Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 19 au 25 août août 2012 (semaine 34)
 

-
25 août 2012 -
POUVONS-NOUS IGNORER CES RELATIONS CACHÉES

"Il y a aujourd´hui dans l´Eglise en Suisse un nombre plus élevé que jamais de prêtres qui vivent une relation clandestine", estime Gabriella Loser Friedli, et la plupart de ces prêtres qui ont une relation cachée ou des enfants, sont des étrangers. "

Gabriella Loser Friedli est la fondatrice et présidente de l´Association pour les femmes concernées par le célibat des prêtres (Zöfra)
, en Suisse.

Ils sont prêtres catholiques et viennent d´Afrique, d´Amérique latine, d´Asie ou d´Europe. La plupart ont entre 30 et 45 ans et sont donc en âge d´être mariés.

En Suisse, dis-elle, où on manque de prêtres, cette situation peut amener de nouveaux problèmes. Gabriella Loser Friedli parle de quinze cas dont son association s´occupe actuellement. De prêtres qui vivent une relation amoureuse cachée et qui sont devenus pères. La plupart sont étrangers, leurs partenaires aussi.

Elle donne l´exemple de cette jeune femme africaine qui vit, quelque part en Suisse, avec ses deux enfants de cinq et sept ans. Leur père est un prêtre africain. Personne n´est au courant. Aujourd´hui cette femme voudrait au moins une reconnaissance de paternité. Mais cela ne sera pas si simple.

Si la chose se savait, le père de ses enfants pourrait devoir quitter la Suisse. Et cela aurait des conséquences imprévisibles pour lui et pour sa parenté en Afrique. Car avec son salaire de prêtre en Suisse, il fait probablement vivre tout son clan familial. Pour l´association, il est donc particulièrement difficile d´apporter une aide dans ces cas-là.

Pour les jeunes prêtres suisses
, les problèmes sont moindres. Lorsqu'ils ont de sérieux problèmes de célibat, la situation est la plupart du temps assez rapidement réglée. "Avec le soutien de leur partenaire, ils apprennent une nouvelle profession et se reconstruisent une vie. On ne constate pas chez eux de longues périodes de souffrance."

Les prêtres suisses qui souffrent du célibat et ont une relation cachée sont âgés de 40 à 50 ans, parfois plus. Eux et leur compagne peuvent trouver de l´aide auprès de la Zöfra. Fondé comme un réseau en 1987, la Zöfra s´est structurée en association depuis l´an 2000. L´association peut compter aujourd´hui dans toute la Suisse sur un réseau d´environ 2
.500 personnes, membres, sympathisants, anciens prêtres etc. capable d´apporter toutes sortes d´aides, relève sa présidente. Et les besoins sont grands. Depuis les débuts, plus de 500 femmes se sont adressées à la Zöfra.

Mais les temps sont devenus sensiblement plus durs. Jusqu´il y a 10 ou 15 ans, on trouvait généralement sans difficulté une place de travail pour les prêtres qui quittaient le sacerdoce pour s´occuper d´une famille, dans les services du personnel ou dans les oeuvres d´entraide par exemple. "Aujourd´hui vous pouvez oublier!", note Gabriella Loser Friedli. Toutes les branches se sont largement professionnalisées. Celui qui n´a pas le diplôme exact requis n´a aucune chance, car on exige partout des connaissances spécifiques.

Selon Zöfra, au moins 140 prêtres et religieux en activité en Suisse (sur environ 2´660 ndr) vivent une relation clandestine. Il y a une dizaine d´années ils étaient 90. Il ne s´agit que des cas dont l´association a eu connaissance par des femmes venues demander de l´aide. Il faut y ajouter sans doute un nombre significatif de situations ´au noir´.

Derrière ces chiffres, il y a surtout la souffrance de nombreuses femmes, hommes et enfants, souligne Gabriella Loser Friedli.
Autrefois, le fort sentiment de culpabilité des femmes et des hommes concernés était un thème très important. "Comment vivre avec cela sans en devenir malade ?" Aujourd´hui les femmes plus jeunes ou non-catholiques n´ont pas le moindre sentiment de culpabilité.

Cela ne fait pas disparaître pas chez l´homme la conscience de sa vocation sacerdotale. Dans certains cas, dans cette clandestinité, cette conscience augmente encore car l´homme doit combattre pour sa vocation. La pression sur lui s´accentue, car il ne peut en aucun cas se permettre de faute. "Il doit être encore plus parfait afin que personne ne puisse lui dire : "Parce que tu as une femme tu as été un moins bon prêtre ou tu as moins bien fait ton travail".

La présidente de la Zöfra est en persuadée. Aujourd´hui en Suisse, un prêtre sur deux a un problème avec le célibat. Cela ne se traduit pas forcément par une liaison cachée, mais par contre par des problèmes d´alcoolisme ou d´autres dépendances.
Cela vaut de même pour un prêtre qui doit s´occuper de dix ou quinze paroisses, qui ne supporte plus la pression et se tourne toujours plus souvent vers la bouteille.

L'analyse de Gabriella Loser Friedli rejoint celle d'un oganisme similaire en France
, discret mais reconnu. Cette question, qui était d'actualité dans les décennies d'avant Vatican II, redevient d'actualité, même chez des jeunes prêtres au terme d'une dizaine d'années d'un ministère sacerdotal qu'ils n'avaient pas imaginé ainsi.

Gabriella Loser Friedli travaille comme secrétaire à temps partiel auprès de l´Université de Fribourg en Suisse. Elle est mariée depuis 1994 à Richard Friedli, ancien religieux dominicain, avec qui elle vit depuis 1974. Elle est la mère d´un fils âgé de 30 ans. (source : AP)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil