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du 18 au 22 octobre 2012 (semaine 42)
 

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22 octobre 2012 -
LE SYNODE ET LES DIVERSES LECTURES DU CONCILE VATICAN II


Cinquante ans après son ouverture, de nouvelles lignes d’interprétation se dessinent pour répondre aux attentes des générations qui n’ont pas vécu le Concile. Les uns réclament un Vatican III, d'autres cherchent à en restreindre la nouveauté.

Événement complexe, le concile Vatican II a donné lieu, depuis 50 ans, à diverses interprétations et autant de querelles autour de « l’esprit du concile » ou de sa « lettre » …

Certains estiment que l’Église n’est pas allée assez loin dans la réforme. D'autres résistent autant qu’ils le peuvent et interprètent l’événement a minima, cherchant à en restreindre la nouveauté. Jusqu’aux lefebvristes qui en font la pierre d’achoppement de leur retour à la pleine communion avec Rome.

Un demi-siècle plus tard, les lignes d’interprétation ont pourtant bougé. En France, on a souvent interprété Vatican II à travers le seul prisme de Gaudium et spes, ou bien, dans la constitution Lumen gentium, on a privilégié l’expression “peuple de Dieu” à propos de l’Église, au point d’en oublier d’autres complémentaires… »

Aujourd’hui, les interprètes de Vatican II étudient davantage les textes dans leur ensemble, parfois même d'une manière très "scolaire" et ils s’en éclairent mutuellement.

Trois lignes principales d’interprétation se dessinent, que nous retrouvons dans les interventions des Pères synodaux actuellement et les propositions qu'ils font à Benoît XVI pour les années à venir, car le Synode se veut dans la ligne de l'avenir du Concile.

La première met l’accent sur la question de Dieu : l’Église se serait trop focalisée après le Concile sur la question des réformes internes (par exemple la collégialité), alors que le monde contemporain aspire à entendre parler de Dieu. Il s’agit, dans cette perspective, de relire le Concile en scrutant ce qu’il dit de Dieu… Cette ligne est incarnée dès 1985 par le cardinal Joseph Ratzinger, puis, sous un autre angle, par le jésuite Christoph Theobald.

Toutefois, la question de Dieu ne supprime pas la nécessité de réforme interne de l’Église

Une deuxième ligne d’interprétation met en avant une « herméneutique de la réforme » conçue comme un « renouveau dans la continuité », en opposition à une « herméneutique de la discontinuité », selon les formules désormais célèbres de Benoît XVI dans son discours à la Curie romaine en décembre 2005.

Mais apparaît un écueil : celui d’insister tellement sur la continuité qu’on ne perçoit plus l’acte réformateur de Vatican II. D’où la nécessité d’encourager une lecture approfondie des textes du Concile et un travail précis sur chacune des questions, de l’œcuménisme à la liberté religieuse. Si on ne revient pas au texte, on risque avec cet anniversaire de tomber dans une incantation stérile du Concile. Et Benoît XVI demande qu'on en revienne au texte.

Le troisième courant, sans doute le plus novateur, est incarné par le jésuite John O’Malley, qui a interprété Vatican II comme « style ». Là où les précédents conciles recouraient au style juridique des canons et anathèmes, il en vient à affirmer que cette « manière nouvelle de parler » est en réalité un style de vie, une orientation de fond : « Du commandement à l’invitation, de la loi à l’idéal, de la menace à la persuasion, de la contrainte à la conscience, du monologue au dialogue. »

Or en raison de leur nature, beaucoup des textes du Concile, étant des textes de compromis, semblent juxtaposer des thèses de traditions théologiques différentes. Avec la tentation, pour certains, de ne retenir que ce qui les arrange, en écartant l’autre thèse comme une concession à la minorité ou à la majorité conciliaire.

D’autres, en revanche, voient dans cette juxtaposition « non pas un obstacle mais une richesse », mettant en évidence le « recentrage christologique » opéré par Vatican II. Le Concile soulève la question de notre rapport au monde dans une Église qui peut parfois être tentée par un certain retrait identitaire.

Au travers des centaines d'interventions, le Synode qui s'achèvera fin octobre, traduit toutes ces attentes et ce qu'il y a de caractéristiques, c'est qu'elles sont, dans leur diversité, celles de tous en Asie, en Afrique, en Amérique comme en Occident. (source : AP)


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