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du 17 au 20 août 2013 (semaine 34)
 

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20 août 2013 -
2006 ET L'ACTUALITÉ DU DISCOURS DE RATISBONNE EN ÉGYPTE

Jamais aucun pape avant Benoît XVI n'avait fait preuve d'autant de clarté et de courage dans la mise en évidence des racines de la violence dans l'islam. Après non plus. Des lectures indispensables pour décrypter la crise égyptienne.

Au Caire le discours de Ratisbonne retrouve son actualité.

En l’espace de quelques jours, c’est par dizaines que des églises, des couvents, des logements de chrétiens ont été pris d’assaut ou incendiés en Égypte. Une tragédie dans la tragédie, après le Coup d’État qui a plongé le pays du Nil dans une guerre civile qui a fait des centaines, si ce n’est des milliers, de victimes.

Toutefois "L'Osservatore Romano" du 18 août, qui a mentionné les nombreux appels à la cessation des violences, n’est pas parvenu à en citer un seul qui provienne du monde musulman. Ce silence public des guides spirituels musulmans n’est pas surprenant. Il accompagne presque tous les actes de violence politique auxquels participent des musulmans, dans une région du globe ou une autre.

C’est un silence qui ne s’explique pas uniquement par des calculs d’opportunité ou par la crainte de mesures de rétorsion. Ni par le seul fait qu’aujourd’hui, en Égypte, le principal conflit oppose deux factions musulmanes qui sont l’une comme l’autre bien décidées à mettre en œuvre par la force les préceptes de l'islam : parce que non seulement les Frères Musulmans du président déposé Mohamed Morsi conçoivent la lutte politique comme un jihad, comme une guerre sainte, mais c’est également le cas de leur adversaire Abdel Fattah Al Sisi, le général qui a été mis à la tête des forces armées par ce même Morsi qui le considérait comme le plus fidèle de tous les islamistes.

Pour retrouver la racine ultime du silence des guides spirituels musulmans face à l’explosion de la violence d’inspiration musulmane, il suffit de faire quelque chose de simple. Il suffit de relire les premiers paragraphes du discours prononcé par Benoît XVI le 12 septembre 2006 dans le grand amphithéâtre de l'université de Ratisbonne.

Les manifestations d’agressivité par lesquelles des hommes et des groupes musulmans ont réagi à ce discours ont été la tragique confirmation de la justesse de la thèse exposée par le pape Joseph Ratinzger. Selon celle-ci, la violence associée à la foi est l'inévitable produit du lien fragile qui existe entre foi et raison dans la doctrine musulmane.

Aucun pape avant Benoît XVI n’avait jamais eu la clarté de vision et le courage nécessaires pour formuler un jugement aussi net sur l'islam ou pour exprimer avec autant de rigueur la différence qui existe entre l’islam et le christianisme.Benoît XVI a été très critiqué au sein de l’Église catholique pour avoir fait preuve d’une telle audace. On l’a accusé d’avoir détruit le "dialogue" avec le monde musulman.

En réalité, deux mois à peine après Ratisbonne, le pape Ratzinger se recueillait en une prière silencieuse à la Mosquée Bleue d’Istanbul. Et il a pu accomplir ce geste –incompréhensible autrement – justement parce qu’il avait exprimé clairement sa pensée à ce sujet.

Et c’est précisément du discours de Ratisbonne qu’est né ce germe de dialogue islamo-chrétien qui a trouvé une expression dans la "lettre des 138 sages" écrite au pape par des autorités musulmanes d’orientations diverses.

A l'automne 2006, en Turquie, Benoît XVI dit clairement au monde musulman qu’il était confronté à ce même défi que le christianisme avait déjà affronté et dépassé de manière positive : "accueillir les véritables conquêtes de la philosophie des Lumières, les droits de l’homme et en particulier la liberté de la foi et de son exercice". Sur ce point encore, jamais aucun pape n’avait été aussi loin avant Benoît XVI. Et après non plus. Jusqu’à aujourd’hui.

Voici ce que le pape François a dit à propos de la guerre civile qui enflamme l'Égypte, après l'Angélus du jour de l'Assomption :

"Malheureusement des nouvelles douloureuses proviennent d’Égypte. Je tiens à assurer de ma prière toutes les victimes et leurs familles, les blessés et ceux qui souffrent. Prions ensemble pour la paix, le dialogue et la réconciliation dans ce cher pays et dans le monde entier".

"L’Évangile n’autorise pas du tout l’utilisation de la force pour répandre la foi. C’est précisément le contraire : la vraie force du chrétien, c’est la force de la vérité et de l’amour, qui implique de renoncer à toute violence. Foi et violence sont incompatibles". (source : Chiesa)


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