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du 9 au 12 août 2013 (semaine 32)
 

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12 août 2013 -
UN AUTRE PAPE, ET LEONARDO BOFF ESPÈRE

Il y a 6 ans, en mai 2007, à la veille de la 5e conférence d'Aparecida, le théologien brésilien de la libération Leonardo Boff avait qualifié la hiérarchie catholique de "bureaucrates du sacré". Le théologien a changé d'avis.

C'était une manière d'exprimer sa lecture alors sceptique de la situation générale de l'Eglise, l'incapacité structurelle de celle-ci à changer. Le théologien Leonardo Boff fait l'éloge du pape François dans un journal espagnol, "El Pais".

Il fut l'un des chefs de file de la théologie de la libération dans les années 1970 et 1980 au Brésil, d'inspiration marxiste, aujourd'hui il salue le virage doctrinal opéré par le Saint-Siège. Alors qu'il fut ostracisé par Benoît XVI et condamné au "silence pénitentiel", son entretien accordé au journal espagnol El Pais jette les bases d'un rapprochement possible – et historique – entre les anciens "prêtres rouges" sud-américains et le Vatican.

Avec sur un projet d'Eglise "pauvre, humble, dépouillé des attributs du pouvoir, qui dialogue avec le peuple", le pape François s'inscrit selon Leonardo Boff "dans l'héritage de la théologie de la libération", née de "l'écoute du cri des opprimés". "La manière d'agir du nouveau pape favorise cette doctrine, mais il vaut mieux qu'il ne la mentionne pas, parce qu'elle pourrait créer la polémique".

Grâce à lui, "je crois qu'il va se créer une dynastie papale issue du tiers-monde" qui se situe du côté des pauvres, différente d'une Église trop habituée à siéger dans ses "palais princiers".

A la question de savoir s'il serait prêt à réintégrer l'Eglise catholique, Leonardo Boff, qui n'a jamais renoncé à son "travail ecclésiastique", fixe une condition : mettre fin au célibat des prêtres. Aujourd'hui lui-même marié, il estime que le Pape François a toutes les cartes en mains pour opérer ce changement doctrinal d'envergure parce qu'il apporte avec lui "la tradition du tiers-monde, où le célibat n'a jamais été une vertu primordiale".

Il faudrait dans un premier temps qu'il reconnaisse tous ces "prêtres mariés en les autorisant à travailler à nouveau". Puis, qu'il institue "le célibat comme optionnel" comme "toutes les autres Églises".

Le pontificat du pape argentin crée les conditions pour que le catholicisme de demain en Amérique du Sud soit "une religion nouvelle où figureront des composants chrétiens, comme les saints, la messe, le baptême, mais aussi ceux issus de la tradition indigène et des religions afro-américaines".

Âgé de bientôt 75 ans, Boff n’a jamais abandonné ni sa foi profonde, ni son appartenance à l’Eglise. Il est très probable qu’il souhaite enfin se mettre en paix avec l’institution dans laquelle il a grandi et milité. Que celle-ci se réconcilie avec lui constituerait l’aveu d’une erreur institutionnelle. Pas seulement à l’égard de l’ancien prêtre brésilien, condamné au silence en 1985, mais envers la théologie de la libération elle-même.

D’autres tenants notables de l’Eglise des pauvres partagent l’enthousiasme de Boff, totalement ou en partie. Sergio Ferrari de E-Changer, une organisation suisse de coopération solidaire Nord Sud, note toutefois que le dénouement de ce processus de rapprochement reste incertain, même s'il existe des signes indicatifs et significatifs - renforcés durant le voyage du Pape Francisco au Brésil, et en particulier son commentaire d'Aparecidad 2007 devant les représentants du CELAM.

Le Salvadorien Jon Sobrino, attentif néanmoins à la position que prendra François face au capitalisme international, écrivait en juin "sentir le vent du changement, celui que l’on respirait à l’époque de Vatican II".

Le prêtre péruvien Gustavo Gutierrez partage cet espoir. En 2004, il co-signait avec l’archevêque allemand Gerhard L. Müller un ouvrage sur la pauvreté. Lequel déclarait récemment qu’à son avis, "le mouvement de la théologie de la libération doit être considéré comme l’un des courants les plus significatifs de la théologie catholique du XXe siècle". Il est l’actuel préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. (source : Apic et AP)


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