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du 19 au 25 août août 2012 (semaine 34)
 

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25 août 2012 - Pakistan
TRISOMIQUE, CETTE JEUNE CHRÉTIENNE RISQUE LA PRISON A VIE

Depuis le 16 août, une fillette âgée de 11 ans, atteint de trisomie 21 et appartenant à une famille chrétienne d’un bidonville d’Islamabad, est incarcérée dans un centre de détention pour mineurs, soupçonnée de profanation du Coran.

Elle risque la prison à vie. Des islamistes réclament l’application de la loi ; le président de la République a demandé l’ouverture d’une enquête ; deux à trois cents familles chrétiennes du quartier où vivait la fillette ont fui leur domicile par peur de représailles des milieux fondamentalistes.

A ce stade, l’affaire comporte des zones d’ombre. L’identité elle-même et l’âge de la victime sont incertains. Selon certaines sources, elle s’appelle Rifta Masih ; selon d’autres, Rimsha Masih. Elle serait âgée de 11 ou 12 ans, sa minorité ne faisant toutefois pas débat – la police a reconnu ce point dans ses rapports.

Elle est chrétienne, sans que l’on sache si elle est de confession catholique ou protestante. L’incident qui vaut à la fillette d’être aujourd’hui emprisonnée remonte au 17 avril dernier. Ce jour-là, l’enfant aurait brûlé une dizaine de pages du Noorani Qaida, un livret couramment utilisé pour apprendre les bases de la langue arabe et le Coran.

Selon certains récits, la fillette avait tiré de vieux papiers d’un tas d’ordures pour servir de combustible au réchaud familial ; quelqu’un serait entré dans ce qui tient lieu de maison à sa famille et l’aurait accusée de brûler des pages portant des versets du Coran. Selon d’autres sources, la fillette aurait ramassé un vieil exemplaire du Noorani Qaida et l’aurait mis dans un sac plastique avant de jeter le tout sur un tas d’ordures.

Quoi qu’il en soit, la police a enregistré dans un premier temps la plainte d’un musulman du nom de Syed Muhammad Ummad qui reprochait à l’enfant d’avoir profané le Coran. Ce n’est que quatre mois plus tard que les choses ont dégénéré lorsqu’une foule de musulmans a cherché à se saisir de la fillette pour faire justice par elle-même. Selon d’autres récits, c’est l’action préventive de la police qui a empêché un sort funeste à la fillette : en l’arrêtant le 16 août, les policiers auraient évité son lynchage par la foule, à l’instar de ce qui s’était passé le 3 juillet dernier au Pendjab lorsque qu’un handicapé mental soupçonné de profanation du Coran avait été brûlé vif par une foule excitée par des religieux extrémistes.

Cette nouvelle affaire crée de remous. Outre le fait qu’elle concerne un enfant trisomique dans un pays où les handicapés vivent le plus souvent cachés du reste de la population, elle vise une chrétienne, mineure de surcroît. Si les chrétiens (2 % de la population) sont régulièrement la cible d’accusations liées aux lois sur le blasphème, il semble que ce soit la première fois qu’un mineur en fasse les frais.

Signe de la sensibilité de l’affaire, le président Asif Ali Zardari a très rapidement déclaré qu’il avait « pris note » de l’arrestation de la fillette et qu’il avait donné instruction au ministère de l’Intérieur de lui fournir au plus tôt un rapport sur son cas. Le catholique Paul Bhatti, conseiller du Premier ministre pour les affaires concernant les minorités et ministre de l’Harmonie nationale, a assuré que la fillette serait soumise à un examen médical .

Du côté des responsables chrétiens, la prudence domine. La "All Pakistan Minorities Allianc" qui rassemble des représentants des minorités religieuses, telles les chrétiens et les hindous, souhaite que le cas soit résolu « à l’amiable ».
(source : Mepasie)

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