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1 février 2012-
MOSCOU, LA TROISÈME ROME...

Moscou redeviendrait-elle "la troisième Rome", ou une nouvelle Rome orthodoxe ? Depuis quelques temps, le patriarcat de Moscou multiplie les prises de position sur l'Orthodoxie mondiale, au risque d'incommoder Constantinople.

Ces derniers temps, ce fut une série de prises de position retentissante à propos de l'affaire de l'arrestation de l'higoumène Ephrem du monastère de Vatopédi, dans le cadre d'une enquête immobilière, une arrestation qualifiée d' "attaque contre la spiritualité athonite et l'orthodoxie toute entière" par le patriarcat de Moscou.

Agacé par les multiples déclarations de dignitaires orthodoxes russes pour défendre l'higoumène, le patriarcat de Constantinople dut publier une mise au point assez cinglante afin de défendre la neutralité de l'Eglise orthodoxe face à l'institution judiciaire grecque.

Puis il y eut la visite du patriarche d'Alexandrie Théodore II à Moscou, durant laquelle le titulaire d'un des plus anciens patriarcats de l'Eglise reçut le prix de la Fondation internationale de l'unité des peuples orthodoxes, une fondation russe, et durant laquelle le patriarche Kirill promit l'aide "par tous les moyens" de l'Eglise orthodoxe russe aux chrétiens persécutés du Moyen-Orient.

Ces derniers jours, suite à l'assassinat en Syrie, dans des circonstances encore obscures, du jeune prêtre grec-orthodoxe Basile Nassar, c'est le métropolite Hilarion, le "ministre des affaires étrangères" du patriarche Kirill et étoile montante de l'orthodoxie russe, qui a réagi le premier, tandis que ni le site du patriarcat d'Antioche dont dépendait le jeune hiéromoine, ni le site du patriarcat de Constantinople ne soufflent mot de l'affaire. Et le métropolite Hilarion n'a pas hésité à déclarer que "Basile Nassar est un nouveau martyr".

Il y a également dans l'immédiat l'aide généreuse offerte par le patriarcat russe à la Grèce, la Grèce qui est canoniquement autocéphale mais dont les diocèses du nord sont dans la mouvance de Constantinople. Le patriarcche Kirill, recevant en audience Antonis Samaras, chef du parti grec "Nouvelle démocratie" (conservateur), a en effet déclaré avoir "donné sa bénédiction pour rassembler des fonds dans les églises de Russie pour aider les Grecs qui font face à des problèmes en raison de la crise".

Une proposition que Bartholomée de Constantinople serait bien en peine de faire, alors que son siège patriarcal est sous le contrôle étroit d'un Etat turc qui ne semble guère pressé de rendre son prestige à un siège longtemps rival de Rome et de Moscou.

En fait, la succession de Bartholomée et la pérennité de son siège patriarcal dépendent largement du bon vouloir des autorités turques, qui refusent toujours la réouverture du séminaire de Halki, crucial pour la formation d'un successeur. L'orthodoxie russe, en revanche, affiche une santé insolente.

A quoi s'ajoutent les nombreuses visites et rencontres du patriarche Kirill, la dernière en date ayant eu lieu à Moscou, le 22 janvier.

Le patriarche Théodore II d'Alexandrie et de toute l'Afrique a célébré le dimanche 22 janvier 2012 la Divine liturgie à la cathédrale Christ-Sauveur de Moscou avec le patriarche Kirill dont il a été l'hôte pendant plusieurs jours.

En saluant à la fin de la liturgie son hôte, le patriarche Kirill a notamment affirmé: "Nous avons prié aujourd'hui pour les chrétiens en Afrique, surtout ceux vivant dans le Nord de l'Afrique, où le sang des chrétiens est souvent versé de nos jours. Mais nous n'avons pas prié que pour eux. Nous savons qu'en Afrique centrale on tue également des chrétiens".

Le patriarche Cyrille a ajouté que "l’Église orthodoxe russe est toujours prête à aider et à soutenir la mission [en Afrique], parce que là où il y a des dangers et des difficultés, nous devons être ensemble pour annoncer l’Évangile du Christ Sauveur".

Le patriarche Théodore II a reçu le samedi à Moscou le prix "Patriarche Alexis II" 2011 de la Fondation internationale de l'unité des peuples chrétiens orthodoxes. (source : AP)

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