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du 30 août au 2 septembre 2013 (semaine 35)
 

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2 septembre 2013 -
UN TEL MUSÉE PEUT-IL SE CONCEVOIR EN ISLAM

Un État musulman, plutôt rigoriste et conservateur, peut-il accepter que n'importe quelle oeuvre soit exposée sur son sol qu'il s'agisse de nus ou de scènes relatives à une autre religion que l'islam; comme le christianisme ou le judaïsme

Plusiers critiques ont été faites au Louvre d'Abou Dhabi alors qu'il était officiellement lancé en 2007 par le biais d'un accord entre le gouvernement français et celui de l'émirat, le futur musée, d'un coût estimé à 90 millions de dollars. Ces critiques ont étévirulentes en France.

Nombre de personnalités, dont Françoise Cochin, l'ancienne directrice du musée d'Orsay, y ont vu un manquement à l'éthique des musées. Abou Dhabi est en effet capable, de par sa puissance financière, d'acquérir pour son compte, et par le biais des conseils de l'Agence France Museums, des oeuvres convoitées par le Louvre parisien ou d'autres musées français voire occidentaux.

Dans le même temps, nombreux ont été les commentateurs qui se sont interrogées, parfois non sans ironie, sur la capacité d'un État musulman, plutôt rigoriste et conservateur, à accepter que n'importe quelle oeuvre soit exposée sur son sol et cela qu'il s'agisse de nus ou de scènes relatives à une autre religion que l'islam.

A ce jour, le chantier du musée conçu par l'architecte français Jean Nouvel avance au ralenti et l'inauguration a été repoussée à 2015 en raison des conséquences de la crise financière de 2010 qui a obligé Abou Dhabi à se porter au secours de son voisin Dubaï menacé par une faillite retentissante. Une pause qui n'a pas freiné le rythme des acquisitions pour le futur musée et cela sans que cela ne génère de nouvelles critiques.

Ouverte temporairement, une exposition permet au visiteur d'admirer quelques pièces rares dont le Portrait de Dame de Picasso (1928) ainsi que plusieurs tableaux de Gauguin.

Mais ce qui attire immédiatement l'attention c'est l'espace dédié au sacré. Au même endroit et sous verre, sont présentées des références aux trois religions monothéistes. Y figure ainsi une section d'un Coran du 13e siècle, un exemplaire du Pentateuque, la Torah, découvert à Sanaa, au Yémen, en 1804, ainsi qu'une petite sculpture en ivoire d'éléphant datant du 14e siècle et représentant une scène de la vie du Christ.

Dans la même pièce, sont aussi exposées une sculpture religieuse soninké (1228), une statue en bois du Christ montrant ses plaies (1515) et un Shiva dansant en bronze du X° siècle. « Tout cela peut paraître normal aux yeux d'un visiteur occidental mais pour nous autres émiratis, c'est une révolution silencieuse, confie Ahmed D., un homme d'affaires d'Abou Dabi présent sur les lieux et accompagné de ses deux enfants.

Normalement, une telle représentation est interdite. Tout ce qui touche aux deux autres religions monothéistes ne doit pas être exposé et je ne vous parle même pas de Shiva que beaucoup de personnes peuvent prendre, par ignorance, pour une divinité antéislamique ! ».

Une telle option oecuménique reste très rare dans les pays du Golfe. C'est ainsi que les visiteurs peuvent y découvrir La Vierge à l'enfant de Giovanni Bellini, Le Bon Samaritain de Jacob Jordaens, Le voyage de Jacob de Jacopo Bassano, L'évanouissement d'Esther de Jean-François de Troy et Le Christ chassant les marchands du Temple de Luca Giordano.

Autant de signes d'ouverture mais qui amènent à s'interroger sur la manière dont ces oeuvres pourront ou pas être décryptées et restituées dans leur contexte religieux. « Pour aller jusqu'au bout de la démarche, il va falloir que l'émirat investisse en matière d'histoire de l'art à l'école », admet un officiel pour qui le Louvre Abou Dabi sera « une ouverture sur le monde » pour les émiratis et autres ressortissants du Golfe. (source : FR-expert)


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