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du 1 au 5 janvier 2013 (semaine 01)
 

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5 janvier 2013 -
L
E CHEMIN DE COMPOSTELLE EN CORÉE DU SUD

À l’âge de 50 ans, Suh Myung-sook, journaliste sud-coréenne, crée, à son retour d'Europe des chemins de randonnée sur son île natale de Cheju, pour être des "chemins de Compostelle", des chemins pour se retrouver face à soi-même.

Lors d'un séjour en Europe, cette rédactrice en chef d’un célèbre magazine coréen, elle découvre les huit cents kilomètres de marche et de rencontres, entre la France et l’Espagne : « C’était le plus beau moment de ma vie. Avant, je n’avais jamais pris le temps de m’arrêter, et de me livrer à l’introspection. De toute ma carrière, je n’avais jamais pris plus de trois jours de vacances. »

De retour en Corée, Suh Myung-sook s’inspire de l’esprit de Compostelle pour créer une vingtaine de chemins de randonnée sur son île natale de Cheju. Des sentiers nonchalants d’un jour de marche, entre mer Jaune et champs d’orangers, qui serpentent de village en village, autour du majestueux volcan Hallasan, le long d’un littoral découpé de roches noires.

Baptisés « chemins Olle », ils évitent soigneusement les complexes hôteliers géants, les centres commerciaux duty free et les golfs qui bourgeonnent, défigurant la paisible beauté de l’île. Le parcours privilégie les villages isolés. Il facilite les rencontres avec les insulaires et la découverte de la gastronomie locale.

Le succès est rapide : créés en 2007, les sentiers attirent en 2011 un million de marcheurs. Ils ont même conquis J. M. G. Le Clézio, prix Nobel de littérature, qui décrit avec enthousiasme « ces chemins tordus, virant à gauche, à droite, sans raison apparente, contournant rochers ou failles, maisons et tombeaux, s’innervant en carrefours, croix, deltas, et qu’on appelle du beau nom sonore de olle. » Les parcourir, ajoute l’écrivain, « c’est entrer dans un labyrinthe de sentiers et de pensées unique au monde, qui constitue la complexité de l’architecture culturelle de la Corée ».

Dans un pays obsédé de compétitivité et de réussite économique, où la durée du travail est la plus longue des pays industrialisés, ce succès est aussi le signe d’une aspiration vers un mode de vie moins frénétique. Les Coréens forment par exemple l’un des plus importants contingents de pèlerins du chemin de Compostelle, et le concept des chemins Olle a été imité par d’autres régions.

« On assiste en Corée à un mouvement de retour vers la lenteur, du besoin de profiter de la vie et de la nature », se réjouit Bernard Ollivier, écrivain voyageur, venu arpenter les sentiers de Cheju. « La marche est le moyen de prendre de la distance et de se retrouver face à soi-même ».

« Au début, personne ne croyait au projet. Avec mon sac à dos, mes tenues bizarres et mes allers-retours sur les mêmes chemins, les villageois me prenaient pour une espionne nord-coréenne, s’amuse Suh Myung-sook. Mais maintenant, on me remercie. Les auberges autrefois vides se remplissent. Les petits commerces vendent plus. Et les grands-mères me disent qu’elles sont contentes de voir des gens revenir dans leurs villages. » (source : AP)


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