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du 17 au 20 août 2013 (semaine 34)
 

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20 août 2013 -
LA PAROISSE, C'EST ESSENTIELLEMENT DES PERSONNES

" La paroisse, ce n'est pas un territoire, ce n'est pas un bâtiment, car l'Église, ce sont les gens, les personnes", écrit l'archimandrite Savva, qui est né et a grandi en France, et est responsable aux affaires internes du Patriarcat de Moscou.

Ce n'est pas un homme de bureau. Il est recteur de l’église du Prophète-Élie à Moscou, dans un quartier en pleine renaissance religieuse.

Sa réflexion peut éclairer ce qui est une situation actuelle difficile à vivre en France où l'église comme signe de l'Église au coeur de la vie, au centre d'une localité, d'un quartier, d'un village tend à disparaître voire à être démolie.

Pour l'historien Philippe Boutry, les nombreuses démolitions d'églises en France entraînent une "grave déperdition de sens pour le village français"... "La présence même de l'église au coeur du village devient problématique" écrit-il dans l'hebdomadaire "Le Point" , le 13 août.

Président de l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, il est l'auteur du texte "Le clocher" dans Les lieux de mémoire. Il estime que la vague de démolition d'églises en France s'explique par un "désengagement spirituel" et est le symptôme d'une mutation profonde, qui met à mal le tissu social.

On a assisté par ailleurs à la disparition d'une autre réalité collective, voire communautaire, dans la gestion ce que que l'on appelle les "ADAP"

Certains voulaient conserver un communautaire de prière, s'inspirant des liturgies des "présanctifiés". D'autres voulaient maintenir un rituel liturgique sur le schéma de la messe et ce, dans des lieux différents, our ne pas faire disparaître le sens de la messe.

Le coeur d'un village en a perdu le rythme dominical quand il ne fut plus possible de se retrouver chaque dimanche dans le lieu de la vie courante.

Il y a eu là une destruction d'une partie de la mémoire collective des Français. On a assisté à ce qu'une sociologue française des religions, Danièle Hervieu-Léger, a appeleé l'exculturation du catholicisme français.

Depuis les années soixante, tout ce qui faisait la puissance et la substance du catholicisme rural s'est en grande partie effondré. La place du village désertée le dimanche en l'absence d'un édifice, déserté par les fidèles.

Ce n'est pas seulement le paysage du village français qui est menacé. C'est le "paysage" spirituel de l'Église locale. " La crise de la mémoire que nous traversons, et qui met gravement en péril les "lieux de mémoire" spirituelle qui nous ont été légués, est une crise d'intelligibilité collective.

Pour Philippe Boutry, elle entraîne en effet une grave déperdition de sens en ce début du troisième millénaire.

Ce n'est pas un guide qui y promène un groupe comme dans un musée, qui reconstituera l'Église.

Ce n'est pas un problème simple à résoudre, car, fait encore ermarque Philippe Boutry, il etest inséparable d'autres facteurs de mutation rapide des sensibilités rurales comme l'affaiblissement des contraintes sociales et familiales et des réflexes communautaires, la mobilité accrue des propriétés et des personnes, la sécularisation, la privatisation et l'individuation des conduites et des pratiques individuelles et collectives".

Et là, il rejoint les préoccupations des réalités vécues par l'archimandrite dans un quartier de Moscou, et par le curé d'une "paroisse" dont la communauté est dispersée dans des blocs d'immeubles de 20 étages. (source : AP)

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