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du 1 au 4 octobre 2012 (semaine 40)
 

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4 octobre 2012 -
LA DIFFICILE IDENTITÉ DES UNIVERSITÉS CATHOLIQUES

Depuis l’été dernier, l’université de Lima n’est plus ni catholique ni pontificale, après une décision du Saint-Siège qui met en cause, la délicate identité des universités catholiques. Cette sanction romaine dépasse largement les frontières péruviennes.

L'Université de Lima est l’une des 52 universités catholiques d’Amérique latine, qui constituent un réseau assurant une large part de la présence de l’Église dans cette région, mais cette sanction provoque des remous bien au-delà de l'Amérique du Sud. Les universités catholiques réparties dans le monde entretiennent des relations variables, souvent même difficiles, avec leurs autorités de tutelle, surtout quand il s'agit d'autorités épiscopales locales.

En Belgique, le recteur de l’Université catholique de Louvain (UCL), Bruno Delvaux, a même pris la défense de l’université péruvienne, lors d’un discours prononcé à l’occasion de la rentrée académique, lundi 17 septembre.

« Cette université remplit ses missions académiques. Elle fait son travail d’université. Par ma voix, l’UCL exprime sa profonde solidarité avec sa consœur péruvienne et souhaite que se construise le dialogue nécessaire destiné à faire aboutir une relation renouvelée entre l’université et les autorités religieuses. »

L’annonce de la décision romaine a été faite au cœur de l’été. Mais elle ne passa pas inaperçue auprès des dirigeants des 200 universités et institutions catholiques d’enseignement supérieur, réparties sur les cinq continents.

Fin juillet, une lettre de la Secrétairerie d’État du Saint-Siège, signée par le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, signifiait à l’Université de Lima (Pérou) qu’elle n’était plus ni catholique ni pontificale. Une telle sanction, rarissime, intervenait après plusieurs années de fortes crispations entre la direction de l’université péruvienne et son autorité de tutelle, l’archevêque de Lima, également chancelier de l’université.

Dans son décret, Rome reproche à l’université « d’orienter ses initiatives institutionnelles selon des critères incompatibles avec la discipline et la morale de l’Église ». Mais selon quels « critères », précisément, une université catholique est-elle catholique ? La question est délicate. Car les textes laissent une réelle marge de manœuvre aux évêques locaux, qui ont autorité sur les universités.

Outre le droit canon, c’est surtout un texte publié en 1990 sous le pontificat de Jean-Paul II qui fait référence en la matière. La Constitution apostolique sur les universités, définit en cinq points « la nature d’une université catholique ». Elle précise notamment que la « discipline catholique » doit aussi « influencer toutes les activités de l’université, tout en respectant pleinement la liberté de la conscience de chaque personne » .

En fait, les liens entre universités catholiques et la hiérarchie ecclésiale ou épiscopale, sont perçus « le plus immédiatement, sous l’angle de la réglementation et du contrôle avec ce que cela peut générer, de part et d’autre, de réserve et de crainte », écrivait l’ancien recteur de la Catho de Lille, Michel Falise, décédé fin août, dans un texte publié en 2010.

« Il est probable que d’inévitables tensions subsistent et continueront à se marquer du fait de la différence de situation et de responsabilité entre les universités catholiques et la hiérarchie, poursuivait-il. Ces tensions sont nécessaires et fécondes à condition qu’elles soient gérées et maîtrisées dans une commune perspective, celle du meilleur service de l’Église et de la société. »

« Les conflits, lorsqu’ils existent, relèvent de deux domaines », analyse pour sa part un fin connaisseur du milieu des « Cathos ». « D’une part, on dénombre des conflits hiérarchiques, souvent dus à un refus des universitaires de voir l’autorité ecclésiale prendre part à la direction de l’établissement. De l’autre, il peut s’agir de tensions directement dues à l’enseignement d’une matière, en particulier dans les domaines “bioéthiques” et moraux. »

« Tout ce qui touche l’enseignement de la bioéthique constitue un ensemble de questions très sensibles », confirme Mgr Guy-Réal Thivierge, le secrétaire général de la Fédération internationale des universités catholiques (Fiuc). Mais « les tensions sont inhérentes à la vie de foi, relativise cet exégète, et il est normal et naturel qu’il en existe entre la mission de l’évêque et celle du recteur de l’université. Chacun a ses priorités. En fait les relations entre l’université et les autorités ecclésiales dépendent beaucoup des personnalités du recteur et de l’archevêque. »

Le titre d’« université catholique » ne peut être que consenti par « l’autorité ecclésiastique compétente ». En clair, de l’évêque du lieu ou directement du Saint-Siège, si l’université est « pontificale ».

Les enseignants doivent non seulement faire preuve d’une « capacité scientifique et pédagogique », mais aussi se distinguer « par l’intégrité de la doctrine et la probité de leur vie ». Les professeurs de théologie doivent obtenir l’accord de l’évêque ou du Saint-Siège avant d’être nommés. (source : AP)


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