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du 25 au 28 janvier 2013 (semaine 04)
 

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28 janvier 2013 - Egypte
LA
RÉVOLUTION EST MORTE. LA RÉVOLUTION EST VIVANTE

“Avant tout sauver l’Égypte”, écrit Youssef Sidhom, directeur de "Watani", l’hebdomadaire de référence des coptes orthodoxes. En démystifiant beaucoup de lieux communs, il illustre bien les priorités actuelles de son pays.

" Le printemps est devenu un hiver glacial... Toutes les métaphores utilisées pour essayer de décrire la vérité sur l’Égypte se confirment de plus en plus inadéquates. Le nombres des victimes des nouvelles manifestations violentes et l’état d’urgence décrété dans trois villes par le Président Morsi sont révélateurs de l’instabilité dramatique d’un grand Pays qui, après avoir célébré dans le sang le deuxième anniversaire de sa révolution, se rapproche d’un nouveau délai électoral décisif.

" Les coptes sont sortis de l’époque Moubarak avec de grandes espérances. Ils s’attendaient à ce que toutes les formes de discrimination qui les faisaient souffrir soient dépassées. Mais cela ne s’est pas encore produit. L’Égypte traverse une crise d’instabilité.

" Et donc pour la communauté copte aussi le défi prioritaire actuel n’est pas de garantir le respect de ses droits, mais de sauver l’Égypte de la dérive vers un État islamique. Le désir d’acquérir une citoyenneté totale et égale est suspendu en ce moment. La situation est complexe et les coptes sont engagés avec les musulmans modérés dans un combat contre la tentative de transformer l’Égypte en un État islamique.

" Le mois dernier, les chrétiens tout comme les musulmans modérés ont perdu la bataille de la Constitution. Mais nous ne sommes pas encore désespérés parce que nous nous préparons aux prochaines élections parlementaires. Ce rendez-vous figure au sommet de nos priorités. Je crois que c’est une illusion d’imaginer que les modérés égyptiens, musulmans et coptes, peuvent atteindre ensemble la majorité au parlement.

Dans ce cas, ils pourraient réformer l’Égypte et l’accompagner vers une démocratie accomplie, un État civique. Mais le défi réel est de chercher à construire une opposition forte en arrivant à contrôler 40-45 % des sièges au parlement. Voilà la clé de voûte : construire une opposition forte, en créant une coalition entre toutes les factions des partis libéraux, aussi bien chrétiens que musulmans, et contenir ainsi la tentative de traduire en lois ces articles inappropriés de la Constitution qui visent la construction d’un État islamique.

..." Le fait est que la situation actuelle ne laisse pas de marges de manœuvre. Chacun est concentré sur le point crucial : éviter que l’Égypte ne devienne un État religieux. Dans la saison pré-électorale imminente, je ne pense pas que les candidats emploieront leur temps pour agencer un programme politique. Le match se jouera entièrement autour d’un sujet : ceux-ci soutiennent un État civique, ceux-là un État religieux. Égyptiens faites votre choix.

..." L’Égypte a vécu ces dernières décennies avec une Constitution qui établit clairement que l’Islam est la religion de l’État et que les principes de la sharî‘a sont la source principale de la législation. Mais la modération des Égyptiens et du leadership de al-Azhar ainsi que la lutte entre militaires d’une part et islamistes de l’autre, ont contribué à éviter que l’Égypte ne devienne un État religieux à part entière.

..." Naturellement, les chrétiens à cause de la situation actuelle grave et incertaine et ne sachant pas de quoi demain sera fait, n’hésitent pas à s’en aller, dès qu’ils ont la possibilité de quitter l’Égypte. Mais je parle d’une très petite minorité.

..." Des groupes d’islamistes ont pris place. Dans nos villes, nos villages, dans les zones rurales, ce sont eux qui menacent les chrétiens.

Quelles sont donc aujourd’hui les discriminations les plus lourdes à l’égard des chrétiens ? La première est la législation sur les lieux de culte : si les chrétiens veulent construire ou restaurer une église, ils doivent faire face à une longue procédure bureaucratique, jusqu’à obtenir l’approbation du président. En revanche, les musulmans peuvent construire des mosquées partout et très facilement.

La deuxième forme de discrimination est que presque aucun chrétien ne peut aspirer concrètement à occuper un poste à responsabilité ou de haut niveau dans les bureaux de l’État.

La troisième forme de discrimination, très dangereuse, est liée au domaine de l’éducation. Dans les livres scolaires il y a de lourdes infiltrations d’expressions de l’Islam politique, comme par exemple le principe selon lequel l’Islam serait la seule religion acceptée par Dieu. " (source : Oasis-Marcianum)


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