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du 17 au 20 mai 2012 (semaine 20)
 

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20 mai 2012 -
LES ÉTATS-UNIS, LES CHRÉTIENS ET LE LIBAN


Les États-Unis, par dela la crise syrienne, se tournent vers le Liban de plus en plus. Et en septembre, Benoît XVI se rend à Beyrouth pour remettre aux Églises orientales les conclusions du Synode. Des choix qui ne sont pas anodins.

Les incertitudes de l’inattendu printemps arabe, avec son lot de soulèvements et d’aspirations populaires – mais aussi d’angoisses et d’incertitudes – de Tunis à Damas, est venu compliquer les données du Moyen-Orient. Car avec l’élan des peuples arabes pour la liberté, la dignité et la démocratie sont également nées certaines craintes, plus précisément en milieu chrétien, exprimées par un nombre non négligeable de personnalités politiques ou religieuses.

Ces craintes ne sont pas qu'en Irak, en Syrie, mais aussi au Liban : craintes surtout d’une poussée islamiste au détriment des droits de l’homme et plus généralement du principe de la finalité de la personne humaine, avec l’accession de mouvances plus ou moins radicales ; craintes aussi d’une multiplication des tensions communautaires aux dépens des droits des communautés chrétiennes orientales en général – le cas irakien faisant figure, dans cette perspective, de sombre prémonition ou d’épouvantail de rêve, c’est selon, pour le reste de la région, du Caire à Damas.

Les États-Unis suivent avec un intérêt croissant les événements tumultueux qui secouent la région et prêtent une oreille attentive aux différentes composantes et aux différents acteurs des sociétés arabes.

Cependant, c’est avec une attention toute particulière qu’ils manifestent, depuis plusieurs mois, une sensibilité singulière pour les craintes exprimées en milieu chrétien. Récemment Jeffrey Feltman a tenu à faire passer un message fort dans sa tournée, d’ordinaire éminemment politique.

Il a voulu rencontré les autorités religieuses chrétiennes, comme l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, ou le métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audi, ou encore le père Mansour Labaky, dont il a visité, geste hautement symbolique, l’orphelinat de Kfar Sama.

Cette initiative de M. Feltman ne sort pas du néant. Elle est, tout au contraire, le fruit d’une décision mûrement réfléchie de la part de Washington. Déjà, lors de son précédent passage, fin 2011, à titre d’exemple, le sous-secrétaire d’État US avait pris la peine de rencontrer autour d’un dîner un groupe de personnalités politiques, académiques et de la société civile chrétienne pour sonder leurs opinions sur la dynamique du printemps arabe, ainsi que sur les craintes, les attentes des chrétiens par rapport à cette dynamique, et les rôles et les enjeux de la présence chrétienne au Proche-Orient.

Car l’objectif de Washington est bien d’adresser un message d’ouverture et de compréhension aux chrétiens d’Orient, et du Liban en particulier. Au Liban parce que compte tenu de ses structures démocratiques et pluralistes, du système naturel de balances qui en découle, et de la possibilité, partant, de dégager des terrains de consensus, note ce diplomate US, il s’agit du terrain le plus propice en vue d’un dialogue visant à trouver des éléments de solution à ces angoisses et à ces craintes, et il est d’avis que les chrétiens du Liban ont un rôle substantiel à jouer à ce niveau.

Dans le même temps, en septembre prochain et dans le contexte ecclésial actuel, qui est loin d'être celui de la localisation paisible des bureaux de la Cité vaticane, Gégoire XVI a choisi le Liban pour remettre aux Églises orientales les conclusions de "l'instrumentum laboris", l'instrument de travail, du synode des évêques et les traduire par une exhortation apostolique. Cet instrument de travail, il le leur avait remis aux portes du Moyen-Orient, sur une terre orthodoxe, à Chypre en avril 2010.

Il est évident qu'au travers du Liban, l’ombre de la crise syrienne née de la répression par le régime des manifestations populaires pèse de tout son poids sur la question chrétienne, dans la mesure où le régime n’a guère de scrupules à jouer la carte dite de « la protection des minorités » pour tenter de justifier son maintien au pouvoir.

Les patriarches des trois principales communautés chrétiennes orientales ont exprimé à plusieurs occasions des propos plutôt favorables au président syrien, en parlant du régime baassiste notamment en termes de « dictature la plus proche de la démocratie » tout en exprimant des craintes appuyées quant à un après-Bachar suffisamment obscurantiste pour devoir maintenir le statu quo actuel. (source : AP)


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