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du 1 au 4 décembre 2013 (semaine 49)
 

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04 décembre 2013 -
L'ÉVANGÉLISATION N'EST PAS LE PROSÉLYTISME

Le 14 novembre dernier, Mgr Thomas Menamparampil, a mis en garde les chrétiens de l’Inde et des autres pays contre un « prosélytisme loin des valeurs de l’Evangile » qui peut attiser les tensions interreligieuses et provoquer des persécutions.

Le responsable du Bureau pour l’Evangélisation de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC),prenait la parole lors de la cérémonie l’instituant docteur Honoris Causa en missiologie à Rome.

« Si nous sommes persécutés à cause de notre imprudence, de notre arrogance institutionnelle, ainsi que de notre manque d’insertion culturelle, nous ne devons pas nous considérer comme des martyrs, a ainsi déclaré l'ancien archevêque de Guwahati. L’opposition qui se déclenche alors, n’est pas dirigée contre Jésus ou son message. Elle est dirigée contre l’impression négative transmise par les chrétiens, c’est-à-dire contre ceux qui sont associés au message évangélique. »

Il venait de se voir attribuer cette distinction honorifique pour son action menée en faveur de la réconciliation interethnique et de la paix religieuse, en particulier dans les régions troublées du Nord-Est de l’Inde.

Il avait centrée son allocution autour de la phrase de saint Paul « J’ai un devoir envers tous les peuples de la terre », (Rom I,14). Le prélat salésien a commenté l’évangélisation « respectueuse » qui avait guidé l’Apôtre des gentils, le poussant « à annoncer la Bonne Nouvelle (...) en tenant compte du contexte culturel et ethnique de chaque peuple ». Il existe « une pédagogie spéciale dans le domaine de la transmission de la foi hors de sa propre culture ».

S’appuyant sur son expérience dans les zones difficiles du Nord-Est de l’Inde où il a œuvré pendant près de 50 ans, jouant un rôle de médiateur reconnu dans les conflits intertribaux et interreligieux tout en y assurant un remarquable essor du christianisme, l’archevêque a insisté sur le fait que l’annonce de la Bonne Nouvelle devait se faire avec humilité et tolérance.

Il faut tisser des liens fraternels, exempts de préjugés, même s’il faut des ‘passerelles’ intellectuelles pour communiquer le message de l’Evangile. Ces ‘passerelles’ affectives sont tout aussi importantes, sinon davantage », a t-il expliqué.

Particulièrement attaché à la préservation de l’identité culturelle des peuples aborigènes, le prélat salésien a également souligné l’importance de la guérison de la mémoire collective.

Cette attitude de tolérance et de compréhension, a-t-il expliqué, ne doit pas pour autant « éteindre l’ardeur évangélique et missionnaire ». Bien au contraire, celle-ci doit sous-tendre toute la vie du chrétien, lequel doit « avoir la prudence du serpent », mais ne jamais pécher par pusillanimité ou manque d’audace.

« Le missionnaire doit être une personne d’une spiritualité profonde et d’une intense activité dans le travail ; son intimité avec le Christ doit être de telle nature que sa compassion doit déborder. car l’Evangile, a-t il poursuivi, ne peut être communiqué de façon authentique que s’il révèle le visage humain du Christ et fait sien son message profond de miséricorde et de compassion envers le prochain ».

Le modèle du missionnaire, a-t-il conclu, est « celui qui conserve en lui une part de l’agonie propre à toute l’humanité et que le Christ a montrée à Gethsémani ».

Il est à relever qu'à la tête de ses équipes du "Joint Peace Team of Northeast India" qu’il créé, Mgr Menamparampil a notamment été à l’origine de la signature d’accords de paix entre les musulmans et les Bodo (2009), les Karbi et les Kuki (2003), les Kuki et les Paite (1998), les Bodo et les Santal (1996), ou encore les Dimasa et les Hmar. Il a régulièrement été appelé à faire part de son expérience, aussi bien dans d’autres Etats indiens en butte aux mêmes difficultés qu’à l’étranger. (source : Mepasie)


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