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du 07 au 09 février 2014 (semaine 06)
 

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9 février 2014 - Malaisie
UN PAYS MULTIRACIAL ET MULTICULTUREL


Adepte d’un islam en prise avec la modernité, Nurul Izzah, membre du Parlement, affirme que la Malaisie ne saura affronter les défis du temps présent que si elle se montre capable de dépasser les divisions ethniques et religieuses.

A un mois du jugement qui doit statuer définitivement sur l’usage du mot ‘Allah’ par les chrétiens, les autorités maintiennent la pression sur l’Eglise catholique. "Églises d'Asie" édité par les Missions Étrangères, a consacré deux études de référence, dont nous vous donnons ici quelques extraits. Vous pouvez en prendre connaissance dans leur intégralité par le lien cité au bas de cette fiche.

Le 22 janvier 2014, à Kuala Lumpur, Nurul Izzah a accordé une interview exclusive à Eglises d’Asie pour répondre aux questions que soulève la polémique sur l’usage du mot ‘Allah’ par les chrétiens de langue malaise dans ce pays.

" Tous les pays dans le monde, dit-elle, connaissent des lignes de fractures. En Malaisie, celles-ci passent par les facteurs religieux et raciaux. Dans notre environnement politique, la séparation des pouvoirs, telle qu’elle est pourtant inscrite dans la Constitution, ne fonctionne pas correctement en ce sens où l’exécutif domine les pouvoirs législatif et judiciaire.

" Cela amène des questions telles que l’usage du mot ‘Allah’ par les musulmans et les chrétiens, à se transformer de manière assez étonnante en sujets de controverse. Dans n’importe quel autre pays connaissant une cohabitation entre des musulmans, des chrétiens (catholiques ou protestants), et par exemple des bouddhistes, un tel sujet ne revêtirait pas un caractère polémique. En Malaisie, c’est pourtant le cas.

Pour comprendre cette spécificité malaisienne, il faut revenir en arrière, à notre histoire. Je n’ai pas une grande expérience dans le dialogue avec les autres religions. Je suis une musulmane pratiquante et c’est tout ! Mais tout ce en quoi je crois inspire mon travail, et les responsabilités qui sont les miennes s’exercent au sein d’un parti politique multiracial et pluri-religieux.

Malheureusement financés par le gouvernement, les bureaux chargés de gérer les affaires islamiques sont des bureaucraties enfermées dans le passé. Or, dans le monde d’aujourd’hui, les jeunes vont sur Internet chercher l’information, communiquent en réseaux. Nous devons être capables d’engager le dialogue avec les autres religions. Or, ce que je constate, poursuit Nurul Izzah, c’est que ces bureaux officiels se cantonnent dans ce qui est le plus facile pour eux, i.e. dire ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, mais ils ne vont pas plus loin.

Si cette polémique autour du mot ‘Allah’ se développe tant, la faute leur incombe donc, mais en partie seulement car c’est aussi notre faute à nous, musulmans, si nous ne nous montrons pas capables d’être à la hauteur des défis et des besoins du temps présent.

A ces groupes ou à ces personnes qui prônent l’interdiction du mot ‘Allah’ par les chrétiens, nous disons qu’ils ne peuvent se retrancher derrière cet interdit pour justifier ou camoufler leurs manquements, leur échec à expliquer ce qu’est l’islam, leur incapacité à faire ce qui aurait pourtant dû être leur travail.

Je comprends parfaitement que les chrétiens, qui dans ce pays ont déjà le sentiment de vivre comme des citoyens de seconde classe, ressentent très négativement ce qu’ils perçoivent comme une manœuvre visant à restreindre leur liberté de religion. Mais mon message à leur intention serait celui-ci : « Ne cherchez pas à répondre ou à rendre coup pour coup. »

Mais nous nous battons pour changer le système. La route est longue certes, et il faut faire preuve de patience. Avant les élections générales de l’année dernière, certains avaient suggéré de mettre sur pied une Commission ‘Vérité et Réconciliation’, sur le modèle sud-africain. Je ne pense pas que nous ayons nécessairement à aller jusque-là maintenant, mais il est certain que chacun dans ce pays doit légitimement se sentir chez lui. Arrêtons de considérer [les non-Malais] comme des étrangers à ce pays.

L'intégralité des deux documents est disponible sur "Églises d'Asie" (source : Mepasie)


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