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du 6 au 8 mai 2013 (semaine 18)
 

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8 mai 2013 - Turquie
LA TURQUIE ET L'ÉVOLUTION DES RELIGIONS

« L’Eglise catholique n’a pas disparu, mais elle change de visage » déclare le prieur du couvent dominicain d’Istanbul, le P. Claudio Monge, analysant l’apport de l’immigration qui fait changer le visage de la petite Eglise catholique.

Venant d’Afrique noire, des Philippines, de Roumanie de Pologne ou de Russie, ces « nouveaux » chrétiens remplacent petit-à-petit les Levantins, les chrétiens présents dans le pays depuis de nombreuses générations. Et malgré cette situation et cette progression, l'Église catholique n’existe même pas sur le plan juridique.

Les Levantins vieillissent alors que leurs descendants s’expatrient. C’est cette nouvelle donne que le P. Monge découvre comme de l’intérieur, puisque parlant la langue et vivant avec le désir de s’imprégner de cette culture toute particulière aux confins de l’Europe, du Moyen Orient, du monde méditerranéen.

Héritière de l’Empire ottoman, mais toujours – au moins encore dans les textes et les mœurs – fortement imprégné de l’apport de Mustafa Kemal Attatürk, après le démembrement de cet Empire à la fin de la Première guerre mondiale, la Turquie offre un islam très diversifié et peu prisé du monde arabe.

La majorité musulmane est d’obédience sunnite hanafite avec une présence très structurée des confréries soufies, pourtant  mises hors la loi dès le début de la Turquie moderne et des alevis, tenants d’un islam plus proche du chiisme, et donc guère appréciés de la majorité sunnite.

L’effondrement de l’Empire et la perte des territoires européens et arabes ont eu pour résultat l’émergence d’un fort sentiment national ethnique et culturel dans lequel les minorités n’ont pas de place : c’est pour les Arméniens, les Grecs, les Kurdes ou la valise ou l’assimilation totale.

Alors aujourd’hui, estime le jeune prieur dominicain, le vieux concept d’Eglises nationales basées sur l’ethnie ne doit plus avoir cours. Il faut désormais promouvoir le concept de citoyenneté, avec ses droits et ses devoirs, pour s’insérer dans la réalité turque.

Mais le chemin est encore long. Il faudrait au minimum une parole commune des diverses communautés chrétiennes face au pouvoir. Il faudrait aussi une consultation de la base pour rechercher, entre autres, des personnalités qualifiées pour mener ce dialogue.

Pour le moment, c’est grâce aux nombreux contacts avec le monde turco-musulman et en particulier dans le milieu universitaire, que le dialogue se poursuit. (source : AP)


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