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du 13 au 16 mars 2012 (semaine 11)
 

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16 mars 2012 -
LE RECUL DU CATHOLICISME EN AMÉRIQUE LATINE


Selon les derniers chiffres publiés par le Saint-Siège, l’Église catholique connaîtrait pour la première fois une érosion de ses effectifs sur le continent latino-américain.

" Je ne suis pas surpris, commente le P. Luc Lalire, responsable du pôle Amérique latine de la Conférence des évêques de France. Déjà, en 2007, lors de la venue de Benoît XVI à Aparecida, on constatait une érosion très forte de la pratique au Brésil dans les dix années précédentes. Elles sont la conséquence de la sécularisation liée à la pauvreté, conjuguée au prosélytisme de la nébuleuse évangélique."

" Si certains pays restent fortement marqués par le catholicisme, tels la Colombie, l’Argentine ou le Mexique, il y aurait plus de 20 % de pentecôtistes au Brésil, 30 % au Guatemala et entre 15 et 20 % au Chili, détaille l’universitaire. Ces données varient selon les régions. Au Chiapas, par exemple, dans le sud du Mexique, 70 % de la population aurait déserté l’Église catholique."

Selon Jean-Pierre Bastian, sociologue des religions, spécialisé sur l’évolution du champ religieux latino-américain, cet affaiblissement remonterait même aux années 1970, et se serait accéléré à partir des années 1990. Sans doute, la montée du pentecôtisme qui gagne peu à peu l’ensemble du continent, mais pour le P. Lalire, le succès des évangéliques se croise avec un autre phénomène, celui de la sécularisation.

C’est peut-être la clé principale d’analyse : l’option préférentielle pour les pauvres, formulée en 1979 par le Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), devient de plus en plus compliquée à mettre en œuvre.

Mais il faut prendre en compte d'autres réalités. " Partout, la drogue gagne du terrain et engendre une violence qui déstructure la société et la famille. Face à cette insécurité, des communautés religieuses sont contraintes de partir, le racket dissuade de plus en plus de prêtres de s’installer dans les quartiers pauvres."

À l’inverse, le pentecôtisme a su s’enraciner auprès des classes les plus démunies : " C’est un christianisme de l’émotion qui se propage par les autochtones, analyse Jean-Pierre Bastian. Ses adeptes se reconnaissent dans leurs leaders, issus du peuple, alors que l’Église catholique compte encore peu d’Indiens et de noirs dans son clergé."

Aujourd’hui, ces mouvements, quoique extrêmement fragmentés, tendent à se rassembler en confédérations pour défendre leurs intérêts : au Brésil, des pentecôtistes ont conquis plusieurs sièges au Parlement, tandis qu’au Chili, le statut d’organisation de droit public leur a été reconnu, au même titre que l’Église catholique.

Il n’est donc doute pas un hasard si Benoît XVI accorde une attention constante au continent latino-américain, que ce soit à travers sa venue au Brésil en 2007, à Cuba et au Mexique du 23 au 29 mars 2012, ou même l’annonce des prochaines Journées mondiales de la jeunesse, qui se tiendront à Rio de Janeiro en 2013.

Promue il y a cinq ans à Aparecida, lors de sa venue, la nouvelle « dynamique missionnaire » s’est déployée avec plus ou moins d’efficacité sur le continent : "L’enjeu ne change pas : il s’agit de réaffirmer l’option préférentielle pour les pauvres, qui n’est simplement l’option de l’Église mais l’option de Dieu".

Selon Jean-Pierre Bastian, qui relativise toutefois l’érosion du catholicisme latino-américain, ce déclin numérique ne correspond pas à un déclin des pratiques. "Le catholicisme a perdu de sa masse, mais il n’en demeure pas moins hégémonique." (source : La Croix)


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