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du 17 au 20 août 2013 (semaine 34)
 

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20 août 2013 - Chine
DES PRETRES FRANÇAIS A LA RENCONTRE DES CATHOLIQUES DE CHINE


Chaque année, souvent à la faveur de l’été, des prêtres français rendent visite aux communautés catholiques officielles ou souterraines. Ces rencontres se passent généralement sans encombre, sous la surveillance discrète des autorités.

« J’ai quelques adresses, on vient me chercher, par discrétion, j’enlève tous mes insignes. » Lorsqu’il part pour Pékin à la rencontre des chrétiens chinois, le P. Vincent (les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat des prêtres cités) sait que son voyage sera des plus discrets. La première année, la visite avait été plus aisée car il n’avait approché que des catholiques de l’Église officielle, affiliée à l’Association patriotique des catholiques de Chine.

Mais depuis une vingtaine d’années, son cœur se porte du côté de l’Église souterraine, une amitié nouée tandis qu’il était encore laïc et qui s’est poursuivie après son ordination. « Un grand-oncle parti en 1864 comme missionnaire est mort trois semaines après son arrivée à Shanghaï. Dans ma famille, nous avions une dette, en quelque sorte, envers lui… », sourit-il, en guise d’explication.

Depuis 1949, des prêtres de l’extérieur sont revenus ponctuellement sur le continent chinois, des Asiatiques surtout, mais aussi des Occidentaux, et parmi eux des Français. À la faveur de l’été ou d’un voyage touristique, ces prêtres et religieux répondent à l’invitation des communautés locales, souvent isolées du reste de l’Église universelle.

Les premières années, le P. Paul sillonnait le continent à la rencontre des communautés disséminées sur le territoire, animant des retraites ou des formations, mais aujourd’hui, il répond essentiellement à une demande d’accompagnement spirituel. « Les séminaires officiels comptent de plus en plus de très bons théologiens et biblistes, mais partout ils nous demandent d’évoquer l’aspect spirituel de la vie chrétienne et de la vie consacrée, observe-t-il. Les chrétiens chinois sont très demandeurs d’initiatives nouvelles. »

Le P. Benoît, qui a appris le chinois et peut désormais prêcher dans la langue locale. « Les chrétiens sont heureux d’accueillir des prêtres étrangers. Nous cherchons à leur apporter quelque chose de l’Église universelle, leur apprentissage de Vatican II n’est pas totalement achevé. »

Généreuses, ces initiatives se heurtent souvent à la barrière de la langue. Cela ne décourage pas le P. Vincent qui, lui aussi, vient soutenir la formation des séminaristes, issus de milieu rural : « Le lever est à 5 heures et l’office commence à 5 h 15. À ma table deux participants sur quatre ont connu la prison et c’est une perspective qui attend demain les séminaristes de l’Église souterraine », décrit le prêtre.

Si le clergé de l’Église souterraine risque encore l’emprisonnement, les prêtres français en visite n’encourent pas de grands risques. « Tout se sait en Chine, relève le P. Paul. Les autorités laissent faire dès lors qu’elles peuvent contrôler… Mais si un prêtre étranger en fait trop, il risque l’expulsion ou l’interdiction d’entrer sur le territoire chinois lors de sa prochaine visite. » Ce qui est arrivé à une douzaine de prêtres occidentaux ces cinq dernières années.

« Il ne faut pas partir à la conquête de la Chine, assure le P. Gilles, qui a découvert cette culture à travers l’accueil d’étudiants à Lyon. Nous avons beaucoup à recevoir d’eux. Ils ont une grande ouverture spirituelle, tous ne se disent pas chrétiens, mais certains lisent l’Évangile, vont de temps en temps à l’église, sans forcément demander le baptême. L’âme chinoise n’est pas heureuse dans la dynamique actuelle de l’argent… »

Le nombre de catholiques en Chine est aujourd’hui estimé entre 10 et 12 millions. (source : AP)

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