloques réunissant périodiquement leurs évêques ainsi que des experts chrétiens et musulmans.

" Chez lui l'expérience vitale, la rencontre personnelle avec le Christ, l’emportent sur les arguments tirés de la raison, comme le lui a toujours enseigné don Giussani. Mais cette polyvalence dans l’expression s’est révélée pour lui un avantage au niveau de l’opinion publique." Bien qu’il vienne de Communion et libération et qu’il soit indubitablement dans la ligne ratzingerienne, Scola a bonne presse à droite comme à gauche, plus que tout autre dirigeant ecclésiastique italien.

" Benoît XVI est convaincu que, après deux épiscopats hors normes tels que ceux de Carlo Maria Martini et de Dionigi Tettamanzi, le moment était venu de nommer enfin à Milan un évêque qui soit plus en harmonie avec sa propre manière de voir.

" Dans l’esprit du Pape Ratzinger, il n’y avait pas d’alternatives à la candidature de Scola et certainement pas celles que le secrétaire d’État Bertone, cette fois encore très occupé à barrer le passage à Scola, a imaginées jusqu’au dernier moment. Pour Benoît XVI, afin de remettre le diocèse de Milan dans le droit chemin, il faut reprendre la tradition des grands évêques "ambrosiens".

Le diocèse de Milan, c'est 5.334.788 habitants dont 4.887.611 catholiques. C'est aussi 2.870 prêtres et 118 diacres. (source: Chiesa)


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