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du 13 au 16 octobre 2011 (semaine 41)
 

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16 octobre 2011-
LES CHRÉTIENS NE SOUTIENNENT PAS LES DICTATEURS


L´archevêque catholique de Bagdad, Mgr Jean Sleiman Benjamin, rejette l´accusation selon laquelle les chrétiens du Moyen-Orient se tiennent du côté des anciens régimes. La minorité chrétienne dans la région ne soutient aucun dictateur.

Il a évoqué les chrétiens de Syrie. Ils constituent une "force d´opposition massive" au régime du président Baschar al-Assad. Mais il a également exprimé sa crainte de voir des dictatures religieuses et fondamentalistes remplacer les anciens régimes.

Il n´est pas encore certain que le "printemps arabe" soit réellement un "printemps".

Les chrétiens ont exigé le respect de leurs droits et de leur dignité. Ils ont, comme tous les autres, le désir de vivre en paix dans leur patrie, a affirmé l'archevêque de Bagdad qui participait à la "Conférence des évêques latins des régions arabes" (Celra), qui a pris fin à Rome le 13 octobre.

Le P. Pascal Gollnisch, directeur de l'Oeuvre d'Orient, explicite cette réaction de Mgr Jean Sleiman Benjamin, dans un entretien avec le quotidien "La Croix" a propos d'une déclaration du patriarche maronite Bechara Boutros Raï, accusé par une certaine presse française, de soutenir le président syrien dans la répression menée en Syrie.

La lecture et le sens des déclarations du Patriarche ne sont pas à prendre selon les points de vue des occidentaux, qui ignorent les problèmes de fonds et leurs conséquences au Proche-Orient.

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La situation des chrétiens est liée à la situation des pays concernés, explicite le P. Gollnisch. " Ils partagent les mêmes difficultés, tout en étant victimes d’un statut minoritaire. Cette vulnérabilité peut, paradoxalement, donner aux chrétiens une mission spécifique au service du dialogue et de la paix.

" Dans plusieurs pays, les chrétiens sont les médiateurs par qui des groupes peuvent se parler. Ils peuvent faire progresser les droits fondamentaux. Ils savent que des partitions ethnico-religieuses ne seraient pas une solution viable. Les libertés reconnues ou refusées aux chrétiens sont un excellent baromètre pour évaluer les libertés dans un pays. En ce sens, le départ des chrétiens est toujours un désastre pour un pays.

" C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre l’intervention de Mgr Bechara Boutros Raï, patriarche maronite du Liban, élu en mars 2011 et – selon la tradition – invité le mois dernier par la France en ami. Il a pu rencontrer les plus hautes autorités de notre pays. Homme de dialogue, de paix et d’ouverture, il n’a cessé de répéter qu’il n’était pas un homme politique même si l’histoire du Liban lui confère une dimension nationale.

" Il a su rassembler au Liban des personnalités chrétiennes et musulmanes pour aider chacun à prendre de la hauteur face au quotidien. En France, malheureusement, il a été plus souvent interrogé sur la situation syrienne que sur l’Église maronite.

" Certains en Syrie veulent à tout prix le maintien du régime actuel sans savoir quelles pourraient être les évolutions possibles. D’autres exigent le départ de Bachar Al Assad sans savoir par qui le remplacer. Le patriarche libanais maronite, en tant qu’autorité spirituelle, invite, en Syrie comme ailleurs, à prendre de la hauteur.

" Son but n’est pas de « prendre parti ». Il n’hésite pas à condamner la violence actuelle. Il sait que les chrétiens syriens sont traumatisés par la situation irakienne : qui peut le leur reprocher ? Il sait que nul n’est capable d’envisager clairement l’avenir, et qu’un bain de sang est une hypothèse plausible : qui peut le nier ?

" Les conflits en Égypte, en Tunisie, en Libye sont intérieurs au monde sunnite. Le conflit syrien, entre sunnites et alaouites, peut dramatiquement dégénérer.

" Le patriarche sait parfaitement que des réformes sont indispensables en Syrie ; il souhaite que les chrétiens n’en fassent pas les frais. Certains en Occident sont prompts à distribuer des bons ou des mauvais points. Ils seraient mieux avisés d’évaluer les conséquences des interventions extérieures pour les chrétiens d’Orient, spécialement en Irak et en Palestine." (source : Oeuvre d'Orient)


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