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du 29 juin au 1 juillet 2013 (semaine 26)
 

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1 juillet 2013 -
CHRÉTIENS ET MUSULMANS, ENTRE SÉCULARISME ET IDÉOLOGIE

La rencontre annuelle de la fondation internationale "Oasis" s’est tenue à Milan les 17 et 18 juin. Le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan et président de la fondation, a ouvert la rencontre sur le thème du sécularisme.

Le cardinal Scola fait remarquer que dans un passage du Coran, le jeune Abraham, à la recherche du dieu, se tourne au cœur de la nuit vers les étoiles pour les adorer. Mais quand elles disparaissent au point du jour, il s’écrie : « Je n’aime pas les choses qui disparaissent. » Puis il éprouve de même la lune et le soleil, pour en arriver au culte du Créateur unique. « Je n’aime pas les choses qui disparaissent » : peut-on imaginer provocation plus radicale pour nos sociétés nord-occidentales ?

En promulguant l’Année de la foi, Benoît XVI observait que des pans entiers de la société étaient atteints par une « profonde crise de la foi », une crise qui irait jusqu’à toucher les chrétiens eux-mêmes, plus préoccupés des conséquences de leur foi que de ce que cette foi est en son essence même.

Voilà pourquoi la présence de musulmans qui vivent souvent un abandon radical à l’Absolu représente une provocation qui exige une réponse.

Cette provocation, qui jaillit de la rencontre entre religions et cultures, ne doit du reste aucunement porter à un théisme vague, une improbable « alliance du transcendant », mais à une conscience plus aiguë chez chacun de sa propre identité dynamique et de sa propre tradition. Et c’est justement là que s’inscrit la question décisive du témoignage et de la liberté religieuse, éléments indispensables pour donner à notre rencontre tout son sens.

Voilà pourquoi ceux qui préconisent pour les musulmans, en particulier pour ceux qui vivent en Europe, un « bain purificateur » dans le sécularisme ont une position qui semble plutôt ingénue et, objectivement, erronée, surtout au moment même où nous déplorons les effets de ce même sécularisme sur la vie des communautés chrétiennes et de la société tout entière.

Il est urgent aussi, en sens inverse, de dénoncer avec décision une théologie politique et une religion idéologisée qui troublent toujours davantage la vie au Moyen-Orient, avant tout celle des communautés minoritaires si durement éprouvées aujourd’hui.

Liquider la question en parlant d’une utilisation impropre de la religion à des fins politiques risque facilement de devenir une sorte d’auto-absolution.

Pour le cardinal Scola, il serait vraiment trop simpliste de se représenter le changement en cours dans le monde islamique comme une lutte entre un passé religieux « ancien » et un temps « nouveau » séculier – que l’on prévoie la victoire du « nouveau » après quelque temps d’arrêt, ou la primauté de « l’ancien » avec quelques concessions formelles minimes à la modernité.

Il y a d’autres thèmes qui entrent en jeu (le cas de la Turquie est exemplaire à cet égard), comme la légitimité du pluralisme au sein de l’islam, la lutte pour la démocratie et pour la liberté d’expression, et la critique d’une forme de religiosité qui fait du succès matériel et économique l’unique mesure de valeur.

Il faut « chercher et savoir reconnaître ce qui, au milieu du désert, n’est pas un désert, et lui donner du champ ». Parce que ce qui, au milieu du désert, n’est pas désert, c’est, justement, l’oasis. (source : .Oasis-Marcianum)


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