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du 17 au 20 mai 2013 (semaine 20)
 

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20 mai 2013 -
LA DICTATURE DE L'ÉCONOMIE

En recevant le 16 mai, quatre ambassadeurs venus lui présenter leurs lettres de créance, le pape leur a demandé d’être les promoteurs d’une société plus éthique tout en condamnant la spéculation financière et la soif d’argent sans limites.

Il s'agissait des
ambassadeurs du Kirghizstan, d’Antigua et Bardua, du Grand-duché de Luxembourg et du Bostwana.

L'argent peut avoir des conséquences tragiques. L’acceptation de l’empire de l’argent sur les êtres et sur les sociétés est intolérable. Les mots du pape François furent inhabituels comparativement à la douceur qui est la sienne. Précarité quotidienne, peur et désespérance même dans les pays riches, joie de vivre qui s’amenuise, indécence et violence qui prennent de l’ampleur et pauvreté toujours plus criante.

" Notre humanité vit en ce moment comme un tournant de son histoire, eu égard aux progrès enregistrés en divers domaines. Il faut faire l’éloge des acquis positifs qui contribuent au bien-être authentique de l’humanité dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la communication par exemple. Toutefois, il y a lieu de reconnaître aussi que la plupart des hommes et des femmes de notre temps continuent de vivre dans une précarité quotidienne aux conséquences funestes. Certaines pathologies augmentent, avec leurs conséquences."

Pire encore, l’être humain est considéré aujourd’hui comme étant lui-même un bien de consommation qu’on peut utiliser et jeter. « Le fétichisme de l’argent et la dictature de l’économie sans visage, ni but vraiment humain nous fait oublier le primat de l’homme » rappelle le pape.

Dans un tel contexte, la solidarité qui est le trésor du pauvre est souvent considéré comme contre-productive contraire à la rationalité financière et économique. L’écart entre riches et pauvres ne fait que s’accroître. S’installe alors une nouvelle tyrannie invisible qui impose ses lois et ses règles. La corruption tentaculaire et l’évasion fiscale égoïste prennent des dimensions mondiales.

« La volonté de puissance et de possession est sans limite » dénonce le Pape. Derrière cette attitude se cache le refus de l’éthique, le refus de Dieu. L’éthique dérange selon François, car l’éthique conduit vers Dieu et relativise l’argent et le pouvoir.

D'une certaine manière, en effet, « Dieu est considéré par les financiers, économistes et politiques comme dangereux puisqu’il appelle l’homme à sa réalisation plénière et à l’indépendance des esclavages en tous genres ». Une situation qu’il faut transformer. L’argent doit servir et non pas gouverner !

Au travers de ces quatre ambassadeurs, le pape appelle les divers régimes à réaliser une réforme financière qui soit éthique et qui entraine une réforme économique salutaire pour tous. Le pape aime tout le monde : les riches comme les pauvres. Mais le pape a le devoir au nom du Christ de rappeler au riche qu’il doit aider le pauvre, le respecter, le promouvoir. C’est un appel à la solidarité désintéressée.

" L’Église, pour sa part, travaille toujours pour le développement intégral de toute personne. En ce sens, elle rappelle que le bien commun ne devrait pas être un simple ajout, un simple schéma conceptuel de qualité inférieure inséré dans les programmes politiques. Elle encourage les gouvernants à être vraiment au service du bien commun de leurs populations. Elle exhorte les dirigeants des entités financières à prendre en compte l’éthique et la solidarité.

" Et pourquoi ne se tourneraient-ils pas vers Dieu pour s’inspirer de ses desseins ? Il se créera alors une nouvelle mentalité politique et économique qui contribuera à transformer l’absolue dichotomie entre les sphères économique et sociale en une saine cohabitation.

En même temps, pas question pour le pape de stigmatiser les riches : « Le pape aime tout le monde : les riches comme les pauvres. » Mais il a « le devoir, au nom du Christ, de rappeler au riche qu’il doit aider le pauvre, le respecter, le promouvoir » , d’appeler « à la solidarité désintéressée, et à un retour de l’éthique pour l’humain dans la réalité financière et économique ».

À n’en pas douter, cette feuille de route guidera également la réforme envisagée par le pape de la « banque du Vatican » : l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), dont il a beaucoup été question ces derniers temps au Vatican. (source : VIS)

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