Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho

du 7 au 10 janvier 2014 (semaine 01)

 

-
10 janvier 2014 - Russie
LE BAPTEME DES ENFANTS NÉS DE "MÈRES-PORTEUSES"

L’Église orthodoxe russe a adopté fin décembre un texte « sur le baptême des nourrissons nés avec l’aide de “mère porteuse” ». La gestation pour autrui (GPA), autorisée par la loi, se développe en Russie. On en discute en France.

En Russie, le code de la famille permet, depuis 1995, de recourir à la maternité de substitution. Cela a fait naître un commerce très lucratif, décuplé par l’essor de sites Web traduits en plusieurs langues. Des couples originaires de pays aux législations plus restrictives y louent les services d’une mère porteuse, moyennant plusieurs dizaines de milliers d’euros. Ce phénomène a conduit l’Église russe à s’interroger sur « l’attitude pastorale » découlant de ces pratiques.

Évoquant les difficultés liées à l’infertilité, les évêques russes insistent sur la « compassion » due aux couples concernés, que les prêtres sont invités à soutenir dans leur démarche d’adoption et même pour « s’adresser au médecin afin de traiter la stérilité ».

L’orthodoxie russe manifeste en cela une position plus pragmatique que celle exprimée par l’Église catholique dans l’instruction Donum vitae (1987), qui déclare non licite la fécondation artificielle, même dans le cadre du couple. L’Église russe considère ici comme « admissible » une « fécondation artificielle des cellules germinales du mari » dans la mesure où elle n’entrave pas l’intégrité de l’union conjugale (là où l’Église catholique y voit une dissociation) et dans la mesure où la fécondation n’implique pas la production d’embryons surnuméraires qu’il faudra détruire ensuite.

En revanche, le Patriarcat de Moscou réitère son rejet de toute « maternité de substitution », soulignant le « danger social » associé à « un changement radical » dans la conception de la nature humaine.

Conscients que « l’enfant n’est pas coupable », les évêques du Saint-Synode soulignent toutefois qu’en l’absence de repentir explicite des parents, l’éducation chrétienne du futur baptisé n’est pas garantie, d’où le choix, soit de proposer aux parents une rectification de leur position à travers le sacrement de la pénitence, soit de « différer » le sacrement du baptême.

« Nous ne disposons pas d’un texte équivalent », commente la moraliste catholique Véronique Margron, qui trouve intéressante cette prise en compte de « la complexité des situations » , même si elle juge le chapitre sur le baptême quelque peu « casuiste ». « Le droit ne sait plus traiter l’exception », dit cette théologienne, sœur dominicaine, professeur de théologie morale à la Faculté de théologie de l’UCO-Angers dont elle a aussi été le doyen de 2005 à 2010.

« Cette question commence à être discutée par les évêques, souligne le P. Philippe Marxer, directeur adjoint du Service national de la catéchèse et du catéchuménat, mais il n’existe pas de prise de position officielle. La tendance est plutôt d’accueillir tous les parents et de leur proposer une démarche de foi, assortie d’une pédagogie de l’initiation, avant de baptiser leur enfant. Cette exigence vaut pour toutes les familles. » Une pédagogie que l’Église orthodoxe russe cherche à déployer à sa façon. (source : Mos-pat et UCO)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil