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du 2 au 5 septembre 2012 (semaine 36)
 

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5 septembre 2012 - Pakistan
UN ESPOIR AVEC LE RÉTABLISSEMENT DE LA VÉRITÉ

La police pakistanaise a arrêté, le 1er septembre, l´imam à l´origine de la plainte contre Rimsha, la jeune chrétienne, handicapée mentale, inculpée de profanation du Coran. Il avait fabriqué des pièces à conviction pour accuser l´adolescente.

L´imam Hafiz Mohammed Khalid Chishti a été écroué samedi soir. Selon son assistant, Maulvi Zubair, et deux autres personnes, il avait ajouté des pages du Coran aux feuilles brûlées qu´un témoin lui avait rapporté, a déclaré à l´AFP un enquêteur de la police, Munir Hussain Jaffri. Les témoins l´auraient prié de ne pas fabriquer de fausses preuves contre Rimsha. Il aurait répondu: "Il s´agit de la seule façon d´expulser les chrétiens de ce quartier".

En fait par son geste, c'est l´imam lui-même qui a profané le Coran. Il est donc à son tour accusé de blasphème. Un tribunal d´Islamabad a ordonné le 2 septembre une détention préventive de deux semaines pour l´imam Chishti.

L´appel de la semaine précédente du Conseil des oulémas du Pakistan (organisme représentant des dizaines d´associations musulmanes, dont certaines radicales) demandant une enquête impartiale et approfondie dans l´affaire Rimsha, et l´arrestation de l´imam Chishti semblent indiquer la volonté d´apaisement des autorités dans cette affaire. Des mesures strictes devront aussi être prises contre ceux qui l´ont accusée, si elle est reconnue innocente, avait déclaré le président du conseil, Tahir Ashrafi.

" Etablir la vérité dans l'affaire Ramshi Masih et à propos des fausses accusations la concernant est un gain non seulement pour la communauté chrétienne mais également pour l'ensemble du Pakistan. Ce sera un bénéfice pour la démocratie, la justice, le respect de la légalité et des droits de tous les citoyens. De fausses accusations de blasphème ont en effet concerné les minorités religieuses mais également des centaines de citoyens musulmans", déclare le Père Emmanuel Yousaf, Directeur de la Commission "Justice et Paix" de la Conférence épiscopale du Pakistan.

C'est sans doute à la lumière d'un inhabituel sursaut de l'opinion publique pakistanaise qu'il faut lire l'arrestation de l'accusateur de Rimsha. On savait - l'imam ne s'en est jamais caché - que le but de toute cette histoire était de débarrasser le quartier des chrétiens; on a maintenant confirmation que Rimsha a été piégée.

Deux questions subsistent. La première: si elle est libérée, que va devenir Rimsha? On sait bien que les personnes relaxées dans des histoires de blasphème sont en général lynchées tôt ou tard, comme Rashid et Sajid Emmanuel, deux frères accusés de blasphème, relaxés par le tribunal mais assassinés quelques jours plus tard.

La seconde: l'empressement des éléments les plus conservateurs du Conseil des Oulémas à défendre la jeune fille n'est-il pas une pirouette pour sauver la loi anti-blasphème pakistanaise? Il semble en effet que Rimsha soit la victime de trop: pauvre, adolescente, handicapée mentale et femme, son cas ne pouvait que chavirer les consciences et les coeurs. Il était à craindre, devant l'indignation profonde de nombre de Pakistanais, que cette loi inique soit abrogée ou amendée, ce que les éléments ultras ne souhaitent à aucun prix, car ils espèrent sans doute conserver le texte tel quel. (source : AP)


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