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Du 7 au 10 décembre 2013 (semaine 50)
 

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10 décembre 2013 - Centrafrique
DEUX TÉMOIGNAGES
SUR LES RÉCENTS ÉVÉNEMENTS

Au moment où les troupes françaises et celles de la mission africaine en Centrafrique (MISCA) ont commencé à prendre le contrôle des rues, aucun affrontement de grande importance n’est plus signalé, nous revenons sur plusieurs témoignages.

Il s'agit d'abord de ceux qu'ont donné deux missionnaires carmes qui oeuvrent dans le pays. Le premier est celui du Père Federico Trinchero, de la mission du Carmel de Bangui.

Concernant les événements du 6 décembre, le Père Trinchero raconte que « la nuit a passé plus ou moins tranquillement. Mais vers 6h00, les tirs ont repris dans les quartiers, maison par maison. Les habitants du voisinage sont arrivés en masse à la mission du Carmel : environ 2.000 personnes. Chez nous, on compte cependant seulement un blessé. Nombreux sont les enfants.

Dans l’église, plus de 350 personnes ont trouvé refuge. Les autres se trouvent dans les petites maisons et dans la cour située entre l’église et le réfectoire. Certains enfants sont malades notamment à cause de la pluie qui tombe depuis cette nuit et qui semble vouloir cesser seulement maintenant – à 11h00.

Nous tentons actuellement de donner quelque chose à manger à tout ce monde. Mais ce sera difficile parce que nous ne pouvons absolument pas sortir pour faire des achats. Nous avons déjà vidé le jardin et le poulailler. Nous pouvons tenir encore pendant une journée mais pas plus parce que nous ne prévoyions pas de devoir donner à manger à 2.000 personnes ».

Le deuxième témoignage est celui du Père Aurelio Gazzera, qui œuvre à Bozoum, dans le nord-est du pays. Il indique que le 5 décembre « a constitué une journée relativement calme jusqu’à 19h00 lorsque un certain nombre de tirs ont résonné en ville. Par conséquent, à 19h30, environ 300 à 400 personnes se sont rendues à la mission afin de passer la nuit dans les locaux paroissiaux où elles se sentent en sécurité ».

Au matin du 6 décembre, poursuit le missionnaire, « chacun est retourné à son domicile et nous avons pu tenir les cours dans les écoles même si la moitié des élèves était absente ».

Le Père Gazzera indique enfin avoir cherché l’imam mais ne pas l’avoir trouvé et avoir vu différents « musulmans et fulanis avec des machettes et des couteaux, prêts à se défendre contre une éventuelle vengeance des antibalakas – qui se trouvent dans les environs. La population locale, en voyant les musulmans armés, a encore plus peur ».

Le troisième témoignage est celui de la Caritas internationals. "L’ensemble du pays est terrorisé", indique le Père Anicet Assingambi de la paroisse Saint Charles de Lwanga, dans le nord de Bangui. Des dizaines de milliers de personnes ont trouvé refuge dans les églises, à Bangui et dans tout le pays.

"Plus de 5000 personnes se trouvent dans les édifices paroissiaux. Une femme m’a raconté avoir vu son frère touché par un tir de fusil. Tous les hommes qui sortent dans la rue sont pris pour cible. Le corps d’un homme gît dans la rue hors des locaux paroissiaux mais il est encore trop dangereux de s’aventurer à l’extérieur pour le prendre en charge".

"Nous n’avons rien à donner à ces personnes", déclare le Père Assingambi. "Leurs maisons ont été mises à sac. Ils pleurent leurs morts. Leurs enfants pleuraient lorsqu’ils sont arrivés à l’église. Nous chantons des hymnes et des prières pour tenter de les calmer. Nous n’avons jamais rien vu d’aussi mauvais. Nous nous en remettons à Dieu. Priez pour nous".

Les collaborateurs de la Caritas sont dans l'impossibilité d’atteindre les personnes se trouvant dans le besoin. A Bossangoa, dans le nord du pays, la Caritas craint pour la sécurité de près de 40.000 personnes se trouvant dans les environs de la mission catholique et de 1600 autres réfugiées dans une école. Des dizaines de milliers de personnes ont trouvé refuge dans les églises. Le bilan des victimes des affrontements entre les milicesd'auto-défense anti-balaka, formées de paysans chrétiens, et les rebelles de la Seleka, qui se revendiquent musulmans, s'élève à plus de 300 morts. (source : Fides)

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